Harrison Ford sans voix, Carla Bruni aérienne et Sean Penn énervé... Ce qu'il ne fallait pas manquer à Cannes

Au lendemain de la montée des marches de Indiana Jones et le cadran et de la destinée et de la remise d’une Palme d’or surprise pour l’ensemble de sa carrière, Harrison Ford s’est présenté en conférence de presse en compagnie du réalisateur James Mangold et de ses partenaires à l’écran. Le dernière étape d'une tournée promo bien remplie.

Interrogé sur l'accueil enthousiaste du Grand Théâtre Lumière, l'octogénaire a eu du mal a trouvé ses mots, presque étranglé par l'émotion. "C'était indescriptible. Je me suis senti... Je ne peux même pas vous dire, je veux dire, c'est juste extraordinaire de voir cette relique, cette vie qui passe, passe, a-t-il avoué. Mais la chaleur de cet endroit, la chaleur de cet endroit, le sens de la communauté, l'accueil est inimaginable. Et cela me fait du bien."

Reste que si le cinquième volet des aventures de l’archéologue au chapeau est teinté de nostalgie, son interprète n’en éprouve aucune. "Je ne me retourne pas en me disant : j'aimerais redevenir ce gars que j'étais, car ce n'est pas le cas, a-t-il confié aux journalistes. J'aime prendre de l'âge, c'était très bien d'être jeune mais, bon sang, je pourrais être mort, je suis juste vieux !"

C’est un homme de conviction dont les coups de gueule sont légendaires. En conférence de presse pour défendre Black Flies, le film de Jean-Stéphane Sauvaire où il incarne un urgentiste new-yorkais, l’acteur américain Sean Penn s’est prononcé sur le sujet qui inquiète tout le monde à Hollywood : la grève des scénaristes.

"Je dirais que l'industrie bouleverse les auteurs, les acteurs et les réalisateurs depuis très, très longtemps. Alors, vous savez... mon soutien total va à la guilde des scénaristes dans cette situation, bien sûr. Il y a beaucoup de nouveaux concepts qui sont lancés, vous savez, y compris l'utilisation de l'Intelligence Artificielle", s'est-il inquiété.

"La première chose à faire est de changer la guilde des producteurs et de la dénommer de la manière dont elle se comporte : la guilde des banquiers, a ironisé Sean Penn. Il est difficile pour tant de gens, tant d'auteurs et tant de personnes dans l'ensemble de l'industrie de ne pas pouvoir travailler pendant cette période. Je suppose qu'il s'agit d'une sorte d'examen de conscience et qu'il faut voir quel côté résiste le mieux."

Présidente du jury en 2018, l’actrice australienne était de retour ce vendredi pour présenter The New Boy, le nouveau film de Warwick Thornton, Caméra d’or en 2009 avec Samson & Delilah. Ou l’histoire d’un enfant aborigène touché par la grâce, au sein d’un monastère géré par une nonne incarnée par la star aux deux Oscars. Applaudie par le public d’Un certain regard, cette dernière a pris sous son aile Aswan Reid, son jeune partenaire à l’écran…

La dernière fois qu’un cinéaste nous avait raconté l’horreur de la Shoah à Cannes, c’était le Britannique Laslzlo Némès avec Le fils de Saul, Grand prix du jury en 2015. Son collègue britannique Jonathan Glazer décrochera-t-il la récompense suprême avec The Zone of Interest ? Cette adaptation glaçante du roman éponyme de Martin Amis nous fait découvrir le quotidien de Rudolf Höss, le commandant en chef d’Auschwitz, et de sa petite famille. Leur demeure jouxte l’horreur. Et ils mènent leur petite vie comme si de rien n’était. Notre critique est à lire ici.

On le doit à Carla Bruni, l’ex-Première Dame qui s’est rappelée aux bons souvenirs de ses jeunes années de mannequinat. Une robe à bustier argenté qui lui a donné une silhouette aérienne sur le tapis rouge de The Zone of Interest, le film de Jonathan Glazer qu’elle est venue découvrir sans son mari. Il faut dire qu’on le voyait mal débarquer sur la Croisette au regard de ses derniers déboires judiciaires…

L’événement que tout le monde attend, c’est la première mondiale de Killers of The Flower Moon, le nouveau film de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro. Les places se sont arrachées pour ce film noir inspiré du best-seller du même nom qui raconte l’histoire vraie du meurtre d’Amérindiens sur fond de guerre pour le pétrole. Avec la perspective d’un nouveau tapis rouge historique, après celui dédié à Harrison Ford jeudi. 

Du côté de la compétition, on va découvrir Banel et Adama, le premier film de fiction de la jeune réalisatrice sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Cette histoire d’amour en milieu rural a tellement séduit les organisateurs qui l’ont propulsé directement dans la course à la Palme. Au menu également May, December, le nouveau Todd Haynes avec Julianne Moore et Natalie Portman, venue en reconnaissance sur les marches vendredi.