Johnny Depp contesté, Michael Douglas acclamé… Ce qu’il ne fallait pas manquer à Cannes

Il est venu, il a été vu… Mais a-t-il vaincu ? Johnny Depp a fait son retour sur la Croisette, mardi soir, invité américain de Jeanne de Barry de Maïwenn, un film d'époque un peu sage, mais plutôt bien accueilli dans l'ensemble. Sans surprise, le Pirate des Caraïbes était l’attraction de la première montée des marches du 76ème Festival de Cannes. Un an après sa victoire contre Amber Heard à l'issue du procès qui a défrayé la chronique, ce tapis rouge marquait son grand comeback dans le monde du cinéma.

Au pied des marches, l’acteur bientôt sexagénaire est arrivé vêtu de noir, lunettes de soleil sur le nez. Il a enchaîné les selfies et les autographes avant de rejoindre sa réalisatrice et l’équipe du film. Business as usual ? Pas tout à fait. Quelques heures avant ce rendez-vous hyper médiatisé, Libération avait publié une lettre ouverte d’un collectif d’actrices reprochant à la manifestation de "dérouler le tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent". 

Une allusion à peine voilée à Johnny Depp, puisque son ex-épouse a maintenu ses accusations de violences conjugales. Mais aussi à Maïwenn, contre laquelle le journaliste Edwy Plenel a porté plainte suite à une agression dans un restaurant parisien au début du printemps. Le patron de Mediapart est revenu sur l’affaire dans la soirée dans un entretien explosif accordé à la revue professionnelle Variety, l'accusant de lui avoir "craché dessus".

Si Johnny Depp ne fait pas l’unanimité, un autre acteur américain s’est lui attiré tous les suffrages hier à Cannes. Venu recevoir une Palme d’honneur des mains d’Uma Thurman, l'immense Michael Douglas a eu droit à une standing ovation de la part du public du Palais des Festivals, sous le regard attendri de son épouse Catherine Zeta Jones et de leur fille Carys.

"Je prends un peu d'âge", s’est amusé l'acteur américain de 78 ans en chaussant ses lunettes. "En regardant mes 55 ans de carrière, je me suis demandé comment j'ai pu durer si longtemps", a-t-il avoué. Un moment d’émotion qui s’est conclu par quelque mots maladroits, mais sincères, dans la langue de Molière : "À Cannes et à toute la France, je voudrais embrasser de tout mon cœur." Nous aussi, Michael.

Après la star inoxydable de Basic Instinct et de Wall Street, c’est une légende bien de chez nous qui a pris la parole. La grande Catherine Deneuve, dont le visage orne l’affiche de cette 76ème édition, est venue donner le coup d’envoi de la quinzaine, accueillie sur scène par la maîtresse de cérémonie, sa fille Chiara Mastroianni. Mais avant cela, elle a rendu hommage à l’Ukraine en lisant les mots de la poétesse Lessia Oukraïnka.

Un peu plus tôt dans la journée, c’est le président du jury, le réalisateur suédois Ruben Östlund, qui s’était présenté devant la presse entouré des talents qui vont décerner avec lui la Palme d’or le 27 mai prochain. Sa méthode pour diriger ce panel, qui comprend notamment l’acteur français Denis Ménochet, les stars américaines Brie Larson et Paul Dano ou encore Julia Ducournau, Palme d’or 2021 avec Titane ?

"Lorsqu’on dirige un jury, on essaie de créer une atmosphère où les gens n’essaient pas toujours d’être intelligents", a-t-il déclaré. "Il faut plutôt parler de ce qu’on ressent. Si les membres du jury essaient d’être plus malins les uns que les autres, alors on passe à côté de quelque chose. Ici, je vais faire en sorte que le niveau soit élevé, que chacun ait la possibilité de s’exprimer. Et de formuler son instinct." Qui a dit que Cannes était un festival d'intellos ?

Il est signé Helen Mirren, la star britannique de 77 ans qui a surpris les photographes en débarquant tout en bleu, jusqu'aux cheveux s'il vous plaît. Celle qui a incarné Elizabeth II dans The Queen de Stephen Frears était donc presque raccord avec le film du soir, Jeanne du Barry de Maïwenn. On se demande ce qu'en a pensé le roi Johnny...

Johnny Depp, encore lui. Le feuilleton se poursuit ce mercredi avec la conférence de presse de Jeanne du Barry à midi. Les médias américains attendent la star au tournant, impatiente de l'interroger sur la suite de sa carrière puisqu'il reste encore persona non grata à Hollywood. Maïwenn, elle aussi, risque d'être passée sur le grill, après les derniers propos d'Edwy Plenel. Préparez le pop-corn, ça risque d'être chaud. Michael Douglas reviendra, lui, raconter sa carrière lors d'une masterclass au Palais tandis que Pedro Almodovar viendra présenter Strange Way Of Life, sa réponse à Brokeback Mountain avec Pedro Pascal de la série The Last of Us et Ethan Hawke en cowboys LGBTQ+.

Avec tout ça, on oublierait presque que la course à la Palme d'or va commencer. Les deux premiers cinéastes à se lancer sont le Japonais Hirokazu Kore-Eda, Palme d'or en 2018 avec Une affaire de famille. Et la Française Catherine Corsini avec Le Retour, un film qui a failli ne pas être sélectionné à Cannes suite à la polémique liée à une scène de sexe simulée entre mineurs, finalement coupée au montage, et à des conditions de tournages toxiques, dénoncées par des membres de l'équipe. Bonjour l'ambiance sur les marches !