Succès, scandales et rock n'roll : Johnny Depp fête ses 60 ans

Son apparition sur le tapis rouge du Festival de Cannes, le 16 mai dernier, a déchaîné les passions… à tous les sens du terme. Entre ses admirateurs ravis de le retrouver en haut de l’affiche grâce à son rôle dans Jeanne du Barry de Maïwenn, avec plus de 650.000 spectateurs  - et ses détracteurs toujours choqués par le verdict du procès en diffamation contre Amber Heard, Johnny Depp s’est offert un improbable retour.

Jeudi soir, c’est avec quelques heures d’avance que les fans du groupe The Hollywood Vampires lui ont souhaité son 60ᵉ anniversaire, alors qu’il retrouvait la scène après avoir soigné une vilaine blessure...

Lancé dans une grande tournée dans toute l’Europe, l’acteur-rockeur se produira notamment au Hellfest à Clisson le 15 juin et au Zénith de Paris le 25 juin, avant de rejoindre les États-Unis au cours de l’été. S’il sera sans doute ravi de retrouver son public américain, c’est bel et bien de ce côté de l’Atlantique que semble se jouer la suite de sa carrière.

Sur un plan personnel d’abord. Lorsqu’il ne fait pas escale dans sa propriété du Var, comme lors de sa visite à Cannes, Johnny Depp passe le plus clair de son temps libre au Royaume-Uni. Plus précisément dans le comté du Somerset, où il possède une somptueuse demeure du XIXᵉ siècle, située sur une propriété de 45 hectares.

Et puis côté professionnel, c’est en Europe qu’on continue de lui faire confiance. Il y a ce contrat de 20 millions de dollars signé par Dior pour qu’il reste le visage du parfum Sauvage. Mais aussi le tournage à l’automne prochain de Modi, son deuxième de réalisateur, 26 ans après le flop de The Brave. Avec une présentation à Cannes en 2024 en ligne de mire ? On en est encore loin…

Comme on s’en est aperçu le mois dernier sur la Croisette, l’image de Johnny Depp reste "brouillée" auprès d’une partie du public. De Cry Baby à Edward aux mains d’argent en passant par Dead Man et Sleepy Hollow, ses grands rôles du passé ont fait de lui l’un des acteurs les plus admirés de génération. Mais la manière dont le procès en diffamation face à Amber Heard s’est déroulé suscite toujours une forme de malaise, voire de colère.

En février dernier, un documentaire de Cécile Delarue diffusé sur France 5 a en effet montré comment Amber Heard avait été humiliée par les "raids" d’internautes misogynes, déterminés à décrédibiliser auprès de l’opinion publique. Ont-ils eu un impact sur le verdict du jury ? Ont-ils été alimentés, de près ou de loin, par les équipes de son ex-mari ? Dire que le doute subsiste est un euphémisme. 

À Hollywood, en tout cas, on ne semble pas pressé de tendre la main à Johnny Depp, en dépit des centaines de millions de dollars que ses films ont rapporté. En mars dernier, le producteur Jerry Bruckheimer déclarait pourtant qu’il "adorerait" faire revenir l’interprète de Jack Sparrow dans un nouvel opus de la saga Pirates des Caraïbes.

Du côté de Disney, qui avait viré la star de la franchise après les accusations de violences conjugales d’Amber Heard, on se montre plus prudent. "Aucun engagement n’a été pris à ce stade", déclarait il y a quelques jours Sean Bailey, le président de Disney Studios Motion Picture Production dans le New York Times. 

Pour comprendre les réticences des grands studios à son égard, il faut relire l’enquête publiée à l’automne par The Hollywood Reporter. "On ne lui a jamais dit non pendant 35 ans", résume un producteur. "C’est fréquent dans ce métier. Mais je n’avais jamais vu ça à ce point."

Entre les excès en tous genres, des retards chroniques sur les tournages et un train de vie invraisemblable, poussant ses agents à réclamer des cachets toujours plus monstrueux, Johnny Depp appartient peut-être à une époque révolue à Hollywood, à l’heure où de jeunes stars bien plus lisses occupent le haut de l’affiche.

Le principal intéressé est en peut-être conscient lorsqu’on relit ses déclarations lors de la conférence de presse de Jeanne du Barry. "Est-ce que je me sens boycotté maintenant ?", rétorquait-il à une question sur le sujet. "Non, pas du tout. Je ne me sens pas boycotté par Hollywood parce que moi, je n’y pense pas." Le mot de la fin ?