INTERVIEW – Le réalisateur palestinien Hany Abu-Assad revient pour LCI sur le tournage du "Chanteur de Gaza" et sur le destin extraordinaire mais vrai de Mohammed Assaf, son héros qui s’enfuit de son camp de réfugiés pour rejoindre l’Egypte et y gagner la Nouvelle star arabe.
Quand avez-vous entendu parler de Mohammed Assaf pour la première fois ?
Alors que j’étais à Cannes pour présenter mon précédent film Omar, ma sœur qui était avec moi m’a demandé quel serait mon prochain film. Elle m’a raconté l’histoire de ce jeune garçon qui a grandi à Gaza et qui parvient à vivre son rêve de musique. J’ai tout de suite compris qu’il y avait là quelque chose de très fort à filmer.
Avez-vous rencontré le vrai Mohammed avant de faire le film ?
Plusieurs fois, il devait jouer son propre rôle à l’origine. Mais finalement, il ne se sentait pas prêt à devenir un acteur aussi vite, alors que sa carrière musicale est encore toute jeune.
Qu’avez-vous appris de lui ?
Son expérience m’a fait prendre conscience de l’importance que peut avoir l’art dans des périodes sombres. Les politiciens essaient de nous diviser mais l’art a le pouvoir de nous rassembler. Tout le monde est tombé amoureux de la voix de Mohammed et de son histoire lorsqu’il est passé à la télé : il a fait le lien entre des gens généralement présentés comme des ennemis ou considérés comme très différents. Le soir de sa victoire, j’étais sur la grande place de Nazareth où étaient réunis des chrétiens, des musulmans, des jeunes, des vieux... tous célébraient ce beau moment.
Votre film est politique ?
Dans un sens. Certains essaient de déshumaniser les Palestiniens mais cette histoire prouve exactement le contraire : il est aisé de s’identifier à ce garçon qui ne cherche qu’à aller au bout de son rêve. Mohammed est devenu un symbole de beauté. Gaza est un endroit très difficile et les gens qui y vivent ont peu de sources d’espoir. Or, il en faut pour changer les choses. Mohamed leur a donné l’exemple.
Vos longs-métrages précédents étaient très noirs. Etait-ce un choix conscient de montrer un destin plus optimiste ?
La vie est à la fois ombre et lumière. Or, en tant que cinéaste, je tiens à dépeindre le monde le plus fidèlement possible. Comme j’avais déjà exploré le côté obscur, je suis allé vers quelque chose de plus joyeux cette fois. Ces deux facettes peuvent et doivent coexister. Omar et Paradise now ne reflètent qu’une partie de la société palestinienne que je connais : le portrait aurait été incomplet si je n’avais pas aussi montré des histoires plus positives comme il en existe aussi chez nous.
Vous êtes le premier à avoir été autorisé à filmer à Gaza qui n’avait pas accueilli de tournage depuis 20 ans . A quel point cela a-t-il été difficile ?
Très. Ma directrice de production a insisté pendant six mois pour obtenir l’autorisation pour trois jours de tournage, principalement pour les extérieurs. Elle les a eus à l’usure je crois. Ensuite, les Israéliens ont tout fait pour nous empêcher d’entrer, en prolongeant les contrôles à la frontière par exemple. Nous nous y attendions. Mais une fois là-bas, nous n’avons pas eu de difficultés et cela a été très riche en émotions. Les Palestiniens de Gaza vivent sans eau, sans électricité, ont très peu pour se nourrir mais ils n’ont rien perdu de leur humanité et partagent tout ce qu’ils ont, leur joie y compris, avec une générosité incomparable.
Vous êtes actuellement aux Etats-Unis pour un film ?
Je suis en montage de The Mountain Between Us, une aventure épique avec Kate Winslet et Idris Elba pour la Fox. Mon premier film américain prévu pour la rentrée.
Le Chanteur de Gaza dans les salles le 10 mai 2017.
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