"L'Assassin qui rêvait d'une place au paradis" de Jonas Jonasson est-il un best-seller raté ?

par Jennifer LESIEUR
Publié le 3 mars 2016 à 11h41
"L'Assassin qui rêvait d'une place au paradis" de Jonas Jonasson est-il un best-seller raté ?

DECEPTION - L'auteur du "Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" sort son troisième roman, "L'Assassin qui rêvait d'une place au paradis" (Presses de la Cité). L'immense succès du premier ne garantit pas de faire coup double, encore moins triple, avec cette histoire bâclée qui profitera plus au compte en banque de l'auteur qu'au lecteur.

On avait fini par l'oublier, mais les Suédois savent écrire autre chose que des polars. Or, à part Gaïa et Actes Sud, peu de maisons d'édition françaises osent régulièrement publier ces auteurs qui ne parlent pas de crimes résolus par des flics dépressifs dans des patelins gelés. A moins qu'ils ne soient très rentables, comme Jonas Jonasson.

Cet ancien journaliste a touché le jackpot avec son premier roman au titre décalé, Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (le titre original était meilleur : Le centenaire qui sauta par la fenêtre et disparut). Publié dans 42 pays, vendu à 8 millions d'exemplaires dans le monde, cet attachant Vieux en cavale a ensuite connu une honnête adaptation au cinéma.

Une intrigue bâclée et un humour lourdingue

L'ennui, quand on sort un best-seller, c'est qu'on attend de son auteur d'en publier d'autres, très rapidement. Jonas Jonasson a donc sorti L'Analphabète qui savait compter (titre original : La fille qui sauva le roi de Suède). Sans atteindre les chiffres du premier, il a creusé son trou dans les palmarès de meilleures ventes. Quand un filon commence-t-il à s'épuiser ? Probablement au troisième roman : L'Assassin qui rêvait d'une place au paradis, sorti fin février.

Dans cette nouvelle comédie, Jonasson met en scène Dédé le Meurtrier, assassin ingérable, porté sur la bouteille, échoué dans l'hôtel misérable de Per Persson, réceptionniste tout aussi miteux. Persson rencontre Johanna, une femme pasteur renégate qui a fui sa paroisse. Cupides, les deux jeunes gens décident de monnayer les services illégaux de Dédé pour remplir leurs valises de millions de couronnes suédoises. Le trafic se porte bien jusqu'à ce que Dédé rencontre Dieu. Repenti, il sabote le business de ceux qui ne sont plus nommés que "le pasteur" et "le réceptionniste". Or la pègre de Stockholm aimerait bien assassiner Dédé, qui va devenir prédicateur d'une improbable église où l'on abreuve les ouailles de vin moldave.

Et ça continue, au fil de péripéties un peu grotesques, de grosses ficelles et de longueurs impossibles. Le lecteur qui a aimé Le Vieux... aura dans les mains un roman un peu bâclé, vite écrit, dilué dans l'eau tiède, que de réguliers traits d'humour lourdingue ne parviennent pas à relever. Jonasson a visiblement peiné pour trouver sa conclusion, une double fin vraiment pas inspirée, et qui commence à poser les limites de ces romans aux titres à rallonge, commercialement rentables mais littérairement radins.

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Jennifer LESIEUR

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