Neuvième jour de grève à iTELE : les négociations doivent reprendre

par Amandine REBOURG Amandine Rebourg
Publié le 25 octobre 2016 à 19h26, mis à jour le 25 octobre 2016 à 20h02
Neuvième jour de grève à iTELE : les négociations doivent reprendre

GREVE - La rédaction d'Itélé a voté la reconduction de la grève, ce mardi 25 octobre, pour un neuvième journée consécutive. En parallèle à ce mouvement, les négociations doivent reprendre avec la direction du groupe Canal +, ce qu'espèrent les salariés.

Ils sont déterminés à aller jusqu'au bout. Les salariés d'iTélé ont choisi de reconduire leur grève, pour une neuvième journée consécutive au terme d'un vote qui a, une fois de plus, réuni une grande majorité de vote "pour". Ce matin, le mouvement a été approuvé par 83,6% des voix (107 sur 128).

Ce mouvement, démarré la semaine dernière est le plus long de l'histoire de la chaine d'info et le second en quatre mois.  Il a été déclenché la semaine dernière par l'arrivée de Jean-Marc Morandini, mis en examen "pour corruption de mineur aggravée" et que Vincent Bolloré a imposé à l'antenne malgré l'opposition de la rédaction. 

Des revendications au delà du cas "Morandini"

Malgré l'opposition de la rédaction, son émission quotidienne "Morandini Live", consacrée aux médias, a été imposée par Vincent Bolloré et maintenue toute la semaine dernière en dépit de la grève. Une décision vécue comme une provocation, "un doigt d'honneur", pour certains salariés.  En fin de semaine, la direction de la chaine avait annoncé que l'émission de Morandini allait être suspendue pour des "raisons opérationnelles" mais qu'elle serait de retour à l'antenne, à la fin de la grève. 

La suspension de "Morandini Live" est l'une des revendications du mouvement qui englobe un combat bien plus large. Pour les grévistes de la chaîne, il est question d'indépendance de la rédaction par rapport aux actionnaires, en particulier Vincent Bolloré, et à la demande de moyens accrus de l'antenne, affaiblie depuis cet été par un plan d'économies drastiques et des réductions d'effectifs."

Ce mardi, un rassemblement était organisé par les syndicats de Canal + et la SDJ de la chaine d'info, devant leurs locaux, à Boulogne. Près de 300 personnes sont venues apporter leur soutien aux salariés : journalistes, politiques, animateurs télés... 

Lors de sa prise de parole, le journaliste a lu un communiqué dans lequel il a résumé la problématique : "ce mouvement a une dimension qui nous dépasse. Il ouvre un débat sur ce qu’est et ce que devient l’information en France, sur sa place dans la cité, un débat politique donc, fondamental pour la démocratié".

Un appel au CSA ... qui va étudier le dossier

Ce lundi, la SDJ d'Itélé et les organisations syndicales du groupe Canal + ont adressé une lettre au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel pour dénoncer les manquements d'iTélé nouvelle version (CNews) à la convention que la chaine avait signée. 

Cette lettre consultable ici, pointe du doigt "l'indépendance éditoriale de l'éditeur", "une programmation consacrée à l'information", "éviter une confusion entre information et divertissement", notamment. D'après Libération, le CSA a jugé recevable, cette plainte : il devrait instruire le dossier sous dix jours. 

Je me fiche complètement de me fâcher avec Monsieur Bolloré
Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire de la droite

Reste que les politiques sont peu disserts sur le sujet depuis le début du mouvement. Sur RMC, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire de la droite, a également apporté son soutien au mouvement, au nom de l'indépendance des rédactions. A la question "soutenez vous les grévistes", elle a répondu "absolument, et je me fiche complètement de me fâcher avec Monsieur Bolloré".  "J'ai peur d'une évolution qui consiste à remettre en cause de manière plus ou moins insidieuse l'indépendance des journalistes", a poursuivi NKM. 

"Il y a un certain nombre d'inquiétudes. J'ai été choquée d'entendre qu'on avait vidé les bureaux des journalistes pendant le week-end. C'est une forme de pression", a-t-elle déclaré. Une réponse de la bergère au berger Benoit Hamon qui, il y a quelques jours, avait reproché à la classe politique de rester silencieux sur le sujet pour ne pas ne brouiller avec l'homme d'affaires. 

Côté RMC, toujours, Roselyne Bachelot, ancienne animatrice sur D8 et ex-chroniqueuse sur iTELE, a exprimé sa "stupéfaction et indignation". Elle a dénoncé "un problème de management", et estimé que la direction devait "écouter la rédaction" et "éloigner M. Morandini de ses fonctions d'animateur". Cet après-midi, c'est Christiane Taubira, ancienne Garde des screaux qui a soutenu la rédaction de la chaine. 

De son côté, le ministère de la Culture a fait savoir lundi soir, dans une déclaration à l'AFP, qu'il étudiait "toutes les possibilités juridiques, en lien avec le ministère du Travail, pour aider à la résolution d’un conflit qui n'a que trop duré".

VIDÉO - Grève à iTélé : "on a une collectivité humaine broyée par un actionnaire"


Amandine REBOURG Amandine Rebourg

Tout
TF1 Info