Procès Johnny Depp : et si Amber Heard avait encore des raisons d'y croire ?

Publié le 6 décembre 2022 à 18h45, mis à jour le 6 décembre 2022 à 21h32

Source : TF1 Info

Condamnée en diffamation à l’encontre de son ex-mari, la comédienne a officiellement déposé sa demande de procès en appel, fin novembre.
Pour l’obtenir, la jeune femme et ses avocats mettent en avant la défense de la liberté d’expression, garantie par la Constitution américaine.
Un élément crucial d’un dossier complexe, dont l’épilogue n’est pas attendu avant plusieurs mois.

C’est un feuilleton dont personne ne semble voir le bout. Six mois après avoir été reconnue coupable de diffamation envers Johnny Depp, Amber Heard a officiellement fait appel de sa condamnation à 10 millions de dommages et intérêts. Les médias américains révèlent en effet que les avocats de la jeune femme ont déposé leur demande le 23 novembre devant la cour d’appel de Virginie. Leur objectif ? Faire valoir le respect du Premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté d’expression. 

Au tribunal de Fairfax, Amber Heard était poursuivie pour une tribune publiée dans le Washington Post, en 2018, dans laquelle elle se présentait comme une survivante de violences conjugales. Jamais elle ne citait le nom de Johnny Depp, dont elle avait divorcé un an plus tôt. Mais ce dernier estimait que tout le monde l’avait reconnu et que les insinuations de l’actrice lui avaient coûté de juteux contrat à Hollywood, à commencer par sa place dans la saga Pirates des Caraïbes. S’agit-il de diffamation pour autant ? 

Un appel pour "toutes les femmes"

Dans le lourd dossier de 68 pages remis à la justice, Amber Heard avance qu’elle n’aurait jamais dû être poursuivie pour ce qui ne représente, selon elle, qu’une simple opinion. Si sa condamnation venait à être confirmée ou pire, si on lui refusait un procès en appel, "cela aurait, sans aucun, doute un effet terrifiant sur toutes les femmes qui souhaitent parler des abus qui impliquent des hommes puissants", écrit-elle. C’est dans cet esprit qu’elle a reçu, le mois dernier, le soutien public d’une centaine de personnalités spécialisées dans la lutte contre les violences sexuelles.

Dans sa demande de procès en appel, Amber Heard dénonce également la décision de faire juger l’affaire en Virginie plutôt qu’en Californie où résidaient les deux parties au procès à l'époque. Johnny Depp et ses avocats avaient mis en avant le fait qu’il s’agissait de l’État où est imprimé le Washington Post. Mais pour la défense d’Amber Heard, le but était en réalité de contourner la législation californienne qui rejette la plupart des procédures en diffamation dans les affaires de violences… afin de protéger la liberté d’expression.

Une contradiction majeure dans le verdict ?

Tout au long de ce document, les avocats de l’actrice ont dans leur collimateur la juge Penney Azcarate. Selon eux, elle n’aurait jamais dû accepter de se saisir de cette affaire, pour toutes les raisons citées précédemment. Mais aussi parce qu’"une autre cour de justice a conclu que Johnny Depp avait violenté Amber Heard en de multiples occasions". Ils font en effet référence au procès en diffamation intenté et perdu en 2020 par l’acteur au Royaume-Uni contre le tabloïd The Sun qui l’avait décrit comme un "cogneur de femmes". 

Pour Dominic Patten, le journaliste du site Deadline qui suit l’affaire, c’est un autre aspect de procès en Virginie qui pourrait convaincre la justice de donner une seconde chance à Amber Heard. Si les sept jurés ont jugé l’actrice coupable, ils ont également condamné Johnny Depp à lui verser 2 millions, estimant que l’un des avocats de la star avait diffamé la jeune femme en l’accusant dans la presse d’avoir organisé un "coup monté" contre son ex-mari. Une contradiction que peu de médias ont relevé à l’époque, titrant sur la victoire de l’interprète de Jack Sparrow.

"Pour donner raison à Johnny Depp, le jury a dû conclure qu’il n’avait pas agressé Amber Heard et que cette dernière avait menti", soulignent les avocats de l'actrice, qui a toujours maintenu ses accusations. "Mais pour donner également raison à Amber Heard, ils ont dû conclure qu’elle avait dit la vérité en se présentant comme une victime de violences conjugales. Dans ce cas, la première décision ne tient pas". Les avocats de Johnny Depp le savent très bien et c’est sans doute pour cela qu’ils contestent, eux aussi, l’amende qui a été infligée à leur client.

La suite ? La loi de l’État de Virginie prévoit que la demande de procès en appel soit étudiée par un groupe de juges, sans précision sur le calendrier. Si l’un des deux partis devait s’estimer lésé, il ou elle aurait encore la possibilité de saisir la Cour Suprême de Virginie. À moins que Johnny Depp fasse un geste en faveur de son ex-épouse et renonce à lui faire payer les 10 millions de dollars auquel elle a été condamnée. Et qu’elle serait de toute façon incapable de payer, ruinée par une interminable bataille judiciaire et médiatique.


Jérôme VERMELIN

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