Interview

Christophe Beaugrand dans "Tad l’explorateur" : "Faire une voix de dessin animé, c’est un rêve depuis tout gamin"

Propos recueillis par Jérôme Vermelin
Publié le 24 août 2022 à 17h59
Christophe Beaugrand dans "Tad l’explorateur" : "Faire une voix de dessin animé, c’est un rêve depuis tout gamin"

Source : Paramount

L’animateur de TF1 et LCI s’essaie pour la première fois au doublage avec "Tad l’explorateur et la table d’émeraude".
Un film d’animation espagnol déjanté pour toute la famille où il incarne un archéologue à la fois drôle et méchant.
L’occasion d’évoquer avec lui sa rentrée aux commandes de la matinale de la chaîne info, et ses combats plus personnels.

Du Mexique à l’Égypte en passant par Chicago et les berges de la Seine, le vrai-faux Indiana Jones le plus gaffeur de la planète est de retour dans Tad l’explorateur et la table d’émeraude, en salles ce mercredi 24 août. Dans ce troisième volet de la saga d’animation lancée en 2012, le malheureux Tad Stone ouvre un sarcophage et réveille une malédiction qui métamorphose son chien Jeff, son perroquet Bernardo mais aussi cette bonne vieille Momie qui squatte dans son appartement et fait chauffer sa carte bleue entre deux selfies sur Instagram….

Situations délirantes, gags en cascades, punchlines et références pop... Ce film d’animation espagnol n’a absolument rien à envier aux blockbusters américains du genre, bien au contraire. C’est même une alternative séduisante, aussi bien pour les enfants que leurs parents. Côté casting voix, la production française a fait appel à plusieurs stars de la télé. Parmi elles, l’animateur de TF1 et LCI Christophe Beaugrand, qui s’est glissé dans la peau de Ryan, un archéologue qui ne prend pas le héros très au sérieux…

Comment se retrouve-t-on au casting vocal d’un film d’animation comme celui-là ? 

C’est un peu un hasard mais pas seulement. Faire une voix de dessin animé, c’est un rêve depuis tout gamin. Si bien que je n’hésitais pas à en parler autour de moi, par exemple lorsque je couvrais l’enregistrement d’une voix par une personnalité pour "50' Inside". Je disais 'si un jour vous avez besoin de moi ?' (Rires). Et finalement, j'ai été entendu par un ami qui bosse chez Paramount. Après, j’ai passé un casting, mon essai est parti chez les producteurs aux États-Unis pour valider le timbre, la voix, même s’ils ne comprenaient pas ce que je disais.

Parlez-moi de Ryan, votre personnage… 

Honnêtement ? C’est un personnage foncièrement antipathique. Et extrêmement intelligent. Le problème, c’est qu’il le sait ! C’est le patron d’une équipe d’archéologues un peu tyrannique et il a parmi eux un stagiaire, Tad, qu’il méprise beaucoup. Il faut dire que c’est un gros gaffeur. En ouvrant un sarcophage, il déclenche une malédiction qui va l’emmener un partout dans le monde, avec Ryan à sa suite.

Mon personnage me faisait penser un peu à un De Funès : petit, nerveux, et qui amène de l’humour dans le film presque malgré lui

Christophe Beaugrand

Le principal défi, c’est quoi ? Faut-il être vraiment fidèle à la voix originale ? 

On a travaillé à partir de la version anglaise, la version internationale. Le but n’est pas de faire une imitation. Disons que le personnage a une couleur, une humeur, et il faut essayer de retrouver ça. Ce qui est intéressant, c’est qu’on est dirigé par une directrice artistique en charge du doublage qui travaille comme un metteur dirige ses acteurs. On écoutait la voix originale pour l’intention, parfois on changeait un mot pour que je sois plus à l’aise. Il y a aussi l’ingénieur du son qui donne son avis. C’est un vrai travail d’équipe. 

On reconnaît votre voix, mais avec des inflexions particulières. Vous avez mis une petite touche personnelle, non ? 

