Son histoire a inspiré Jean-Paul Salomé pour son film "La Syndicaliste", dans les salles ce mercredi 1er mars.Salariée d'Areva, Maureen Kearney avait été soupçonnée d'avoir inventé une agression sur fond d'accord entre le groupe nucléaire et la Chine.Condamnée pour avoir mis en scène son viol en 2012, elle a été relaxée en 2018.
C'est une affaire qui avait éclaboussé le nucléaire français. Thriller haletant sur fonds de scandale d’état, La Syndicaliste, revient sur l'histoire de Maureen Kearney, cette ex-salariée d’Areva et lanceuse d'alerte condamnée pour avoir mis en scène son viol en 2012, puis relaxée. "Je me suis dit tout de suite qu'il fallait faire connaître cette histoire davantage", a expliqué à l'AFP le réalisateur Jean-Paul Salomé. "Il y avait les germes d'un thriller, malheureusement extrêmement prenant et d'une force incroyable".
Derrière le personnage incarné à l'écran par Isabelle Huppert se trouve en réalité une responsable syndicale de nationalité irlandaise qui a vécu un véritable calvaire il y a 10 ans. Professeur d'anglais pour Areva, Maureen Kearney était à l'époque secrétaire CFDT du comité de groupe européen du géant du nucléaire.
Le A de Areva scarifié sur le ventre
Prête à tout pour prendre la défense des salariés, elle s'était farouchement opposée à un accord entre Areva, EDF et l'opérateur nucléaire chinois CGNPC permettant des transferts de technologie en vue du développement d'un nouveau réacteur chinois. Elle jugeait cet accord dangereux, compte tenu de la sensibilité des informations transmises qui, selon elle, mettaient en péril le maintien de l'emploi sur le territoire français. Malgré les intimidations, elle persiste et s'engage à alerter sur cette alliance.
Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney est retrouvée chez elle ligotée sur une chaise, le A de Areva scarifié sur le ventre, un manche de couteau enfoncé dans le vagin. Si la syndicaliste relie aussitôt son agression à l'accord sensible, les enquêteurs relèvent des incohérences entre ses déclarations et leurs constatations. Ils ne trouvent aucune trace papillaire ou d'ADN hormis celles de Maureen Kearney, son mari et leur femme de ménage sur la scène du crime.
Victime ou manipulatrice ?
Et surtout, tous les objets ayant servi à l'agression provenaient du domicile, "ce qui contrarie l'hypothèse d'une agression organisée", avait souligné l'avocate générale. La syndicaliste avait également indiqué avoir tout inventé pendant l'enquête avant de se rétracter un mois plus tard, assurant avoir été victime de pressions en garde à vue. Jugée coupable en première instance d'avoir mis en scène cette agression, elle est finalement relaxée en appel en 2018.
Malgré les années, l'histoire de Maureen Kearney, aujourd’hui âgé de 67 ans, reste toujours aussi sensible. Le film a entraîné la demande d'une ouverture d’une commission d’enquête parlementaire par la France insoumise. "C'est l'histoire d'un scandale d'Etat potentiel", a estimé ce mardi la députée Clémentine Autain. "Progressivement, gendarmerie et justice transforment la victime en coupable", a-t-elle déploré s'interrogeant sur d'éventuelles "pressions".
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