INTERVIEW - Le look en noir et blanc de Jain tranche avec sa musique métissée. À 24 ans, cette fille orchestre, auteure, compositrice et interprète, est le nouveau phénomène de la pop française. Des scènes de festivals aux Victoires de la musique, sa fraicheur, son groove et son énergie bluffent un public de plus en plus large. Rencontre avec une musicienne autodidacte et globetrotteuse.
Ta prestation aux dernières Victoires de la musique a littéralement crevé l’écran. Quelle énergie !
Merci ! On a répété pendant deux jours. C’était génial ! Sur scène, je suis seule avec mes machines mais cette expérience m’a même donné d’ajouter une petite section de cuivres et de percussion derrière moi. On va bientôt sortir la prestation des Victoires en bonus de l’album !
Ton album s’appelle Zanaka, qu’est-ce que cela signifie ?
Ca veut dire "enfant" en Malgache. Mon père travaille pour une compagnie pétrolière, donc on a beaucoup voyagé. On a vécu à Dubaï, Pointe-Noire au Congo-Brazzaville, Abou Dabi puis à Paris. Quand on est ado on vit mal le déracinement : devoir quitter ses amis, redevenir la petite nouvelle dans un nouveau lycée… Mais c’est aussi une chance. C’est en voyageant que j’ai découvert des chanteuses arabes comme Fairuz, la rumba congolaisse, le Malien Oumou Sangaré ou Youssou N’Dour. Ca m’a apporté une nouvelle vision de la musique. Moins binaire.
Te considères-tu comme une bedroom producer, "une productrice en chambre", comme disent les Anglais ?
J’adore l’expression ! C’est vrai que mon mini studio est dans ma chambre où il prend énormément de place d’ailleurs. C’est là que je compose. Mais après je passe tout de même dans un grand studio où je travaille avec Maxime Nucci, alias Yodélice. C’est lui qui m’aide à faire passer mes compositions à un niveau supérieur.
Tu chantes en anglais. c’est de la pudeur ou c’était une évidence ?
Ça me paraissait cohérent pour ce disque que j’ai commencé à écrire à l’étranger. C’est l’album de mes voyages et l’anglais est la langue des voyages. Mais chanter en français est une possibilité. Pas sur tout un album mais sur quelques chansons. J’ai plutôt une culture musicale américaine, j’écoute très peu de musique française à part Bashung, les Rita Mitsouko ou France Gall.
On te compare souvent à Stromae, ça te parle ? Que t'évoque cette comparaison ?
Personne ne peut être comparé à Stromae : c’est un OVNI ! Lui aussi a mis beaucoup de rumba congolaise dans son album. C’est notre point commun. Mais ses textes sont assez dépressifs alors que moi j’ai voulu écrire un album joyeux. J’en avais besoin. C’était thérapeutique. J’écris des chansons pour me consoler de quelque chose: j’ai composé "Come" car je voulais retrouver mes amis et "Hope" parce que le climat est assez tendu dans l’actualité, alors je voulais donner de l’espoir aux gens.
On te sait fan de rap et que tu adores Orelsan. Qu’as-tu pensé de la polémique et du procès autour des paroles jugées misogynes de "Sale Pute" ?
En tant que femme, ça m’embête. Je ne suis vraiment pas fan de cette chanson. Je trouve qu’il en a écrit des biens meilleures. Mais je ne le connais pas personnellement, je ne sais pas s’il le pense ou si c’est du troisième degré…
On t’a vu récemment sur le plateau de l'émission "On n’est pas couché". Tu appréhendais de faire cette émission ?
J’étais totalement flippée ! Ils font quand même super peur les deux affreux (elle fait référence à Léa Salamé et Yann Moix) ! (rires) Parfois ils avaient des questions assez bizarres. On a pas vraiment parlé de musique mais au final ça s’est plutôt bien passé !
Jain sera en tournée à partir du 23 mars. Toutes les dates sur son site officiel
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