Isabelle Gélinas incarne Monique Olivier dans "La Traque" : "J'avais envie de me confronter à l'horreur"

Propos recueillis par Rania Hoballah
Publié le 15 mars 2021 à 10h35
Dans "La Traque", Isabelle Gélinas joue le rôle de Monique Olivier, la femme de Michel Fourniret.
Dans "La Traque", Isabelle Gélinas joue le rôle de Monique Olivier, la femme de Michel Fourniret. - Source : PHILIPPE WARRIN TF1

EXCLUSIF - Dans "La Traque", ce soir sur TF1, Isabelle Gélinas joue le rôle de Monique Olivier, la femme et complice du tueur en série et prédateur sexuel Michel Fourniret. À mille lieues de son personnage de Valérie Bouley dans "Fais pas ci, fais pas ça", elle livre une performance bluffante.

Elle est méconnaissable. Connu du grand public pour son rôle de Valérie Bouley, la mère fantasque de la série Fais pas ci, fais pas ça, Isabelle Gélinas prête ses traits à Monique Olivier dans La Traque. Inspirée de l'ouvrage La mésange et l'ogresse, d'Harold Cobert, la fiction réalisée par Yves Rénier revient sur l'histoire de Michel Fourniret, tueur en série et prédateur sexuel condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept fillettes, adolescentes et jeunes femmes entre 1987 et 2001. 

Diffusée sur TF1 ce lundi 15 mars, la fiction rend hommage au travail de longue haleine des enquêteurs, tout en levant le voile sur la personnalité trouble de Monique Olivier. Alors qu'ils la prenaient pour une victime, ils vont découvrir qu'elle était en réalité une complice diabolique qui a encouragé son mari dans sa folie meurtrière. Un rôle en or pour Isabelle Gélinas, qui s'est posé des questions éthiques avant de se lancer dans cette entreprise délicate. 

Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous embarquer dans une telle aventure ? 

Le scénario, que je trouvais extrêmement bien construit et pudique. Je trouvais aussi que c'était intéressant de jouer un personnage vivant, même si c'est complexe quand on doit incarner une femme comme Monique Olivier. Ce n'est pas très fréquent...

La fiction s'attache à mettre en lumière la personnalité trouble de Monique Olivier. C'est ce qui vous a intéressée aussi ?

Oui, complètement. On pense que c'est une femme faible, une victime de son mari. Et puis on s'aperçoit en fait qu'elle est ultra intelligente et qu'elle a un QI supérieur à celui de Michel Fourniret. Elle a fait illusion, n’a jamais craqué, ni lâché le moindre indice pendant 150 interrogatoires, ça révèle une force de caractère et une intelligence inimaginables. C'est une femme assez fascinante d'un point de vue de l'espèce humaine. J'avais envie de me confronter à l'horreur, à la rugosité et à l'inhumanité. Je n'ai voulu ni la juger, ni l'excuser, mais l'incarner. 

Comment fait-on pour se glisser dans la peau d'un tel personnage ? 

C'est passé par un besoin de transformation physique. J'ai eu besoin de porter une perruque, de ne pas être maquillée, d'avoir des tenues improbables. J'ai tout lâché sur le plan physique, je n'ai pas fait ma coquette. Ça m'a permis de rentrer dans le personnage sans qu'elle m'imprègne. Une fois que j'ai accepté le rôle, je n'ai plus réfléchi et je me suis jetée dedans. Et j'en suis sortie comme j'y suis entrée. 

Vous êtes-vous posée des questions éthiques avant d'accepter la fiction ? 

Oui bien sûr, on s'attaque à un sujet très particulier, explosif. Évidemment, je me suis posée des questions par rapport aux familles des victimes, par rapport à la morale et à la dignité. Mais ce n'est pas une fiction sordide, on ne voit aucun meurtre, aucune scène de crimes sexuels. Le sujet du film, c'est la ténacité des enquêteurs qui a contribué à l'arrestation de ce couple. 

Il y a beaucoup de fictions sur les tueurs en série, c'est un sujet aussi fascinant que glaçant...

Absolument. Et quand je vois sur Netflix le nombre de documentaires, ça me choque. Nous, on révèle la monstruosité des personnages mais par le biais de l'enquête. À aucun moment, c'est un film qui rend hommage aux Fourniret, évidemment. Ceux qui disent ça n'ont pas vu la fiction. 

Le film qui retrace la pugnacité et la persévérance des enquêteurs qui ont fait un travail de dingue. Sans eux, il y aurait eu d'autres victimes
Isabelle Gélinas

Le fils du couple Fourniret-Olivier a d'ailleurs lancé une pétition pour interdire la diffusion de la fiction qu'il accuse de glorifier son père. Comment réagissez-vous ? 

Ce n'est pas du tout le cas. Je comprends que ce soit dur pour lui qu'on parle encore de ses parents.  Mais une fois encore, aucun d'entre nous n'aurait accepté de jouer dans la fiction si elle glorifiait Michel Fourniret ou sa femme.  

En quoi la fiction était-elle importante à faire ? 

Je pense que c'était important car on ne rend pas souvent hommage à des enquêteurs. Une fois encore, voir des documentaires sur des tueurs en série qui massacrent leur famille, ça me choque plus que ce film qui retrace la pugnacité et la persévérance des enquêteurs qui ont fait un travail de dingue. Sans eux, il y aurait eu d'autres victimes. C'est important de leur rendre hommage. 

Même si vous avez une carrière prolifique, le grand public vous associe au personnage de Valérie Bouley dans Fais pas ci, fais pas ça. Là vous avez un rôle à contre-emploi. 

Oui, mais c'est ça qui est intéressant. En France, on a tendance à nous coller des étiquettes. Moi, je fais du théâtre depuis 35 ans donc je suis habituée à incarner des rôles différents, même si à l'image, c'est plus compliqué. Après, il ne faut pas que l’on m’enferme systématiquement dans des personnages monstrueux. 


Propos recueillis par Rania Hoballah

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