Accusé de harcèlement sur les tournages de "Buffy" et "Justice League", Joss Whedon se défend

Publié le 18 janvier 2022 à 13h06

Source : Sujet TF1 Info

PAROLE CONTRE PAROLE – Dans un long portrait publié par "New York Magazine" cette semaine, le réalisateur américain nie avoir abusé de son pouvoir et répond à chaque acteur qui s’est exprimé sur leur collaboration. De Charisma Carpenter à Gal Gadot, en passant par Ray Fisher.

Il aura mis près d’un an à prendre la parole. "Le début d’Internet m’a élevé, l’Internet moderne m’a attiré vers le bas", estime Joss Whedon dont l'image a glissé du féministe engagé au paria misogyne. Car c'est sur les réseaux sociaux que tout a basculé en février dernier. 

Charisma Carpenter, inoubliable Cordélia dans Buffy contre les vampires et Angel, dénonce "les abus de pouvoir" du réalisateur sur les plateaux des deux séries qu’il a créées. Elle détaille les brimades incessantes et les "menaces passives-agressives de licenciement" dans un très long texte, qui trouve un écho particulier chez les fans de la Tueuse. 

J’étais jeune. Je hurlais et des fois vous devez hurler
Joss Whedon

Son interprète, Sarah Michelle Gellar, salue le courage de Charisma Carpenter et demande "à ne plus être associée pour toujours" au créateur de la série qui a fait d’elle une star. Une déclaration qui viendra sceller le clou du cercueil de Joss Whedon à Hollywood. Mis au ban par la profession, il perd son poste de showrunner de la série The Nevers et voit même son nom disparaître du matériel promotionnel mis à disposition des journalistes. Au printemps dernier, il accepte de recevoir une reporter du New York Magazine. 

Les entretiens sont réalisés sur plusieurs mois chez lui, à Los Angeles. Avec toujours la même attention portée à ce qu’il dit. Joss Whedon se dit "terrifié par chaque mot qui sort de sa bouche", de peur de le voir mal interprété. Ou déformé. Intitulé The Undoing of Joss Whedon"Ce qui causa la perte de Joss Whedon" -, le portrait publié cette semaine explique comment son enfance l’a laissé avec un trouble post-traumatique complexe, comment il s’est redécouvert en arrivant à l’université et comment "son sentiment d’être dépourvu de pouvoir et sa constante anxiété" ont contribué à la naissance de Buffy, héroïne badass et féministe.

L’article revient sur l’espèce de "culte de la personnalité" qui s’est forgé année après année autour de la figure de Joss Whedon. "Un gourou sur la colline" qui avait aussi ses moments de crise, comme l’a relayé Charisma Carpenter à propos des tournages de Buffy et Angel. Il reconnaît lui-même qu’il n’était pas "civilisé" à l’époque. "J’étais jeune. Je hurlais et des fois, vous devez hurler. C’était un casting très jeune et ça pouvait facilement se transformer en soirée", affirme-t-il, soulignant qu’il n’aurait jamais humilié personne de manière intentionnelle. Il admet qu’il "pouvait se mettre en colère" mais assure n’avoir jamais violenté personne physiquement.

Gal Gadot l'aurait mal compris car "l’anglais n’est pas sa langue maternelle"

Non, il n’a "pas été poli" avec Charisma Carpenter après avoir appris qu’elle était enceinte. Mais il ne lui a pas dit qu’elle était "grosse", comme elle l’affirme. Les souvenirs qu’il garde de leur collaboration sont "délicieux et charmants". "Elle avait parfois du mal avec son texte, mais personne ne pouvait s’attaquer à une punchline plus fort qu’elle", glisse-t-il. Il n’a en revanche aucun souvenir d’un évènement rapporté par Michelle Tratchenberg, 16 ans à l'époque. 

Celle qui incarnait Dawn, la sœur de Buffy, a révélé sur Instagram que Joss Whedon n’avait pas le droit d’être seule avec elle dans une pièce sur le plateau. Le réalisateur assure n’avoir "aucune idée de ce dont elle parle". Une source proche de l’actrice explique au magazine qu’il s’agissait d’une "règle informelle" mise en place après un entretien en tête-à-tête qui a "secoué" l’adolescente. Une règle dont le réalisateur n’était peut-être même pas au courant, selon l’autrice de l’article.

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Joss Whedon a revanche pris connaissance des propos de Gal Gadot. L’actrice israélienne a assuré l’an dernier qu’il l’avait "menacée" de "pourrir sa carrière" lors des reshoots de Justice League, le film de super-héros dans laquelle elle joue Wonder Woman. "Je ne menace pas les gens. Qui fait ça ?", rétorque le réalisateur, qui a succédé à Zack Snyder sur le projet DC Comics en 2017. Il avance qu’elle l’aurait mal compris car "l’anglais n’est pas sa langue maternelle". "J’ai tendance à tenir un langage fleuri quand je parle, c’est ennuyeux", répond-t-il. La principale intéressée, elle, martèle avoir "parfaitement compris".

Ray Fisher ? "Un mauvais acteur, dans les deux sens du terme"

Son collègue Ray Fisher est celui par qui tout a vraiment commencé. En juillet 2020, il accusait Joss Whedon d’avoir eu une attitude "grossière, non professionnelle et complètement inacceptable" auprès de l’équipe de Justice League. Une enquête a été ouverte par les studios Warner, mais l’interprète du Cyborg annonçait quelques semaines plus tard avoir été évincé du film suivant The Flash. Un licenciement qui a ensuite incité Charisma Carpenter à livrer son expérience. 

Si le personnage de Cyborg a disparu, c’est parce que son histoire "n’avait pas de sens" selon Joss Whedon. Et parce que le jeu d’acteur… était mauvais, ce qu’auraient corroboré des projections avancées. Le réalisateur insiste avoir longuement échangé avec son comédien, de manière amicale et respectueuse, sur les différents changements. Avant de qualifier Ray Fisher de "force malveillante", "nous parlons d’un mauvais acteur dans les deux sens du terme". 


Delphine DE FREITAS

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