Alexis Michalik dans "Une histoire d'amour" : "Le cinéma est là pour éveiller les consciences"

Publié le 11 avril 2023 à 18h11

Source : JT 13h WE

Quatre ans après "Edmond", Alexis Michalik est de retour derrière la caméra.
Prodige du théâtre contemporain, il a choisi de porter à nouveau à l'écran une de ses pièces à succès, "Une histoire d'amour".
Une magnifique histoire d'amour entre deux femmes, qui nous fait passer du rire aux larmes en un clin d'œil.

Tout ce qu'il touche se transforme en or. Quatre ans après le succès d'Edmond, son premier long métrage adapté de sa pièce à succès, Alexis Michalik frappe à nouveau un grand coup avec Une histoire d'amour, l'adaptation de la pièce éponyme qu’il a créée en 2020 à La Scala. Le prodige du théâtre moderne - à 40 ans, il a déjà remporté six molières sur huit nominations - nous embarque comme à son habitude dans un voyage émotionnel jubilatoire où on passe du rire aux larmes en un claquement de doigt. 

Portée par la même troupe de comédiens - qui passent avec brio des planches au grand écran -, Une histoire d'amour raconte l'histoire bouleversante de Katia et Justine, deux femmes que tout oppose, mais qui tombent follement amoureuse l'une de l'autre. Persuadées qu'elles vont finir leur vie ensemble, elles décident de faire un enfant. Mais lorsque Katia tombe enceinte grâce à une insémination artificielle, Justine la quitte brutalement. Douze ans plus tard, Katia apprend qu’elle est condamnée. Elle doit trouver en urgence un tuteur pour sa fille. Elle décide alors de se tourner vers son frère William, un écrivain cynique et désabusé, qu’elle n’a pas vu depuis 5 ans…

Faire un film, c'est une grande aventure
Alexis Michalik

Comment est venue l'envie d'adapter votre pièce au cinéma ? 

Alexis Michalik : L'envie n'est pas vraiment venue de moi, mais du public de la pièce. Dès les premières représentations, de nombreuses personnes m'ont dit qu'il fallait en faire un film. J'ai fini par me laisser convaincre en me disant que je le ferai un jour. Puis en mars 2020, trois mois après la première, on s'est tous retrouvés confinés. Comme j'étais désœuvré, j'ai commencé à écrire l'adaptation du scénario. Très vite, est venue l'idée de d'embarquer avec moi le casting de la pièce et d'essayer de financer ce film tel quel. 

Pourquoi cette volonté de conserver la distribution originale ? 

C'était une motivation pour arriver au bout de ce projet. J'adore créer, recréer et refaire, mais ça demande quand même un petit investissement mental. Et puis faire un film, c'est une grande aventure. Je savais qu'avec cette équipe de filles – Juliette Delacroix, Marica Soyer, Pauline Bression, Léontine d'Oncieu – ça le ferait. C'était aussi une belle histoire d'amitié, et je trouvais ça beau d'essayer de décider de conserver cette équipe.

Au théâtre, on raconte alors qu'au cinéma, on montre
Alexis Michalik

Comment adapte-t-on une pièce de théâtre sur grand écran ? 

Au théâtre, on raconte alors qu'au cinéma, on montre. Il faut donc enlever du dialogue, rajouter des gros plans. Ça me permettait aussi d'utiliser le maquillage pour faire vieillir les acteurs et voir les ravages du temps puisque le film traverse quinze ans. Je voulais surtout que ce soit un objet de cinéma et qu'on ne sente pas que c'est une adaptation d'une pièce de théâtre. 

L'amour est un des sujets les plus abordés au cinéma. Et pourtant, ça nous fascine toujours... 

Oui, en plus ici le film prend un angle un peu différent, car l'histoire commence vraiment lorsque Katia et Justine se séparent. C'est le début du nœud dramatique. On joue alors avec plusieurs questions : est-ce qu'on peut retomber amoureux après une rupture ? Est-ce que ça vaut la peine d'y retourner quand on a autant souffert ? Est-ce qu'on a envie d'y retourner ? 

Je trouvais ça chouette de raconter une histoire d'amour contemporaine, sans intention militante
Alexis Michalik

Votre film raconte une histoire d'amour entre deux femmes, mais il n'est pas spécialement militant. Quel était votre but avec cette histoire ? 

Le but, c'était l'empathie avec les personnages. Moi, ça m'arrangeait dans le scénario que ce soit deux femmes, car je trouvais ça chouette de raconter une histoire d'amour contemporaine, sans intention militante. Mais au final, comme on aborde le sujet de la PMA, ou celui de l'homosexualité, on est forcés d'être dans le débat. De toute façon, le cinéma est progressiste, il est là pour faire rêver, mais aussi pour éveiller les consciences. 

Une histoire d'amour parle de la cruauté du destin, mais il conserve malgré tout une note d'espoir. Êtes-vous un éternel optimiste ?

Oui, je pense. J'ai écrit cette histoire après une rupture, donc forcément, j'y ai mis toutes ces émotions qui me traversaient. Mais comme je ne suis pas quelqu'un de dépressif, je ne voulais pas qu'on sorte de cette histoire en étant plombé. J'avais envie qu'on en sorte avec une pulsion de vie, car si on souffre, c'est qu'on est encore vivant. 

Je ne suis pas snob, j'aime aller vers les choses que je ne connais pas
Alexis Michalik

Ce mercredi, vous êtes aussi à l'affiche de 10 jours encore sans maman. Un tout autre registre, mais dans lequel vous semblez à votre place…

J'adore la comédie, je trouve que c'est un genre très difficile à réussir. J'étais très content de retrouver le personnage de DiCaprio que j'adore ! 10 jours encore sans maman est un film tout public, très attachant et très tendre. J'ai passé un mois sur des skis à Courchevel à tourner avec Franck Dubosc et les enfants. C'était un vrai bonheur. Je suis très heureux de faire partie de cette aventure. 

On dit souvent qu'en France, les artistes sont mis dans des cases. Vous, vous naviguez avec succès entre la télé, le cinéma, le théâtre. Quel est votre secret ? 

Le travail ! Je pense que les cases, on se met dedans nous-mêmes aussi. Moi, j'ai la chance d'avoir la liberté de décider si j'ai envie de faire un film, une pièce ou une comédie musicale. Et puis, je ne suis pas snob, j'aime aller vers les choses que je ne connais pas. C'est vraiment agréable pour moi de faire l'acteur de temps en temps, c'est plus facile de faire un film ou d'écrire un roman. Ça me libère les méninges et ça me donne de l'inspiration pour la suite.

Quels sont vos projets ? 

Je serai aux manettes de la prochaine cérémonie des Molières, le 24 avril. Après, je vais aller monter Edmond en Argentine, à Buenos Aires. Et en janvier 2024, j'aurai une nouvelle pièce à l'affiche. Ça s'appellera Passeport et ça parlera des réfugiés. L'histoire débutera dans la jungle de Calais et après, il se passera plein de choses…


Rania HOBALLAH

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