La justice estime insuffisante l'interdiction aux moins de 16 ans du film "Nymphomaniac"

par Jennifer LESIEUR
Publié le 13 juillet 2016 à 8h43
La justice estime insuffisante l'interdiction aux moins de 16 ans du film "Nymphomaniac"

CARRE BLANC - Le visa d'exploitation en France de la version longue du film "Nymphomaniac, volume 1" du réalisateur danois Lars von Trier, avec Charlotte Gainsbourg en tête d'affiche, a été annulé par la justice mardi 12 juillet. La cour d'appel a estimé que son interdiction aux seuls mineurs de moins de 16 ans était "insuffisante".

Rendue publique mardi 11 juillet, cette décision de la cour administrative d'appel de Paris a été prise à la suite d'une action engagée par deux associations, dont Promouvoir, proche des catholiques traditionalistes. La ministre de la Culture devra réexaminer l'interdiction portée sur Nymphomaniac et accorder un nouveau visa, autorisation administrative nécessaire à toute exploitation dans les salles.

Dans ce sulfureux diptyque sorti en janvier 2014, le cinéaste danois Lars von Trier retrace le parcours érotique d'une femme, de son enfance jusqu'à ses 50 ans, raconté par le personnage principal, Joe, nymphomane autoproclamée interprétée par Charlotte Gainsbourg. Pour la version courte de Nymphomaniac, l'association Promouvoir était déjà parvenue à ce que soit relevé en 2014 l'âge légal à 16 ans pour le premier volet et 18 ans pour le deuxième.

Des gros plans que les mineurs ne sauraient voir

Chaque volet dure deux heures, alors que le projet du cinéaste portait sur 5 h 30. La version longue "non censurée" du volume 1, plus longue de 30 minutes, présentée pour la première fois à la Berlinale en février 2014, contient encore plus d'images de sexes en gros plan.

La cour a estimé que le film "comporte des scènes à caractère sexuel, filmées en gros plan, de manière parfaitement réaliste et appuyée, sans aucune dissimulation des organes génitaux des personnages". De ce fait, elle indique avoir pris cette décision "en application de la réglementation actuellement en vigueur et de la jurisprudence du Conseil d'Etat dégagée en 2015 à l'occasion de l'examen du visa attribué au film Love".

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L'association Promouvoir avait en effet réussi à faire interdire aux moins de 18 ans (au lieu de 16 ans avant) Love de Gaspar Noé, en raison de scènes de sexe non simulées. Promouvoir a également obtenu que l'interdiction aux moins de 12 ans de La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche soit réexaminée et que le visa d'exploitation d'un autre film de Lars Von Trier, Antichrist, soit annulé.

La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a annoncé en février dernier que les textes régissant l'interdiction des films aux moins de 18 ans allaient être modifiés.Un article du code du cinéma entraîne aujourd'hui une interdiction "automatique" d'un film aux mineurs lorsque celui-ci "comporte des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence".

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Jennifer LESIEUR

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