INTERVIEW - Il incarne le Général de Gaulle dans le film éponyme de Gabriel Le Bomin, de retour dans les salles lundi prochain. A l’occasion des 80 ans de l’appel du 18 juin 1940, Lambert Wilson a accepté de répondre aux questions de LCI.
Sorti le 4 mars dernier, le film "De Gaulle" de Gabriel Le Bomin connaissait un vrai succès populaire, avec 595.179 entrées en dix jours. Coupé dans son élan par le confinement, il sera de nouveau projeté dans toute la France à partir du lundi 22 juin, dans le cadre de la réouverture des salles de cinéma. L’occasion de passer un coup de fil à son interprète principal, le comédien Lambert Wilson…
LCI : "De Gaulle" va ressortir quelques jours après les célébrations de l’appel du 18 juin. C’est une heureuse coïncidence, non ?
Lambert Wilson : Ah c’est plus qu’une heureuse coïncidence ! Pour le destin du film, c’est inespéré. Les distributeurs auraient très bien pu décider pendant le confinement d’en céder les droits à une plateforme de vidéo à la demande. Mais ils ont considéré qu’il y avait un vrai potentiel auprès du public des salles de cinéma, et que le film n’avait pas vraiment vécu sa carrière puisqu’il n’a été exploité que 10 jours. Et là le hasard fait qu’il sort quatre jours après l’anniversaire de l’appel du 18 juin. C’est étrange. Mais c’est joli, je trouve.
Pourquoi ?
C’est joli après ce que les Français viennent de traverser. Le film raconte un état de crise, dû à la guerre, et l’arrivée de cet homme providentiel qui est courageux et qui rassemble depuis Londres dans un effort de résistance. Or là, les Français viennent de vivre une petite guerre, dont ils sont à peine sortis. Et sans aucun opportunisme de ma part, je trouve ça intéressant de revoir le film dans les circonstances actuelles.
Il y a chez de Gaulle l’idée qu’il parle et agit pour le bien du pays. Qu’il est altruiste. Qu’il n’est pas là pour le bien d’un parti ou d’une tendance politique particulière
Lambert Wilson
Lorsque le Président Macron annonce au début du confinement que "nous sommes en guerre", il prend des accents gaulliens ?
C’est difficile de ne pas être tenté par ces accents gaulliens. De Gaulle avait ce talent rare d’orateur, il avait un tel impact sur la sensibilité des Français. Les mots justes. Il ne faut pas oublier que par sa formation de militaire, il a été habitué très tôt à prendre la parole et à être un meneur d’hommes, à galvaniser les troupes. Ce n’est pas exactement la même prise de parole que peut pratiquer un politique. C’est une prise de parole peut-être plus directe, plus éloignée des aspirations, des ambitions personnelles. Il y a chez de Gaulle l’idée qu’il parle et agit pour le bien du pays. Qu’il est altruiste. Qu’il n’est pas là pour le bien d’un parti ou d’une tendance politique particulière. Et ça, c’est ce qui le rendait irrésistible. La hauteur à laquelle il mettait le curseur du patriotisme, c’est quelque chose qui devait réveiller des élans même chez les plus réfractaires ! C’est donc difficile de ne pas vouloir s’en rapprocher, je comprends très bien. Mais de Gaulle était un homme de son temps. Un homme qui a saisi son destin dans des circonstances politiques qui avait conduit l’abandon du pays aux Allemands, par le gouvernement et Pétain en particulier.
L’appel du 18 juin 1940, vous le connaissiez bien ? Vous l’avez redécouvert en faisant le film ?
Je ne le connaissais pas du tout ! C’est compliqué car il y a des phrases qu’on associe à l’appel du 18 juin, mais celui-ci n’a pas été enregistré. Ce qu’on entend quand on consulte le discours sur Internet, c’est la voix enregistrée deux jours après, et le film qu’on connaît dans lequel il refait un appel, a lui été réalisé encore plusieurs jours après. En fait j’ai tout découvert ou presque, et notamment les circonstances qui mènent à ce moment historique. Pourquoi il est parti à Londres. Pourquoi il a pris le risque incroyable d’être considéré comme un déserteur. Il va d’ailleurs perdre tous ses titres militaires, ses biens, et être condamné à mort par contumace. Il perd sa citoyenneté française. Tout ça en laissant derrière lui sa famille dans la tourmente. J’ignorais aussi comment il avait rencontré Churchill. Aujourd’hui on croit que ce dernier lui a ouvert les bras. Mais c’était bien plus compliqué que ça…

Ces derniers jours, des statues du Général de Gaulle ont été vandalisées dans plusieurs villes de France. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Je considère que c’est de la bêtise, que c’est infantile. Si encore on avait en France des statues qui représentaient des dictateurs, je ne dis pas qu’il ne faudrait pas réfléchir à les déboulonner. Mais de Gaulle… Si les Français sont aujourd’hui capables de vivre comme ils le font en liberté, et s’ils ne parlent pas allemand, c’est grâce à lui. On parle en ce moment de sa position vis-à-vis du colonialisme. Il en a été partisan, comme d’autres hommes de son temps, mais il a fait machine arrière. C’est pathétique de manquer à ce point d’information. C’est montrer qu’on est sot, qu’on n’a pas de culture et pas de clairvoyance.
Aujourd’hui de nombreux responsables de tous bords se revendiquent du Général de Gaulle. Ça vous semble logique ? Ou ça vous fait un peu sourire ?
Les deux ! Il incarne tellement le patriotisme, la longévité en politique et la victoire. Il est l’homme d’Etat par excellence. Tout homme ou femme politique rêve d’incarner ça. Sauf qu’autre temps, autre mœurs. Certains ont peut-être des qualités similaires. Mais de Gaulle est arrivé à un moment très spécifique dans l’Histoire de France. Son parcours correspond aussi à un itinéraire très personnel. C’est quand même quelqu’un qui, petit garçon, jouait à sauver la France. Ce n’est pas forcément le rêve de n’importe quel étudiant à Science Po, ou quiconque aspire un jour à diriger ce pays !
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