ATTAQUES - S'appuyant sur son humour corrosif et sans filtre, le comédien anglais a marqué les esprits en ouvrant et en fermant la 77e cérémonie des Golden Globes avec les noms des prédateurs sexuels dont la simple évocation fait encore trembler Hollywood. Tout en mettant bon nombre de personnes de l'industrie face à leurs contradictions.
Ceux qui le connaissent savaient qu'il n'allait pas retenir ses coups. La question était de savoir comment Ricky Gervais allait bien pouvoir parler des deux hommes dont le nom est devenu synonyme de persona non grata à Hollywood. Le financier suicidé Jeffrey Epstein et le producteur déchu Harvey Weinstein ont fait deux apparitions discrètes mais remarquées lors de la 77e cérémonie des Golden Globes qu'était chargé d'animer le comédien anglais dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 janvier, au Beverly Hilton de Los Angeles.
"Commençons en beauté, on va rire à vos dépens, d'accord ?" commence celui qui officiait pour la cinquième fois. Et il n'a pas fait dans la dentelle. "Dans cette salle, se trouvent quelques-uns des patrons de la télévision et du cinéma les plus importants au monde, des gens de divers horizons. Mais tous ont une chose en commun : ils sont tous terrifiés par Ronan Farrow. Il vient vous chercher", poursuit-il, évoquant le journaliste qui a contribué à révéler les abus du producteur Harvey Weinstein, dont le procès s'ouvre - hasard du calendrier - ce lundi à New York.
🔥SAVAGE🔥 Ricky Gervais just gave the best opening speech at the #GoldenGlobes ever. He absolutely DESTROYED Hollywood. pic.twitter.com/byRej81Xo0 — Benny (@bennyjohnson) January 6, 2020
Oh taisez-vous. Je sais que c'est votre ami mais je m'en moque
Ricky Gervais sur Jeffrey Epstein
Mais le nom de l'ancien pape de Hollywood a d'abord brillé par son absence dimanche soir. Ricky Gervais continue son monologue d'introduction de manière incisive, s'en prenant à Felicity Huffman, Martin Scorsese "trop petit pour faire les manèges" auxquels il a comparé les films Marvel ou encore au film "Cats". L'humoriste assure ensuite que "tout le monde regarde Netflix" et évoque sa propre série "Afterlife". "L'histoire d'un homme qui veut se suicider parce que sa femme a succombé à un cancer", dit-il. "Alerte spoiler : la saison 2 arrive donc évidemment, il ne s'est pas suicidé - tout comme Jeffrey Epstein", souligne-t-il. Le milliardaire, retrouvé pendu dans sa cellule de Manhattan en août, devait être jugé cette année pour "trafic sexuel en bande organisé de mineurs". Très proche de nombreuses célébrités que son procès aurait pu éclabousser, son décès alimente les thèses des complotistes, certains qu'il a été assassiné.
Jeffrey Epstein gets unexpected shoutout at the #GoldenGlobes by host Ricky Gervais 😆 pic.twitter.com/WE45bQYDeI — Mark Dice (@MarkDice) January 6, 2020
Un tacle au prince Andrew
Réactions gênées dans la salle, entre soupirs choqués et cris désapprobateurs. Mais pas de quoi agiter Ricky Gervais. "Oh taisez-vous. Je sais que c'est votre ami, mais je m'en moque", rétorque-t-il au public. Il s'attaque ensuite gentiment à Leonardo DiCaprio, dont les amours avec des femmes plus jeunes que lui sont devenues une sorte de running gag dans la presse people.
Il imagine ainsi que la petite amie de l'acteur oscarisé "est devenue trop vieille pour lui quand il a quitté l'avant-première de 'Once Upon A Time... In Hollywood'". "Même le prince Andrew lui a dit : 'Non mais mec...'", insiste-t-il, en référence à l'implication présumée du fils d'Elizabeth II dans le scandale Jeffrey Epstein.
Ricky Gervais calls out pedo Hollywood: "Dicaprio attended the premier, and by the end, his date was already too old for him. Even Prince Andrew was like 'come on now mate'." Savage. #goldenglobes pic.twitter.com/vMoF3kJIyu — PRESS THE RESET (@PressResetEarth) January 6, 2020
Elle a joué dans "Bird Box", un film dans lequel les gens survivent en prétendant ne rien voir du tout. Comme ceux qui travaillaient pour Harvey Weinstein
Ricky Gervais
Le reste de la soirée, presque entièrement dédiée aux incendies en Australie dans les hommages rendus sur scène, s'est déroulé sans référence au mouvement #MeToo. Jusqu'à l'ultime prise de parole de Ricky Gervais, qui s'est amusé en présentant Sandra Bullock, dernière remettante de la cérémonie. "Elle a joué dans 'Bird Box', un film dans lequel les gens survivent en prétendant ne rien voir du tout. Comme ceux qui travaillaient pour Harvey Weinstein", lâche-t-il. Nouvelle vague de gémissements dans la salle. "Ce n'est pas moi, c'est vous !" insiste le comédien qui aura en deux petites phrases mis Hollywood face à sa dangereuse loi du silence.
Another gem from @rickygervais dropping a bomb on @HarveyWeinstein ... pic.twitter.com/pvtJ2iMNW7 — Manny Alicandro (@Manny_Alicandro) January 6, 2020
Il l'a également fait à un autre moment clé de son monologue, dénonçant le deux poids-deux mesures des acteurs qui se pressent pour travailler avec de grandes entreprises américaines qui ne sont pas nécessairement des modèles de vertus. "Si Daech ouvrait sa plateforme de streaming, vous appelleriez votre agent, non ? Donc si vous gagnez un prix ce soir, n'en faites pas une plateforme pour un discours politique. Vous ne pouvez faire la leçon au public à propos de rien. Vous ne connaissez rien du vrai monde. La plupart d'entre vous a passé moins de temps à l'école que Greta Thunberg", a-t-il lancé, remettant chacun à sa place. Pas sûr que le message ait été bien perçu par tous, mais il a eu le mérite d'être passé.
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