"Le cas Malaussène", un cas de conscience pour les fans de Daniel Pennac

par Jennifer LESIEUR
Publié le 17 janvier 2017 à 14h03
"Le cas Malaussène", un cas de conscience pour les fans de Daniel Pennac
Source : Sarah ALCALAY/SIPA

DECEPTION – Principale sortie de la rentrée littéraire de janvier, le retour de Daniel Pennac avait de quoi réjouir les lecteurs de sa saga Malaussène, publiée entre 1985 et 1999. Dans "Le cas Malaussène, tome 1 – Ils m’ont menti" (Gallimard), on retrouve son humour et sa fantaisie, mais dans un fouillis de personnages où surnage une intrigue plutôt plate.

Daniel Pennac, c’est l’un de ces types à qui on confierait ses enfants, son chat, sa mère, son numéro de carte bleue les yeux fermés. Un homme semblable à ses écrits : généreux, empathique, à la gaîté contagieuse. Et quel verbe truculent ! Ses romans se rangent dans l’étagère joyeuse des Tontons flingueurs et d’Astérix : du grand divertissement à la française, avec une écriture d’orfèvre qui mériterait un AOC.

Alors, quand sort un nouveau Pennac, c’est avec les bras tendus et la mine réjouie d’avance qu’on s’en empare. D’autant plus que Le cas Malaussène nous ramène un vieux copain, Benjamin Malaussène, héros attachant d’un cycle romanesque qui a traversé plus d’une décennie, d’Au bonheur des ogres (1985) à Aux fruits de passion (1999).

Mieux vaut se rafraîchir la mémoire avant de commencer ce septième tome (qui sera bientôt suivi d’un huitième), car il nous rappelle l'ouverture du Seigneur des Anneaux : les premières pages sont remplies de noms (et de surnoms, ce qui n’arrange rien), affublés d’un astérisque renvoyant à un glossaire en fin de volume où Pennac rappelle l’identité des personnages, au risque de casser le fil de la lecture. 

Une intrigue un peu faiblarde mais menée tambour battant

La double intrigue bifurque comme suit : en vacances dans son Vercors bien-aimé, Benjamin Malaussène cache un écrivain de "vérité vraie" (d’autofiction, donc), qui doit accoucher d’un nouveau brûlot contre sa famille. Pendant ce temps, un puissant homme d’affaires, Georges Lapieta, se fait enlever au moment où il devait toucher un parachute doré de 22 807 204 euros. Montant de la rançon demandée : 22 807 204 euros… 

Autour de ce pitch un peu faiblard gravite toute la galaxie Malaussène, avec sa dernière génération aux noms et surnoms improbables, la sœur Verdun qui s’enlaidit pour devenir l’incorruptible juge Talvern, les flics qui s’imaginent passer incognito en imper, la jeunesse partie sauver le monde dans des ONG… Tout le monde, excepté Benjamin, joue un rôle derrière un surnom ou un costume mal taillé, dans une aventure pas crédible pour un sou mais menée tambour battant, pleine de bons mots et de clichés volontairement empruntés aux polars et au cinéma : seule Fred Vargas réussirait à nous embobiner de la même manière.

Avec un premier tirage à 120 000 exemplaires, l’éditeur sait bien qu’il tient dans ce nouveau diptyque pennacquien le seul rival possible à son autre auteur phare de la rentrée, Elena Ferrante. Mais si l’on ouvre Le cas Malaussène en novice, mieux vaut d’abord faire connaissance avec la famille avant de s’imposer ce déjeuner un peu fade en leur compagnie. 

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Jennifer LESIEUR

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