BUZZ - Voici donc la comédie qui s'est attirée les foudres des autorités russes et qui fait rire jaune. "La mort de Staline", comédie enjouée du réalisateur britannique Armando Iannucci, traite comme une farce la lutte au sein de la garde rapprochée de Staline après sa mort en 1953.
Dans la nuit du 2 mars 1953, un homme se meurt, anéanti par une terrible attaque. Cet homme, dictateur, tyran, tortionnaire, c'est Joseph Staline. Et si chaque membre de sa garde rapprochée - comme Beria, Khrouchtchev ou encore Malenkov - la joue fine, le poste suprême de Secrétaire Général de l'URSS est à portée de main. En salles mercredi, La Mort de Staline sort en France en pleine crise diplomatique entre la Russie et plusieurs pays occidentaux, à la suite de l'empoisonnement début mars au Royaume-Uni de l'ex-espion Sergueï Skripal et de sa fille, attribué à Moscou.
Bien avant ces fortes tensions diplomatiques, ce long métrage de Armando Iannucci avait provoqué une crise en Russie où il a été considéré comme une comédie "extrémiste" qui "s'en prend à des symboles nationaux russes". Le film a vu sa licence de distribution annulée par le ministère de la Culture deux jours avant sa sortie en Russie, en début d'année. Un cinéma moscovite qui a diffusé le film a même écopé d'une amende.
Iannucci, connu pour ses satires politiques, voulait au départ se pencher sur la figure d'un dictateur avant de découvrir le roman graphique des Français Fabien Nury et Thierry Robin, dont il a apprécié la dimension à la fois cruelle et comique. Il l'a porté à l'écran avec une distribution enlevée, réunissant Steve Buscemi ("Fargo"), Jeffrey Tambor ("Transparent") et l'acteur de théâtre Adrian Mcloughlin dans le rôle du "Petit père des peuples".
Notre intention était de réaliser un film drôle qui désarçonne
Armando Iannucci
Mené tambour battant, le film, tourné en anglais, débute alors que Staline fait un malaise un soir, obligeant sa garde rapprochée (Beria, Khrouchtchev, Molotov, Malenkov parmi tant d'autres) à s'organiser. Première difficulté: trouver un médecin, alors que la plupart sont au goulag, rappelle le film qui multiplie les clins d’œils et anecdotes sur cette page sombre de l'histoire. "Staline aimait regarder des westerns, Beria glissait des tomates dans les poches des gens, le fils de Staline, Vassili, a caché être responsable d'un crash qui a causé la mort de l'équipe de hockey et a remplacé tous les joueurs, sans rien dire" pour échapper à la disgrâce, raconte le réalisateur qui s'est beaucoup documenté.
Pour donner vie au film, il s'est rendu en Russie pour visiter la datcha de Staline et autres lieux importants. Le film a en revanche été tourné à Londres. Après la mort de Staline, la course au poste de secrétaire général est lancée avec son lot de coups bas et trahisons. Des scènes où se mêlent tragique et comédie.