Un meurtre diffusé en direct : le fils de l'actrice Firmine Richard condamné à 19 ans de prison

Publié le 10 février 2023 à 18h22
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Keneff Leauva était jugé pour avoir poignardé un internaute après une dispute en ligne.
Un homicide glaçant diffusé en direct sur internet.
Âgé de 40 ans, cet addict aux réseaux sociaux a écopé de 19 ans de réclusion.

Pour ne pas perdre sa réputation de "clasheur" sur les réseaux sociaux, il a ôté la vie. La cour d'assises de Seine-Saint-Denis a condamné ce vendredi l'influenceur Keneff Leauva à 19 ans de réclusion pour le meurtre d'un autre internaute après une dispute en ligne. Fils de l'actrice Firmine Richard (Huit femmes, Romuald et Juliette, Les Profs 2...) chez laquelle il vivait encore, l'accusé âgé de 40 ans avait poignardé à mort en avril 2021 Mamadi T., alias "Moussa VR6". Un homicide glaçant diffusé en direct sur internet.

La victime s'était présentée à 6 heures du matin au domicile de la comédienne à Pantin pour s'expliquer après une altercation devant 500 spectateurs sur l'application de vidéo en direct Bigo Live, dont la communauté se délecte des "clashs" et "affichages" en tous genres.

Une dérive collective en ligne

Après à peine une heure et demie de délibération, la cour d'assises a retenu une peine en deçà des 25 années de réclusion criminelle requises par le parquet. Le jury a considéré que Keneff Leauva n'a pas prémédité son geste, écartant donc le chef d'assassinat. Avec de nombreux internautes appelés à la barre pour témoigner, ce procès d'une semaine a mis en lumière comment la radicalisation individuelle d'un homme s'est inscrite dans une dérive collective en ligne, au point de brouiller les frontières du réel et du virtuel.

Une kyrielle d'utilisateurs venus de toute la France, de tous milieux et tous âges, a plongé la cour dans l'atmosphère toxique du microcosme du live-streaming, née avec l'application Periscope en 2015-2016. Après des débuts relativement insouciants, "petit à petit, il y a eu des embrouilles, des clashs, des affichages qui sont montés d'escalade en escalade", a relaté l'une des utilisatrices.

Du harcèlement poussé à l'extrême

Dans ce panier de crabes, on s'invective dans des "rooms à clash" très populaires, on intrigue sans arrêt, on médit sur les "amis" d'hier, on se monte les uns contre les autres... Le harcèlement y est poussé à l'extrême, pouvant aller d'appels téléphoniques malveillants à la publication de vidéos pornographiques en représailles ("revenge porn"). S'étant fait initialement connaître dans ce petit milieu en documentant son quotidien de chauffeur de VTC, Keneff Leauva y a gagné en notoriété en adoptant une posture virulente et agressive.

"Il a compris un truc, c'est que sur l'application, si je me filme en train de chanter, de jardiner, je vais avoir dix personnes qui vont voir mon live. Mais si je suis dans les bagarres, les insultes, les déplacements pour aller taper des gens, je sais que je vais avoir toute une communauté", a résumé un autre internaute.

Crois-moi, il va plus chanter sur internet lui

Keneff Leauva

Cette réputation en ligne, Keneff Leauva n'hésite pas à la défendre hors ligne en traversant la France pour se castagner avec un contradicteur. Cet engrenage de la violence lui a déjà coûté une phalange arrachée dans une bagarre et un séjour de quelques mois en prison. Lorsque Mamadi T. se présente à son domicile au petit matin en compagnie d'une autre internaute, Keneff Leauva est donc persuadé que son adversaire vient pour le frapper et diffuser son humiliation sur Bigo Live.

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"Après, les gens en auraient ri : 'C'est la deuxième fois que Keneff le bagarreur se mange une branlée sur les réseaux !'", a-t-il grincé dans le box des accusés. Dans la bagarre qui s'ensuit entre les deux hommes, Keneff Leauva, qui s'est saisi d'un couteau de cuisine sur l'égouttoir en sortant, en met trois coups au thorax de son adversaire. Sa défense et lui-même ont soutenu qu'il n'avait toutefois pas l'intention de tuer.

Rentré chez lui, Keneff Leauva débriefe le match sur Snapchat avec une amie virtuelle avant que les policiers ne viennent l'arrêter. "Crois-moi, il va plus chanter sur internet lui", se vante-t-il. "Je ne pensais pas que c'étaient des coups fatals, je pensais que c'étaient des poinçons. J'me disais 'J'ai mis des piques, il va se faire recoudre'", s'est-il justifié à l'audience. 


Rania HOBALLAH

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