La justice renvoie dans les cordes l'agresseur présumé d'Edouard Louis

par Judith KORBER
Publié le 15 avril 2016 à 19h32
La justice renvoie dans les cordes l'agresseur présumé d'Edouard Louis

TOUTE UNE HISTOIRE - Le tribunal de grande instance de Paris a débouté ce vendredi l'homme qui s'était reconnu dans le livre d'Edouard Louis "Histoire de la violence". Dans ce roman, l'auteur raconte comment il a été violemment agressé et violé chez lui par un garçon rencontré dans la rue.

Le chapitre est clos. Le tribunal de grande instance de Paris a rejeté la demande de l'agresseur présumé d'Edouard Louis qui attaquait le romancier pour atteinte à la vie privée et à la présomption d'innocence. Le plaignant, qui réclamait 50 000 euros de dommages et intérêts, arguait s'être reconnu dans le dernier livre de l'auteur : Histoire de la violence.

Dans ce roman d'autofiction, Edouard Louis raconte une nuit d'horreur survenue lors du réveillon de 2012. Après avoir passé une soirée chez des amis, le jeune homme rentre à pied chez lui quand il rencontre par hasard dans le quartier de République Reda, un Kabyle d'une trentaine d'années. Celui le drague ouvertement et Edouard Louis finit par l'inviter chez lui. Après avoir fait l'amour, tout dérape. L'homme devient violent. Il frappe, menace avec une arme et viole son hôte.

L'agresseur mis en examen

Traumatisé, Edouard Louis porte plainte au petit matin. Le livre s'arrête là. Dans la réalité, grâce à un prélèvement d'ADN, l'agresseur présumé a été interpellé. Mis en examen en début d'année, il a été placé en détention. Alors que la justice connaissait jusqu'à présent cet agresseur présumé comme Reda M, c'est avec une autre identité que l'homme s'est présenté devant le juge, celle de Riadh B.

Au-delà de de problème d'identité, le juge a estimé que les descriptions faites dans Histoire de la violence étaient "insuffisamment caractéristiques" pour que l'on puisse reconnaître l'agresseur et qu'elles pouvaient "s'appliquer à un très grand nombre d'individus".

Une démarche "cynique ou stupide"

"Soit cet homme est coupable et la démarche est cynique, soit il est innocent et la démarche est stupide", a commenté maître Bénédicte Amblard pour les éditions du Seuil. Me Emmanuel Pierrat et Me Julien Fournier, les avocats de l'écrivain, qui s'était fait connaître avec son premier livre En finir avec Eddy Bellegueule, se sont, eux, félicités d'un "signal fort émanant de l'institution judiciaire, protégeant la liberté de création".

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