Ah c’est sûr que ce n’est pas ma voix habituelle ! Heureusement que je ne présente pas mes émissions comme ça ! (Rires). Il y a ce côté nasillard, parce qu’il n’est pas sympathique… Mais drôle en même temps. Ce qui m’a intéressé, c’est son énergie, avec des ruptures de rythme permanentes. Il me faisait penser un peu à un De Funès : petit, nerveux, et qui amène de l’humour dans le film presque malgré lui. Après, ce que j’ai aimé aussi, c’est le fait de se mettre en retrait, quelque part, par rapport à la télévision et à la radio. C’est un exercice qui m’a beaucoup amusé et s’il y a d’autres opportunités, je suis client !

De retour le week-end sur LCI

Christophe, on vous retrouve aux commandes de "La Matinale Week-End" de LCI. Avec, je crois, quelques changements...

C’est une équipe qui gagne... mais on va un peu la changer ! Ce qui ne change pas, c’est le duo que je forme avec Anne-Chloé Bottet à la présentation. Karima Charni revient avec nous pour la culture. En revanche, Olivier Mazerolle a décidé d’arrêter, parce que le rythme devenait un peu dur pour lui. Il sera remplacé par Nicolas Domenach. Isabelle Gounin, à l’économie, arrête aussi et va passer la main à Catherine André. Enfin, Christopher Quarrez part en congé sabbatique une année en Australie et c’est a priori Lydie Harrouche qui nous rejoint. Ce qui plaît aux gens, c’est l’esprit de bande qu’on arrive à insuffler. C’est une matinale d’info et d’humeur que les gens sont contents de retrouver parce qu’il y a une ambiance. Un petit supplément d’âme qui fait que ça fonctionne. 

Le fait que vous veniez du divertissement, de "Secret Story" à "Ninja Warrior", c’est un plus par rapport à d’autres matinaliers ? 

Je suis convaincu que cette double casquette apporte quelque chose. J’aborde l’actu un peu différemment et sur ce genre d’émission d’accueil, il y a une partie animation sur laquelle je me permets peut-être plus de libertés que d’autres. Je pense qu’on peut amener une partie show, sans que ce soit préjudiciable à l’info. On est là pour réveiller les gens, avec de la bonne humeur, on se balance des petites piques aussi. J’ai la chance de faire aussi partie des "Grosses Têtes" de Laurent Ruquier à la radio et je sais l’importance de l’humeur qu’on installe sur un plateau. On se voit en dehors, c’est une histoire entre nous qui existe en dehors de l’antenne. Il faut que ce soit vrai sinon ça se voit et ça s’entend. Surtout lorsqu’on se lève à 3h du matin ! (Rires).

Je m’expose de la même manière que certaines personnalités hétéros. Sauf que là, on voit deux garçons et ça surprend plus

Christophe Beaugrand

D’un point de vue plus personnel, vous n’avez pas hésité à vous engager publiquement, notamment pour défendre votre vie de papa gay. Est-ce un combat que vous avez envie de continuer à porter dans les mois qui viennent ? 

Je ne me vois pas comme un porte-parole, parce que je n’ai pas été élu pour ça. Ce qui est sûr, c’est qu’on a beaucoup de chance lorsqu’on fait ce métier. Il y a beaucoup de choses agréables. Et il y a, à mon sens, une partie de devoirs. Il faut que notre notoriété puisse servir à quelque chose. Il se trouve que je suis engagé sur plein de choses, et notamment contre l’homophobie. Et je pense que la visibilité que je peux donner de ma famille, avec mon mari et mon petit garçon, peut aider certains jeunes homos à se sentir mieux dans leur peau. 

L’idée, c'est de banaliser tout ça ? 

Oui parce que je m’expose de la même manière que certaines personnalités hétéros. Sauf que là, on voit deux garçons et ça surprend plus. Aujourd’hui ça en choque, ça en agace certains. Mais c’est utile. Mon livre, Fils à papa(s), va bientôt sortir en poche, avec un chapitre supplémentaire consacré à toutes les personnes que j’ai pu rencontrer en dédicaces. Et je trouvais que c’était un joli clin d’œil. Je prends la parole, parce que je sais que ça peut faire du bien. Et je le fais sans donner de leçons à personne, sans être revendicatif. Simplement en partageant du positif.

>> Tad l'explorateur et la table d'émeraude de Enrique Gato. Avec les voix françaises de Philippe Bozzo, Christophe Beaugrand, Agathe Lecaron, Elodie Gossuin. Durée 1h30. En salle.


Propos recueillis par Jérôme Vermelin

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