Joey Starr : "Le capital sympathie, je m'en bats les reins"

Publié le 21 janvier 2015 à 17h38
Joey Starr : "Le capital sympathie, je m'en bats les reins"

INTERVIEW – C'est un personnage qui fascine autant qu'il agace. Joey Starr a accepté de jouer les jurés dans "Talent Street", le grand concours urbain qui démarre le 3 février sur France Ô. Aux côtés de Mia Frye et de Mathias Dandois, il aura pour tâche de départager les candidats issus de diverses disciplines. Rencontre avec un vrai provocateur.

Avez-vous été étonné qu'on vous propose de jouer les jurés dans Talent Street ?
C'est plutôt eux qui étaient étonnés que je leur dise oui ! Je leur ait dit : "Ok, mais ça dépend combien tu mets sur la table garçon". Je suis assez pote avec Pierre Mathieu qui produit l'émission. Comme je lui ai dit, si l'argent est un facteur non négligeable, le plus important c'est que je sois libre. Je veux pas qu'on vienne me faire chier si je me gratte les couilles à la télé.

Qu'est-ce qui vous plaît dans le concept de ce talent show ?
Ce qui me plaît c'est de pouvoir parler de tout ce qui a fait ce que je suis aujourd'hui. Et puis le fait de savoir aussi le lire chez les autres. Quand j'ai vu les premières images, il y a des choses que j'ai dites qui m'ont touché moi-même parce que même si j'ai pas aimé ce qu'un gamin a fait, au moins il y a eu un échange.

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Comment faire pour juger des disciplines aussi différentes que le skate, la musique ou le BMX ?
C'est ça l'exercice. Mais en vrai, tout ça, c'est de l'art, de l'expression. Ça marche à la sensation que t'a procuré le mec. On n'est pas des comptables mais bon, donner des notes sur 10 c'est pas trop dur.

" Si c'était trop parfait, je me ferai chier la bite"

Contrairement aux autres membres du jury, vous êtes très cash...
Je suis comme je suis. Mes fils qui ont 7 et 9 ans me regardent aussi, et je suis pareil qu'à la maison. Moi je suis là pour défendre un truc. Ce que j'ai à vendre c'est mon amour de ce que je fais et qui a fait de moi ce que je suis. Mais surtout je veux faire comprendre à ces gosses qu'ils ne sont pas encore arrivés. Il faut qu'ils bossent car la vie c'est une compétition. Moi ce que j'aime, c'est quand les mecs se cassent la gueule en roller. J'aime ce côté guerrier.

Culture urbaine et télévision : ce n'est pas un peu antinomique ?
Non parce que les mecs ce sont des amateurs. Si c'était trop parfait, je me ferai chier la bite. Même si, par moments, c'est arrivé comme avec La Bambina dans la version Kids de Talent Street. Devant cette gamine de 14 ans qui rappe comme un mec, j'avais envie de partir. C'est de l'imposture en barre.

Quand on vous embauche, vous êtes conscient que c'est aussi pour votre côté provocateur ?
Si je pense à ça, je ne fais plus rien. Mais si je peux pas faire ce que je veux, même si c'est bien payé, je reste chez moi. De toutes les façons je ne saurai pas faire semblant et à un moment donné ça va déborder.

"A la terrasse des cafés je me mets toujours de dos parce que  j'ai  pas envie qu'on me fasse chier"

Avez-vous été approché pour d'autres talent show comme The Voice ou Nouvelle Star ?
Non, jamais. Je n’ai pas le standing requis. Mon langage ne plaît pas à tout le monde. Et on ne va pas se le cacher, si on vient me chercher pour la provoc, c'est aussi ce qui fait peur aux gens. De toute façon, les émissions lisses c'est pas mon truc. Quand TF1 fait The Voice, ce n’est pas du développement alors que France Ô en fait avec Talent Street. Et même si ce n’est pas parfait au début, on ne peut pas les blâmer d'essayer. Personne n'a encore inventé la téléportation.

Parler de la diversité à la télé aujourd'hui, ça veut dire quoi ?
C'est l'alibi qui fait la raison, ou la raison qui fait l'alibi. Si tu sors de chez toi, tu vois bien que la diversité, elle est partout. Ça veut dire quoi ? Qu'à un moment donné la télévision elle s'intéresse à nous, petit peuple, sous-culture street de mon cul. Dans Talent Street, le mot banlieue est mis à l'index. On parle des talents en devenir.

Avec l'âge et le temps, vous êtes-vous assagi ?
Je suis le plus mal placé pour dire que je me suis assagi. Moi je me sens comme un vieux punk funk, un descendant direct de George Clinton et Parliament. Après il y a un tas de stupides animaux qui ne comprennent pas que parfois on va à la télé parce qu'on a un truc à vendre et que c'est un circuit nécessaire. C'est du business, faut rentrer dedans. Mais je suis désolé, je ne vais pas à la télé pour insulter tout le monde, je le fais déjà de chez moi devant mon poste.

On vous verra prochainement au cinéma dans Les Gorilles, un film sur les gardes du corps de stars. Comprenez-vous la fascination qu'exercent les people ?
Les gens n'ont plus conscience du temps qu'ils perdent en tant que spectateur du néant. De mon point de vue, et c'est toujours pris très mal, mais le capital sympathique je m'en bats les reins, c'est ça qui rend les gens comme nous très cons. Quand je m’assoit à la terrasse d'un café je me mets toujours de dos parce que j'ai pas envie qu'on me fasse chier. Comme je leur dis souvent, "je te dois pas d'argent, alors dégage !". Je suis sincère et sérieux dans ce que j'ai à dire et ce que je fais, mais je vais pas mettre un genou à terre quand je suis dans la rue.

Vous êtes devenu papa récemment. Avez-vous encore foi dans l'avenir ?
Il faut être optimiste sinon on va finir jugé à la Haye à faire des enfants comme ça. Il faut les encadrer les gosses. Quand tu vois la réaction des minots par rapport à tout ce qui s'est passé récemment, on paie la désertion des parents.

Talent Street, à partir du 3 février sur France Ô.


Rania HOBALLAH

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