Gilles Lellouche, sur "La French" : "La réalité est toujours un peu travestie par la fiction"

Publié le 5 décembre 2014 à 15h57
Gilles Lellouche, sur "La French" : "La réalité est toujours un peu travestie par la fiction"

INTERVIEW – Dans "La French", en salles depuis mercredi, Gilles Lellouche épate dans la peau de Gaëtan Zampa, parrain de la mafia marseillaise longtemps pourchassé par le Juge Michel (Jean Dujardin). Un rôle qui lui va à ravir et dont il a toujours rêvé.

Avez-vous hésité avant d’ouvrir le scénario de La French ?
J’avais très peur de lire quelque chose de manichéen. Je craignais de tomber sur le gentil juge et le méchant gangster. D’autre part, j’avais joué dans Mesrine avant, dans des polars… J’étais un peu épuisé par le genre. Et même effrayé pour être honnête. Mais les personnages de La French sont tellement bien écrits. Tout en ayant très peur de ça, j’ai toujours rêvé d’incarner un mec comme Gaëtan Zampa. Il est arrivé à point nommé, à la croisée des chemins. Jean [Dujardin] et moi, je ne suis pas sûr qu’on aurait pu endosser ces rôles il y a cinq ans. Il faut les assumer.

Le film ne se limite pas à un seul genre comme vous le dites…
Exactement. C’est ce qui le rend rare. Il a de l’ampleur, de l’ambition. Il ne peut pas être étiqueté. Finalement, c’est presque une tragédie. Vous savez, je n’ai jamais eu un souvenir de tournage aussi fort que celui-là. Il y avait une espèce d’état de grâce, qu’on doit beaucoup au réalisateur Cédric Jimenez. Il était très enthousiaste, possédé par son sujet et animé par une énergie extrêmement rare. 

Vous incarnez donc Gaëtan Zampa, un pilier de la French Connection. Comment êtes-vous entré dans ce rôle ?
J’ai eu la chance de rencontrer sa femme, ses enfants, des gens qui l’ont connu, des flics, des magistrats. Même si la réalité est toujours un peu travestie par la fiction, je voulais le réincarner. Paradoxalement, c’était un altruiste, très penché sur l’éducation de ses enfants. Il faisait beaucoup de sport, ne fumait pas et ne buvait pas… Un type à l’étiquette irréprochable mais dont la face immergée cachait le redoutable chef d’une entreprise mafieuse.

"Il faut avoir de l’audace, encore et toujours !"

Qu’avez-vous appris sur vous en acceptant de relever ce défi ?
Ça a confirmé une chose : il faut avoir de l’audace, encore et toujours ! Ne pas avoir un plan de carrière précis et vouloir tourner à tout prix avec untel sous prétexte qu’il ne fait que des bons films. Je suis fier que La French existe. Je suis heureux d’avoir cru en Cédric Jimenez. Ce choix me conforte dans l’idée qu’il faut que je m’écoute fondamentalement et que j’aille vers des rôles compliqués, durs et qui font un peu peur.

Vous qui venez d’incarner un gangster… Croyez-vous en la justice ?
Avant, je trouvais l’expression "justice à deux vitesses" ridicule. C’était une espèce de cliché de PMU. Mais elle commence à être assez justifiée. J’ai l’impression qu’une affaire en chasse une autre, que certains procès n’aboutissent à rien… Cela engendre du cynisme, du pessimiste, de la lassitude. Du coup, on devient moins civiques et beaucoup plus éloignés les uns des autres. On a besoin de gens d’une rigueur morale absolue.

Quels sont vos projets ?
J’ai écrit un film choral que j’essaierai de réaliser l’année prochaine. Il s’appelle Le Grand bain.

 


La rédaction de TF1info

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