"Les Olympiades", la critique express : le polyamour pour les nuls par Jacques Audiard, une déception

Jérôme Vermelin, à Cannes
Publié le 15 juillet 2021 à 14h49, mis à jour le 15 juillet 2021 à 15h02
Noémie Merlant et Makita Samba dans "Les Olympiades"
Noémie Merlant et Makita Samba dans "Les Olympiades" - Source : Memento

COUP DE GRIFFE – En filmant les amours de quatre jeunes d’aujourd’hui dans le XIIIe arrondissement de Paris, Jacques Audiard signe une "rom-com" convenue où le noir et blanc semble avoir gommé toutes les tensions de la société française. Utopique mais surtout totalement à côté de la plaque.

Avouons-le tout de suite : s’il n’y avait pas le nom de Jacques Audiard au générique, Les Olympiades serait reçu bien différemment. Peut-être même que le film n’aurait pas été retenu dans la compétition pour la Palme d’or. Sauf que le Monsieur a dans son CV des chefs-d’œuvre du cinéma français contemporain – au hasard Sur mes lèvres, De battre mon cœur s’est arrêté et bien sûr Un Prophète, prix du jury à Cannes. Bref, lorsqu’on a découvert les premières images de cette rom-com contemporaine, tournée dans le quartier du XIIIe arrondissement qui lui donne son titre, notre curiosité a été piquée un peu, beaucoup, passionnément. La déception n’en est que plus grande. 

Inspiré des comics de l’auteur américain Adrian Tominey, Les Olympiades raconte les amours de quatre jeunes gens d’aujourd’hui. Employée dans un call center, Emilie tombe raide dingue de Camille, son nouveau coloc, un tombeur qui "compense sa frustration professionnelle par une activité sexuelle intense". Nora, elle, débarque à Paris pour fuir une histoire douloureuse et va croiser la route de ces deux-là tout en nouant une relation virtuelle inattendue avec une travailleuse du sexe. Ils sont beaux, ils sont tristes, ils ont le sens de la répartie. Et puis c’est tout.

Le premier problème du scénario pensé par Jacques Audiard, Céline Sciamma et Léa Mysius, c’est qu’il est dénué de tout véritable enjeu dramatique, sinon de savoir qui va coucher avec qui et quand. Vous me direz que c’est le pitch d’à peu près 99% des films du genre. Sauf qu’on pouvait espérer davantage de tension et de finesse dans la description du désir qui, supposément, circule entre les personnages. Désolé mais lorsqu’on a encore en tête la rencontre brûlante entre l’héroïne de Julie en 12 chapitres et son futur amant, la comparaison est cruelle. Écrire à six mains "Le polyamour pour les nuls", c'est bien gentil. Mais ça ne fait pas un bon film.

Le plus gênant, au fond, c’est que Les Olympiades s’évertue à véhiculer la vision utopique d’une France où tout le monde s’aimerait par-delà les déterminismes ethniques, sexuels ou professionnels. Sans doute un rêve pour les plus progressistes d’entre nous. Mais un rêve, hélas. Ici personne n’est désigné par sa couleur de peau. Personne n’est ostracisé pour ses croyances. Personne ne fait de blagues douteuses. La mixité est partout et la misère n’existe plus. Et lorsqu'on est victime de harcèlement en ligne à la fac, on trouve aussitôt du boulot dans une agence immobilière parce que "ça bouge dans le quartier !". Si c’était un film d’anticipation, pourquoi pas. Mais en l’état c’est à peine plus crédible qu’un épisode d’Emily in Paris. En moins drôle.


Jérôme Vermelin, à Cannes

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