COULISSES - Alors qu'Harvey Weinstein n'a pas encore été jugé, les projets de films basés sur ses comportements avec les femmes se multiplient. Le dernier en date s'inspire du témoignage de plusieurs anciens collaborateurs du producteur. Et notamment de l'une de ses assistantes, victimes de multiples humiliations.
Hollywood n’a pas attendu la justice pour condamner Harvey Weinstein. Exclu de l’Académie des Oscars suite aux accusations d’agressions sexuelles dont il fait l’objet depuis octobre 2017, ce dernier a assisté, en quelques mois, à la liquidation judiciaire de sa société de production, The Weinstein Company, tandis qu’il était contraint de vendre de nombreux biens immobiliers pour financer son divorce et les honoraires de ses avocats.
Le destin tragique de ce fils d’un diamantaire du Queens devait tôt ou tard inspirer ceux qui étaient encore ses pairs, il y a quelques mois. En avril dernier, on apprenait que Anapaurna et Plan B, la société de production de Brad Pitt, planchaient sur un film basé sur l’enquête des journalistes du "New York Times" Jodi Kantor et Megan Twohey, récompensées par le prix Pulitzer.
Plutôt qu’un biopic du producteur, le projet prend pour modèle "Spotlight", le long-métrage oscarisé sur le scandale des prêtres pédophiles au sein de l’Eglise catholique révélé par des journalistes du "Boston Globe". Si le personnage d’Harvey Weinstein ne devrait y figurer qu’à l’arrière-plan, il sera au cœur d’un autre film dont tout le monde parle déjà outre-Atlantique.
Encore sans titre, cette fiction sera racontée du point de vue d’une employée du producteur déchu. "C’est un peu comme "Le Diable s’habille en Prada", l’histoire d’une jeune femme qui se met à travailler pour un patron monstrueux ", raconte au "Hollywood Reporter" un producteur qui a pu lire une copie du scénario écrit par la réalisatrice Kitty Green.
La jeune femme, connue pour son travail sur le documentaire "Casting JonBennett", consacré au meurtre jamais résolu d’une mini-Miss, diffusé sur Netflix, a mené un véritable travail d’enquêtrice. Pendant dix mois, elle a rencontré d’anciens collaborateurs d’Harvey Weinstein afin de concevoir son personnage.
Certains lui ont révélé comment ils étaient contraints de "nettoyer" son bureau après ses entrevues avec de jeunes actrices. D’autres que leur ancien patron leur demandait de lui faire des injections pour l’aider à surmonter ses problèmes d’érection.
Autant de témoignages qui ont permis à Kitty Green de concevoir son personnage principal.
"Point de rupture émotionnel"
Si l'assistante en question n’est jamais nommée dans le scénario, son calvaire rappelle celui de Sandeep Rehal, une assistante d’Harvey Weinstein qui l’a attaqué en janvier dernier pour harcèlement moral. Dans sa plainte, la jeune femme racontait comment le producteur l’avait chargé de la recherche d’appartements et de chambres d’hôtel proches de son bureau.
Elle expliquait également avoir été contrainte de nettoyer les tâches de sperme sur le canapé du bureau de son patron. Mais aussi comment il lui dictait régulièrement ses e-mails en tenue d’Adam. Engagée en 2013, à l'âge de 26 ans, elle démissionnera deux ans plus tard après avoir atteint "un point de rupture émotionnel".
Pour incarner ce personnage à l’écran, Kitty Green aurait jeté son dévolu sur la jeune comédienne Julia Garner. Révélée au cinéma dans "Martha Marcy May Marlene", en 2011, elle a tenu un rôle récurrent dans la série "The Americans" et vient de faire sensation dans les deux premières saisons de "Ozark", sur Netflix. Reste à savoir qui acceptera d’incarner son "monstrueux patron"…