Roger Michell, réalisateur de "Coup de foudre à Notting Hill", signe un incroyable documentaire posthume sur la femme la plus célèbre au monde.Un portrait savoureux qui mêle images d’archives, séquences de films et grands hits de la musique britannique."C’est du pur cinéma", nous explique le producteur Kevin Loader avant les projections uniques programmées pour le début du jubilé.
On pensait avoir tout vu, tout lu et tout entendu sur elle. Mais à 96 ans, Elizabeth II réserve encore quelques surprises. La BBC diffuse ce dimanche 29 mai The Queen Unseen - la reine secrète -, un documentaire composé d’images capturées dans le cocon familial des Windsor qui n’avaient encore jamais été partagées. Les spécialistes de la royauté qui ont pu le voir en avant-première ont parlé de leur émotion en découvrant la souveraine sous un autre jour. On a pleuré aussi, ri beaucoup, devant un autre film beaucoup moins conventionnel mais au titre on ne peut plus adéquat.
Car Elizabeth II, regard(s) singulier(s) offre une perspective rafraîchissante sur cette femme devenue le roc immuable d’un monde en changement permanent. La reine d’Angleterre est d’emblée présentée comme l’héroïne d’une pièce de théâtre dont Buckingham Palace serait la scène principale. Un point de vue sacrément original qui dresse un portrait morcelé mais complet, à déguster comme un puzzle. Le résultat ? Un objet de pop culture qui fait s’imbriquer avec une malice déconcertante des archives souvent inédites à des monuments de l’art, de la musique ou du cinéma.
On ne voulait pas de voix-off, pas d’intervenants, pas de médiations mais simplement présenter des images et de la musique
Kevin Loader, producteur
Elizabeth II est aussi bien comparée à la Joconde qu’à la Cléopâtre d’une autre Elizabeth, Taylor, alors que résonnent les tubes de Madness, David Bowie ou du rappeur britannique Stormzy. "Je crois que c’est du pur montage, du pur cinéma. Nous voulions proposer une expérience de cinéma où vous pourriez emmener votre grand-mère ou vos enfants. On ne voulait pas de voix-off, pas d’intervenants, pas de médiations mais simplement présenter des images et de la musique pour vous permettre de vous faire votre propre avis sur elle", nous explique depuis Londres le producteur Kevin Loader. Derrière ce "on", se cache son partenaire de toujours.
Le cinéaste Roger Michell a mis le point final à son projet "le jour de sa mort" en septembre dernier à l’âge de 65 ans. "Il a donné ses dernières remarques puis il est rentré chez lui pour aller chercher ses filles à l'école. Le lendemain matin, j'ai reçu un appel à 6 heures m’annonçant la terrible nouvelle", nous relate son producteur. Le réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill et The Duke a eu l’idée de faire un "documentaire à partir d’archives" lors du premier confinement au printemps 2020.
On ne nous a pas demandé de changer ou retirer quoi que ce soit
Kevin Loader sur la réaction de Buckingham
"Il voulait parler de la reine et je lui ai répondu : 'Mon dieu ! Il faut qu’on fasse en sorte que ça ne ressemble à rien d’autre'. Parce qu’au Royaume-Uni, il y a un documentaire sur la famille royale presque tous les jours à la télévision", se souvient Kevin Loader, qui rappelle que la reine "est partout" outre-Manche. "Sur nos billets de banque, sur nos pièces. On la porte littéralement dans nos poches", sourit-il. Pas monarchiste pour un sou, il souligne néanmoins "son grand respect" pour la nonagénaire.
Elizabeth II "est la femme la plus célèbre du monde et pourtant on ne sait pas grand-chose de ce qu’elle pense vraiment. Il y a quelque chose de très ordinaire et modeste chez elle. Et pourtant, elle est la quintessence de la royauté", note Kevin Loader. Autant de paradoxes que le documentaire met en lumière de la plus ludique des façons. Chaque pièce de sa vie est évoquée, de son couronnement à son annus horribilis en 1992, de son histoire d’amour avec le prince Philip à sa passion pour les courses hippiques, de l’interview de Meghan et Harry chez Oprah aux ennuis judiciaires du prince Andrew. Aucun tabou, aucune censure.
"On ne nous a pas demandé de changer ou retirer quoi que ce soit", nous assure celui qui a dû frapper à la porte de Buckingham pour obtenir certaines archives. "Ils voulaient connaître le contexte dans lequel on allait les utiliser. On leur a répondu qu’on ne pourrait pas être précis tant que le film n’était pas fait. Ça a été un peu délicat pour eux mais au final, ça a été. Ils nous ont donné accès aux images en précisant que ça n’avait pas valeur d’approbation. Le vrai défi, c’était leur nombre. Il y avait des centaines et des centaines d’heures. La plus ancienne archive avait 90 ans, la reine était enfant", détaille-t-il. Pour trouver les chansons parfaites, la production s’en est remis au directeur musical Ian Neal qui a même décroché les droits de deux titres des Beatles.
Un sens de l'humour à toutes épreuves
"Il n'y a qu’une chanson que nous n’avons pas pu avoir, 'God save the Queen' des Sex Pistols. Nous avions une version acoustique mais comme le groupe ne se parle plus…", confesse-t-il. Au tout début du film, c’est la voix de Robbie Williams qui résonne sur "Let me entertain you" - "laissez-moi vous divertir". La promesse est tenue tout du long, tout comme celle de l’émotion. Comme l’impression de découvrir une nouvelle facette d’Elizabeth II alors qu’elle fête ses 70 ans de règne. "Je pense que l'une des choses qui ressort du documentaire, c’est son grand sens de l'humour. Elle est elle-même pince-sans-rire et pleine d’esprit. J’ai toujours voulu penser que quand elle rentrait chez elle après une cérémonie très protocolaire, elle devait bien rire avec le prince Philip une fois la porte fermée !", s’amuse Kevin Loader.
Une copie du film se trouve à Buckingham. Mais impossible de savoir qui y a jeté un œil. "J'ai écrit à la reine et je lui ai offert un exemplaire en lui disant que je serais honoré et humble si elle le regardait. Je pense qu’elle rirait, même si je ne suis pas sûre qu’elle serait une grande fan de Stormzy. Qui sait !", avance-t-il en riant. Seule certitude : une projection sera très prochainement organisée à Clarence House, la résidence du prince Charles et de son épouse Camilla. Sans que leur présence ne soit encore confirmée.
>> Elizabeth II, regard(s) singulier(s) – séances exceptionnelles le jeudi 2 à 20h et le dimanche 5 juin à 16h dans certains cinémas Pathé
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