BAD BUZZ - La créatrice de la saga Harry Potter a suscité de vives réactions ce week-end suite à une série de tweets sur les personnes transsexuelles. Une polémique qui fait suite à celle qu’avait suscité l’hiver dernier son soutien à une chercheuse anglaise opposée au changement de sexe.
Le nom de J.K. Rowling a surgi en tête des tendances, ce dimanche sur les réseaux sociaux. Rien à voir avec la diffusion d’un épisode de la saga "Harry Potter" à la télévision, encore moins avec l’annonce d’un nouveau livre. Si la romancière britannique de 54 ans a (beaucoup) fait parler d’elle auprès des internautes, c’est en raison d’un premier tweet, posté peu avant minuit ce samedi.
Repartageant un article de la plateforme d’informations Devex.com intitulé "Créer un monde post-Covid pour les personnes qui ont leur règles", elle commentait : "Les personnes qui ont leurs règles ? Je suis sûre qu’il devait exister un mot pour ces personnes ?", s’interrogeait-elle, avant de suggérer trois mots imaginaires : "Wumben ? Wimpund ? Woomud ?" Manière de reprocher à l’auteur de l’article de ne pas avoir employé le mot "Women" (femmes en anglais).
‘People who menstruate.’ I’m sure there used to be a word for those people. Someone help me out. Wumben? Wimpund? Woomud? Opinion: Creating a more equal post-COVID-19 world for people who menstruate https://t.co/cVpZxG7gaA — J.K. Rowling (@jk_rowling) June 6, 2020
Cette sortie nocturne de J.K. Rowling, suivie par 14,5 millions d’abonnés, n’est évidemment pas passée inaperçue. Et a provoqué la colère de nombreux membres de la communauté LGBT, lui reprochant de nier l’existence des personnes transexuelles. En décembre dernier, la romancière avait déjà été critiquée lorsqu’elle avait apporté son soutien à Maya Foster, une chercheuse anglaise licenciée parce qu’elle avait estimé sur Twitter que "les hommes ne peuvent pas se transformer en femmes".
Je connais et j'aime les personnes trans, mais effacer le concept de sexe enlève la capacité de beaucoup de discuter de leur vie de manière significative. Ce n'est pas la haine de dire la vérité
J.K. Rowling
Pressée de s’expliquer, et sans doute piquée au vif, J.K. Rowling a clarifié ses opinion ce dimanche, dans une nouvelle série de tweets... qui n’ont fait qu’alimenter la polémique.
"Je respecte le droit de chaque personne trans de vivre de façon authentique et confortable. Je marcherais avec vous si vous étiez victime de discrimination en raison de votre transsexualité. En même temps, ma vie a été façonnée par le fait d'être une femme. Je ne pense pas que ce soit odieux de le dire."
Mais encore :
"L'idée que les femmes comme moi, qui font preuve d'empathie pour les personnes trans depuis des décennies, se sentent apparentées parce qu'elles sont vulnérables au même titre que les femmes - c'est-à-dire à la violence masculine - détestent les personnes trans parce qu'elles pensent que le sexe est réel et a vécu des conséquences - est un non-sens."
I respect every trans person’s right to live any way that feels authentic and comfortable to them. I’d march with you if you were discriminated against on the basis of being trans. At the same time, my life has been shaped by being female. I do not believe it’s hateful to say so. — J.K. Rowling (@jk_rowling) June 6, 2020
Puis la romancière de conclure :
"Si le sexe n'est pas réel, il n'y a pas d'attirance pour le même sexe. Si le sexe n’est pas réel, la réalité vécue des femmes dans le monde est effacée. Je connais et j'aime les personnes trans, mais effacer le concept de sexe enlève la capacité de beaucoup de discuter de leur vie de manière significative. Ce n'est pas la haine de dire la vérité."
If sex isn’t real, there’s no same-sex attraction. If sex isn’t real, the lived reality of women globally is erased. I know and love trans people, but erasing the concept of sex removes the ability of many to meaningfully discuss their lives. It isn’t hate to speak the truth. — J.K. Rowling (@jk_rowling) June 6, 2020
Si cette explication de texte a généré plus de 189.000 likes, elle a également provoqué de vives réactions d’anonymes et de célébrités comme les comédiens Anthony Rapp et Sarah Paulson ou encore Jonathan Van Ness, l’un des experts beauté de la téléréalité "Queer Eye" sur Netflix.
"Les femmes trans sont des femmes", a-t-il écrit sur Twitter. "Les personnes transsexuelles noires et non-noires sont discriminées tous les jours. Elles meurent. Nous luttons pour les personnes noires et les personnes transsexuelles et vous osez faire ça ?"
Trans women are women. Trans Black people & trans non-Black people are discriminated against every single day. They’re dying. We’re fighting for Black people & trans people and you’re doing this? https://t.co/2l5PHDCpKD — Jonathan Van Ness (@jvn) June 7, 2020
Lorsque dans un nouveau tweet, J.K. Rowling dénonce les termes "Féminazi", "salope" ou "sorcière" employés à son encontre par certaines internautes, Jonathan Van Ness rétorque : "C’est juste que nous n’aimons pas la transphobie, Madame".
We just hate transphobia lady https://t.co/mIjqvbLmbQ — Jonathan Van Ness (@jvn) June 7, 2020
GLAAD, la principale association de défense des droits de la communauté LGBT aux Etats-Unis, est elle aussi entrée dans le débat : "J.K. Rowling continue de s’aligner sur une idéologie qui déforme volontairement les faits concernant la question du genre et la situation des personnes transsexuelles.En 2020, il n’y a plus d’excuse lorsqu’on les prend pour cible. Nous soutenons la jeunesse transsexuelle, en particulier les fans de Harry Potter qui ont été blessés par ces tweets faux et cruels."
We stand with trans youth, especially those Harry Potter fans hurt by her inaccurate and cruel tweets. Our friend @jackisnotabird says it best. https://t.co/jLkchof3rn — GLAAD (@glaad) June 7, 2020
La question de la représentation de la communauté LGBT dans l’œuvre de J.K. Rowling a alimenté de nombreux débats au fil des années. Au printemps 2019, la romancière avait été accusée d’opportunisme en révélant l’homosexualité du personnage du mage Dumbledore, alors qu’elle n’avait jamais été abordée ni dans les livres, ni dans les films.
Dans une interview incluse dans les bonus du DVD des "Crimes de Grindelwald", le second volet des "Animaux Fantastiques", la saga cinématographique dérivée de "Harry Potter", la romancière reconnaissait "l’histoire d’amour passionnelle" entre Dumbledore et Grindenwald, incarnés à l’écran par Jude Law et Johnny Depp.
"J. K. Rowling confirme que certains de ses personnages des livres et des films sont gays... sauf dans les livres et les films", avait ironisé à l’époque le critique ciné américain Eric D. Snider.