Avec Bernard-Henri Lévy et Sean Penn, la guerre en Ukraine s’invite sur grand écran

Publié le 20 février 2023 à 17h57

Source : JT 20h Semaine

Figures médiatiques, Bernard-Henri Lévy et Sean Penn livrent deux documentaires sur la guerre en Ukraine.
Avec "Slava Ukraini", en salles mercredi, le philosophe propose un carnet de bord sobre et engagé.
L'acteur et réalisateur américain a la main un peu plus lourde dans "Superpower", présenté à la Berlinale.

Après le Festival Cannes, la Mostra de Venise et les Golden Globes, Volodymyr Zelensky a pris la parole le 16 février dernier lors de la cérémonie d’ouverture de la Berlinale, en Allemagne. Comme à chacune de ses interventions lors de ces rendez-vous prestigieux, le président ukrainien a encouragé le monde de la culture - et du Septième art en particulier – à prendre les armes à sa disposition pour témoigner et prendre position. Si le conflit bénéficie d’une couverture médiatique sans précédent, il restait encore invisible sur les écrans de cinéma. Avec Slava Ukraini et Superpower, le Français Bernard-Henri Lévy et l'Américain Sean Penn s'y emploient à leur manière...

"Slava Ukraini", le carnet de bord de BHL

Après le documentaire Pourquoi l’Ukraine, diffusé en juin dernier sur Arte, Bernard-Henri Lévy s’invite dans les salles de cinéma ce mercredi avec Slava Ukraini. Filmé au cours de la deuxième moitié de 2022, ce carnet de bord embarque le spectateur dans un périple qui va de Kharkiv sous les décombres à Kherson, au lendemain de la libération de la ville en novembre dernier. Des pérégrinations au coeur d'un pays en ruines où l'on croise civils, militaires, ouvriers et politiques dont Volodymyr Zelensky en personne.

Avec une toute petite équipe composée du co-réalisateur Marc Roussel, du journaliste Gilles Hertzog et de deux caméramen, le philosophe a ramené des images brutes qui témoignent du "surgissement d’une nation en armes", explique-t-il dans le dossier de presse du film. "Ces bataillons de professeurs et de paysans, de métallos et d’intellos, de marchands ruinés, de mineurs, d’étudiants, de retraités, qui font montre d’un courage inouï et qui sidèrent, non seulement Poutine, mais le monde."

Si l'image du philosophe en chemise blanche et gilet pare-balles a parfois un côté insolite, le personnage médiatique s'efface le plus souvent au profit de celles et ceux qu'il croise sur sa route. Une mère sans nouvelle de ses deux filles, une adolescente amoureuse des romans d’Alexandre Dumas, un ingénieur britannique de chez Rolls-Royce venu combattre avec les troupes internationales…

Le président ukrainien fait aussi une brève apparition dans le dernier tiers du film, livrant une confidence glaçante à propos de Vladimir Poutine. "Je n’aime pas les gens sans yeux", explique-t-il au philosophe au cœur d'un échange trop bref à l'écran. "Quand vous regardez quelqu’un, vous devez voir quelque chose. Un cerveau, un esprit. Une pensée. Quelque chose. Je pense qu’il n’a pas d’yeux."

Sean Penn en mode "gonzo"

C’est avec une même volonté de témoignage que Sean Penn a tourné Superpower, un docu co-réalisé par Aaron Kafman, présenté à la Berlinale ce week-end et qui n'a pas encore de date de sortie en France. L’acteur et réalisateur américain était à Kiev aux premières heures de l’invasion russe puisqu’il travaillait déjà sur un projet visant à décrire la situation explosive dans la région. Contraint de quitter le pays à pied par la Pologne quelques jours plus tard, il y est revenu à plusieurs reprises depuis, un engagement qui lui vaut désormais d'être interdit d'entrée sur le territoire en Russie.

Contrairement au film de Bernard-Henri Lévy, qui fait preuve d'une grande sobriété dans la forme, celui de la star américaine compile des images de chaînes d'information et des vidéos issues des réseaux sociaux, montées de façon chaotique avec ses propres déambulations au volant de sa berline entre deux vodkas tonic. Une approche "gonzo" qui a fait tiquer une partie de la presse à Berlin. "Un peu moins de Sean Penn n'aurait pas fait de mal", résume Guy Lodge de Variety.

Volodymyr Zelensky et Sean Penn dans "Superpower".
Volodymyr Zelensky et Sean Penn dans "Superpower". - Vice Films

En Allemagne, l'intéressé a expliqué à la presse vouloir montrer "la vérité sur l'unité absolue de l'Ukraine pour défendre toutes les choses qui font que la vie vaut d'être vécue". Certains lui reprochent son manque de nuance ? Le réalisateur de Into the Wild s'en moque comme de sa dernière paire de Ray-Ban. "Je suis très heureux d'être considéré comme un propagandiste", a-t-il lancé, estimant que "nous les Américains devons avoir honte de ne pas avoir fourni davantage d'armes plus tôt" à l'Ukraine. "Parce que si la Russie gagne, nous sommes tous baisés."


Jérôme VERMELIN

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