Keziah Jones, Tété, Zaz... Ces artistes pour qui tout a commencé dans le métro parisien

par Charlotte ANGLADE
Publié le 23 novembre 2017 à 23h31
Keziah Jones, Tété, Zaz... Ces artistes pour qui tout a commencé dans le métro parisien

RÉVÉLATIONS - Pour réussir, nombreux sont les artistes à avoir confronté leurs talents aux usagers du métro parisien. Une rampe de lancement qui a permis aux plus talentueux, mais aussi aux plus chanceux, de passer de l'ombre à la lumière. LCI vous présente quelques-uns d'entre eux.

Lorsque l'on n'est pas fille ou fils de, percer dans la musique n’est pas toujours une mince affaire. Alors pour se faire connaître, certains n’hésitent pas à se tourner vers "la plus grande scène musicale de France". Et il ne s’agit ni du Stade de France, ni de la U Arena, à Nanterre, mais bien du métro parisien. Car dans ses couloirs ornés de petits carreaux blancs se croisent chaque jour plus de 5 millions de personnes. Soit autant de chance de capter une oreille qui peut tout faire basculer, ou tout au moins de se constituer un public fidèle. C’est ainsi qu’au fil du temps, des dizaines de chanteurs et de musiciens ont fait leurs premiers pas sur le réseau de la RATP, dans le va-et-vient des voyageurs, avant de pouvoir se produire sur une vraie scène de concert.

Keziah Jones

Dans les années 90, les voyageurs du métro croisent quotidiennement un jeune nigérien du nom de Keziah Jones. Avec ses airs de Prince et de Jimi Hendrix, il mêle blues et funk dans un savant mélange, qu'il nomme le blufunk. Si son talent interpelle chaque jour l'oreille des passants, c'est celle d'un producteur, en 1991, qui va changer sa vie. Il sortira un an plus tard son premier album, Blufunk Is A Fact! De celui-ci sortira un tube planétaire : Rythm is love.

Benjamin Clementine

Habité par sa passion, la musique, Benjamin Clementine plaque tout à 16 ans pour rejoindre Paris, la ville d'Erick Satie, son idole. Depuis Londres, où il habite avec sa famille, il prend un aller simple pour la capitale française, sans contact ni point de chute. Sans domicile fixe, il chante de sa voix à la fois grave et puissante, sur la ligne 2 du métro parisien. Tantôt accompagné par une guitare ou un piano-jouet, l'artiste fait résonner dans les wagons des sonorités folks, blues ou soul. Il est finalement repéré par un producteur et enregistre un premier EP en 2013, où figure la composition "Cornerstone". La presse est tout de suite conquise. Avec 200 chansons à son répertoire, il a déjà sorti deux albums, At Least for Now et I Tell a Fly.

Zaz

Originaire d'Indre-et-Loire, Zaz, de son vrai nom Isabelle Geffroy, étudie la musique depuis toute petite. En grandissant, elle navigue durant plusieurs années entre des groupes de musique aux styles éclectiques (blues, jazz, rock, variétés basque...). Mais lorsqu'elle rejoint Paris, la chanteuse se produit seule dans un cabaret où elle joue tous les soirs de 23h à 4h du matin. Lassée de ce rythme de "fonctionnaire de la musique", elle plaque tout et part chanter dans la rue, et dans le métro. C'est finalement au fil des expériences, et grâce à sa réponse à une petite annonce de l'auteur-compositeur Kerredine Soltani qui cherchait une artiste avec une voix "rauque un peu cassée", qu'elle perce finalement. Il lui écrit Je veux et lui trouve une société de production et un éditeur. Aujourd'hui auteure de quatre albums, elle a également remporté les prix "Chan­son Révé­la­tion de l'Acadé­mie Charles-Cros", "Victoire de la musique de la chan­son origi­nale", puis "l'Euro­pean Border Brea­ker Awards".

William Baldé

Son titre, "Un rayon de soleil", est resté neuf semaines en tête des ventes de 2008. Pourtant, tout n'était pas gagné pour William Baldé. Parti à Paris pour devenir avocat, le Guinéen préfère finalement jouer de la musique dans les wagons du métro que d'aller en cours. Il y interprète des standards de la pop et de la soul. En parallèle, il créé 24 Jam, puis joint YUBA. Le groupe afro-soul fait la première partie de The Eagles, Jamiroquai, Diana King, avant de disparaître. C'est finalement sa rencontre avec Christophe Maé dans un bar du sud de la France en 1999 qui change le cours des choses pour le chanteur. William Baldé assure quelques années les premières parties de sa tournée et sort, en 2008,  son premier album,"En corps étranger". Le premier titre est "Rayon de soleil".

Tété

A 15 ans, Tété reçoit sa première guitare. Comme beaucoup d'étudiants passionnés de musique, il navigue durant ses années d'études, de groupe en groupe, compose et écrit quelques textes. Mais loin d'en rester au stade du loisir, cette passion va l'amener jusqu'à vouloir en faire son métier. Alors qu'il habite dans le nord-est de la France avec sa mère, Tété commence à sillonner les routes pour jouer dans les bars de sa région. Il monte finalement à Paris en 1998, à 23 ans, et commence à jouer dans les bars, la rue et le métro. Il monte en parallèle un groupe avec deux amis et se fait rapidement repérer par divers labels. Son premier album, "Preambule", convainc les critiques, qui le comparent entre autres à Keziah Jones. Aujourd'hui, Tété fait partie du paysage de la chanson française.

Lââm

L'enfance de Lââm, dans les années 70, n'a pas été toute rose. Placée dans un foyer dès l'âge de 6 ans à cause de difficultés familiales, Lamia, de son vrai nom, ne suit que difficilement l'école. En grandissant, elle côtoie de près la délinquance, mais développe en parallèle une passion pour la musique. Lorsqu'elle atteint la majorité, la jeune fille tente de percer, en chantant notamment dans la rue et dans le métro. Mais c'est finalement au club du Hot Brass, à Bastille, que la roue tourne. Alors qu'elle y interprète ses chansons, elle y rencontre deux compositeurs, SDO et FB Cool, qui lui font rencontrer le producteur Hervé Benhamou. Son premier single, "J'ai le feeling", sort fin 1997. De là, sa carrière est lancée. Elle a aujourd'hui vendu plus de 4 millions de disques.

Emji

Originaire de Champagne, Emji rêve de devenir chanteuse depuis son adolescence. Se produisant dans bals et cabarets locaux,  elle prend rapidement le chemin de Paris, où elle se donne dans les bars et le métro. Accompagnée de sa guitare, elle interpelle les nombreux passants de la station République. C'est finalement l'un de ses fans qui lui permet d'accéder à la lumière en lui offrant un billet de train pour les auditions de La Nouvelle star 2015, à Lyon. La chanteuse, qui n'avait pas les moyens de se l'offrir, remporte la finale à 28 ans. Elle est aujourd'hui l'auteure d'un album, Folies Douces.

Tous les six mois, 300 artistes, sélectionnés parmis 2.000 candidats, sont accrédités par la RATP pour jouer dans le métro.


Charlotte ANGLADE

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