Festival de Cannes

Cannes 2023 : faut-il craquer pour la "Jeanne du Barry" de Maïwenn avec Johnny Depp ?

Publié le 16 mai 2023 à 8h00, mis à jour le 16 mai 2023 à 9h42
JT Perso
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Source : TF1 Info

Film d’ouverture du 76e Festival de Cannes, "Jeanne du Barry" sort ce mardi dans toute la France.
Actrice et réalisatrice, Maïwenn s’est donnée le rôle de la dernière favorite du roi Louis XV incarné par Johnny Depp.
Verdict ? Une comédie romantique en costumes un peu sage, mais qui profite de l’alchimie entre ses deux vedettes.

La simple présence de Johnny Depp au générique aurait suffi à faire de Jeanne du Barry un événement. Et puis il y eu cette plainte déposée le mois dernier par le journaliste Edwy Plenel contre Maïwenn, suite à une altercation dans un restaurant parisien. Le fait que l’actrice et réalisatrice au caractère bien trempé ne s’en excuse pas, lors de son passage la semaine dernière dans Quotidien, renforce le parfum de soufre qui entoure le film d’ouverture du 76ᵉ Festival de Cannes.

Si la Croisette raffole des scandales hors caméras, elle sait aussi être impitoyable avec le travail des cinéastes. Sera-t-elle clémente avec Jeanne du Barry ? Sur le papier, le choix de présenter ce drame historique hors compétition pouvait interroger. Encore en montage il y a quelques jours, Maïwenn et ses producteurs ont peut-être préféré jouer la prudence. Et s’appuyer sur le tapis rouge cannois pour médiatiser la sortie du film en salles le même jour dans toute la France. 

Louis XV en mode rock star fatiguée

À l’écran, Maïwenn joue donc Jeanne Bécu, la dernière favorite du roi Louis XV, une femme à la réputation sulfureuse qui a déjà fait l’objet d’une dizaine de longs-métrages, dont plusieurs à Hollywood à l’époque du muet. Mais qui reste un personnage en marge dans la grande Histoire de France au cinéma. Chez nous, Christian Jacque confia le rôle en 1954 dans Madame du Barry à Martine Carol, la plus grande star de l’époque. Plus près, elle est apparue sous les traits de l’actrice italienne Asia Argento dans le très pop Marie-Antoinette de l’Américaine Sofia Coppola.

En 2023, la Jeanne de Maïwenn est une fille du peuple, renvoyée du couvent lorsque les bonnes sœurs découvrent sa passion pour la littérature érotique. Puis congédiée par ses bienfaiteurs quand ils la retrouvent dans le lit de leur fils. Elle s’installe alors à Paris où elle devient une "prostituée mondaine", fréquentant la noblesse dissolue de l’époque. Jusqu’à ce jour de 1768 où son amant, le comte du Barry, décide de la présenter à Louis XV, espérant s’attirer les faveurs du souverain. La rencontre donnera naissance à une histoire d’amour qui va scandaliser la cour.

Why Not Productions

Pour cette incursion inédite dans le film d’époque, Maïwenn a soigné la forme, d’un château sublimé par la lumière du chef opérateur Laurent Dailland aux costumes splendides de Jürgen Doering. Le spectateur a beau avoir vu et revu les dorures de Versailles sur grand écran, c'est un bonheur d'arpenter ce lieu chargé d'Histoire, de la chambre à la salle de bal. Son guide dans cet univers codifié à l'extrême, c'est Jeanne, héroïne sans gêne qui envoie valser les usages et les bonnes mœurs dans un subtil mélange de provocation et de passion véritable. Ce qui nous amène au cœur vibrant du film : la rencontre avec Louis XV.

En regardant la bande-annonce, difficile ne pas sourire en entendant Johnny Depp dire "Je vous aime". Phénomène curieux : tout malaise disparaît à sa première apparition. On sait aujourd’hui que le Pirate des Caraïbes n’était pas le premier choix de réalisatrice. On a même dit que leurs relations ont été plutôt fraiches sur le tournage. Et pourtant, leur alchimie est bien réelle. L’acteur américain joue son roi comme une rock star fatiguée, ragaillardi par la présence d’une ingénue à qui tout le monde prête les plus basses intentions. Leurs regards complices puis tragiques en disent davantage que de beaux dialogues.

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Ce casting de choc suffit-il à faire de Jeanne du Barry le grand chef-d'œuvre de Maïwenn ? Pas tout à fait. De mémoire, on avait été plus secoué par l’électrisant Polisse, prix du jury à Cannes. Ou déstabilisé par le troublant Mon Roi qui avait valu le prix d’interprétation à Emmanuelle Bercot. Bien plus sage, peut-être trop appliqué, son nouveau film manque d’un grain de folie, quelque part, pour qu’on se retrouve tout chamboulé à la fin de la séance. Ce qui ne veut pas dire qu’on en ressort déçu non plus. C’est en tout cas son film le plus accessible, promis à un joli succès en salles si toutes les planètes sont alignées.

Loin de chercher le scandale à tout prix – on y revient – Maïwenn propose une comédie romantique improbable, dans un environnement qui nous est familier. Mais qu’on redécouvre sous le prisme d’une femme jamais à sa place parce que trop précoce, trop moderne, trop libre, trop tout. Certains y verront un autoportrait à peine voilé et ils auront raison puisque l’intéressée l’avoue elle-même en interview. Comme si Versailles était la métaphore d’un cinéma français qui lui a emprunté son goût du luxe et des jeux de pouvoir. Son ridicule. Et ses passions.

>> Jeanne du Barry de Maïwenn. Avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe. 1h56. En salles ce mardi


Jérôme VERMELIN

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