Jack Reacher Never Go Back : les rôles cultes de Tom Cruise

Publié le 13 octobre 2016 à 9h47, mis à jour le 13 octobre 2016 à 15h23
Jack Reacher Never Go Back : les rôles cultes de Tom Cruise

DANS TOUS SES ETATS. Dans "Jack Reacher : Never Go Back", Tom Cruise retrouve le personnage culte du premier volet réalisé par Christopher MacQuarrie. En attendant de le découvrir dans les salles le 19 octobre prochain, petit tour d’horizon sur les différents visages du comédien ayant tourné avec les plus grands, de Steven Spielberg à Stanley Kubrick en passant par Brian de Palma.

TOP GUN 

Auprès du frère de Ridley, Tony Scott, Tom Cruise devient pour longtemps une valeur sûre du Box-Office avec Top Gun. En 1986, on se prenait parfois à imiter cet arrogant jeune pilote, aux prises avec un Val Kilmer glacial (le bien nommé Iceman), tentant avec superbe de descendre les MIG des grands méchants russes et de séduire la belle Kelly McGillis... Comme le chantait Berlin, Take my breath away. Même si c'est parfois assez drôle avec le recul, la mise en scène de Scott demeure extrêmement efficace. L'action est irrésistible et prenante. Cruise incarne ce rôle au premier degré, comme il se doit. Les combats aériens sont haletants. C'est un grand succès que l'on revoit toujours avec plaisir, y compris pour ses défauts. 

LA COULEUR DE L'ARGENT 

Tom Cruise est devenu bankable et peut se mesurer aux plus grands. C'est précisément ce qu'il fait en 1987 dans la Couleur de l'argent où Paul Newman reprenait le personnage qu'il avait créé dans l'Arnaqueur, "Fast" Eddie Nelson. Il prenait sous son aile un jeune prodigue du billard, un peu idiot, arrogant et mal dégrossi, pour en faire un virtuose de l'entourloupe. Cruise tient son rôle de jeune loup impatient d'en découdre, un peu grossier, à l'opposé de l'élégance et de la désinvolture de Newman. Les années 80 rencontrent les années 50. Ce n'est pas le meilleur film de Scorsese, mais l'hommage est touchant, les personnages attachants et Tom y tient bien sa place. 

RAIN MAN 

Dans Rain Man de Barry Levinson, Tom Cruise incarne un golden boy un peu véreux qui risque la ruine et se découvre une conscience. Lorsqu'il enlève son frère autiste, magistralement interprété par Dustin Hoffman, il ne gagne pas la part d'héritage à laquelle il estime avoir droit, mais entreprend un voyage vers sa rédemption. Il retrouve une humanité profonde que sa soif de réussite aveugle lui a fait perdre de vue. Tom Cruise incarne ce rôle avec une belle sensibilité. Ce personnage se permet peu à peu d'être vulnérable et fraternel. Cela le rend bien plus émouvant qu'on pouvait s'y attendre. Il n'est pas lisse et bien davantage qu'un faire-valoir à la performance exceptionnelle de Hoffman.  

NE UN 4 JUILLET 

Sa prestation dans Né un 4 Juillet d'Oliver Stone en 1989 est l'une des plus belles de sa carrière et assurément une étape charnière. Car il se fait l'interprète d'une histoire vraie, celle de Ron Kovic, jeune patriote revenu paraplégique du Vietnam, qui voit chacune de ses illusions et de ses convictions voler en éclats. Si le rôle est si puissant c'est qu'il suit une évolution absolument spectaculaire, une véritable odyssée spirituelle que Cruise dépeint avec une intensité, une fièvre qu'on ne lui soupçonnait guère. Il commence par incarner un personnage conforme à son image, celle d'un jeune homme sportif et volontaire, un winner à l'Américaine à la détermination de fer. Kovic est beau, l'avenir lui sourit, élevé qu'il est dans les valeurs traditionnelles et conservatrices de parents, WASP (blancs, anglo-saxons et protestants) et sans histoires. A la guerre, son destin bascule. Il éprouve l'horreur, la rage et la confusion. Une balle le prive de l'usage de ses jambes. Il découvre alors la souffrance, celle qu'un homme comme lui n'aurait jamais dû connaître.

DES HOMMES D'HONNEUR / LA FIRME 

Dans Des Hommes d'honneur de Rob Reiner en 1992, il adopte l'attitude nonchalante et irrévérencieuse, vaguement canaille, qui a fait sa fortune. Il est un avocat chargé d'enquêter sur une mort survenue à la base de Guantanamo, dirigée par un Marine de la vieille école, Jack Nicholson. Comme devant Dustin Hoffman ou Paul Newman, autres figures légendaires de l'Actor's studio qu'il a côtoyées, Cruise tient son rôle avec une belle rigueur et une grande conviction. Dans La Firme de Sydney Pollack, il explorera de nouveau l'envers du décor, celui d'un grand cabinet d'avocats où il découvre des usages suspects. Le thriller est efficace. La nervosité de Tom Cruise opposée à la rouerie de Gene Hackman sont pour beaucoup dans sa réussite. 

MISSION IMPOSSIBLE 

Avec le premier volet de Mission Impossible, Tom Cruise lance une franchise en 1997, inspirée de la célèbre série télévisée. Avec son Ethan Hunt au centre de l'intrigue et de tous les plans, il devient une figure du cinéma d'action, avec l'énergie nerveuse qui lui est propre. Chaque volet sera marqué par le style (et parfois les travers) du réalisateur choisi : les angles de caméra élégants et audacieux de Brian de Palma, John Woo et ses plans appuyés et esthétisants à l'extrême, JJ Abrams et son action incessante, son intrigue rocambolesque, Brad Bird et son intelligence de cinéma, Christopher MacQuarrie et son appétence pour le cinéma US des années 70. 

ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE 

Le voir choisi pour incarner Lestat, le vampire libertin et immoral de Entretien avec un vampire de Neil Jordan en 1994, avait tout pour inspirer la crainte. Ann Rice, auteur du livre original, fut loin d'être ravie en apprenant ce casting risqué. Pourtant, au vu du résultat, elle n'a pu que s'incliner devant le travail de l'acteur. Son rôle fonctionne par contraste avec celui de Brad Pitt, vampire tourmenté, romantique et droit. Tom Cruise va ici assez loin dans une violence et un sadisme jubilatoire. Il incarne un esthète détraqué, un aristocrate sanguinaire qui prend tout à la légère et n'a absolument aucune morale. Il pimente sa composition avec ce côté espiègle et insouciant qui caractérisait la noblesse du XVIIIème siècle. Il a de plus un côté imprévisible assez délectable. Il connaît un état de grâce inattendu dans ce rôle pour lequel peu l'auraient envisagé. 

JERRY MAGUIRE

Dans Jerry Maguire de Cameron Crowe en 1997, il campe un agent sportif qui, dans un accès de folie et de sincérité, dénonce sa profession corrompue. Tom Cruise passe par tous les états. Il suggère toute l'insécurité d'un homme qui a remis toute sa vie en cause, pour repartir à zéro. Il confère une grande humanité à ce personnage. On s'attend d'abord à évoluer dans l'ambiance survoltée liée à l'univers du sport. Mais l'intrigue se concentre très vite sur les protagonistes et leurs tourments. Aux côtés de la touchante Renée Zellweger, le coeur du film devient l'empathie que l'on éprouve pour ce héros.

EYES WIDE SHUT 

Un autre duo extrêmement marquant et troublant est celui qu'il forme avec Nicole Kidman en 1999 dans Eyes wide Shut de Stanley Kubrick. Le rôle de Cruise est loin d'être évident puisqu'il demeure spectateur de ses fantasmes lors d'une nuit intense et dangereuse. Ce docteur, un peu effacé, se laissera ronger par une jalousie sourde après que son épouse lui ait fait l'aveu d'une trouble tentation. Elle n'y a pas cédé. Mais à la faveur d'un joint, elle lui dévoile sa frustration. Il la découvre méprisante, presque haineuse à son endroit. Il encaisse, sans réellement réagir. Cruise, d'habitude assez exubérant et énergique, joue à contre-emploi. Il est le double du spectateur, masqué et en sourdine, plongé dans un monde qu'il ne contrôle plus. Tout ce qu'il a vécu pendant sa nuit d'errance fantasmatique va se retourner contre lui. Ses rencontres se feront dangereuses (la magnifique Vinessa Shaw, l'énigmatique Sydney Pollack, sa femme qui lui dévoile une part d'hostilité). Il est assez intéressant de voir la nature de Tom Cruise ainsi contrariée. Il se rend totalement -et avec humilité- au point de vue de Kubrick.  

MAGNOLIA 

Tom Cruise compose un personnage hallucinant dans la sublime chorale du Magnolia de Paul Thomas Anderson en 2000. Dans le rôle de Frank T.J McKay, chantre grossier d'une méthode incitant les hommes à ne plus s'humilier devant les femmes, Tom Cruise tient son plus beau rôle. Il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il approche des êtres abjects. On a l'impression qu'il se lâche totalement à débiter des insanités. Il y a surtout cette séquence, absolument déchirante, où il est au chevet de son père mourant. Il a rejeté cet homme avec obstination. Et d'un seul coup, la carapace se fend, il l'assaille de sa rancœur, dans une crise de larmes intense et pleine d'un amour contrarié. Et il est immense. 

LA GUERRE DES MONDES & MINORITY REPORT 

Sa rencontre avec Spielberg est déterminante : Cruise y est à chaque fois un héros solitaire dans un monde qui devient fou. Mais il a cette fêlure, celle d'un homme qui a perdu son fils dans Minority Report en 2002. Il est un père immature qui doit prendre ses responsabilités quand des aliens veulent détruire l'humanité dans La Guerre des mondes en 2005. C'est un fait assez paradoxal de le voir porter les opus les plus sombres du réalisateur et surtout, de s'y montrer faillible. Tom Cruise a pendant longtemps eu une image de "winner" et d'optimiste. Cela ne fait qu'ajouter à la noirceur et au désespoir que ces oeuvres suggèrent en permanence.  

COLLATERAL 

Dans Collateral de Michael Mann en 2004, Tom Cruise joue enfin au tueur à gages, les cheveux gris et l'oeil glaçant, indifférent au cauchemar qu'il fait vivre à un pauvre chauffeur de taxi. Mann joue avec l'image de "gentil" de l'acteur en lui faisant incarner un être impitoyable. Et c'est un vrai choc, comparable à celui qu'on pouvait éprouver devant Henry Fonda dans Il était une fois dans l'Ouest

JACK REACHER

En adaptant les aventures d'un héros méconnu chez nous, réputé aux États-Unis, issu de l'imagination de Jim Grant (alias Lee Child, son nom de plume), Christopher McQuarrie, scénariste doué (Usual Suspects, Walkyrie) et réalisateur sous-estimé (Way of The Gun), soutenu haut et fort par Tom Cruise, renoue avec le grand cinéma américain des années 70. Comme Nicolas Winding Refn avec Drive. A dire vrai, Christopher McQuarrie et Tom Cruise, de la même façon que Nicolas Winding Refn et Ryan Gosling, ont fait un "film hold-up" qui déjoue les attentes, méprise les conventions, trompe sur la marchandise, impose un style et un tempo uniques. Le spectateur a beau être malmené, il comprend tout. 


Romain LE VERN

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