"Le Chien arabe" : plongée à vif dans la cité où a grandi Mohamed Merah

Publié le 2 mai 2016 à 17h55
"Le Chien arabe" : plongée à vif dans la cité où a grandi Mohamed Merah

NOIR, C’EST NOIR – Le crime vous passionne ? Chaque semaine, retrouvez le coup de cœur de Marc Fernandez, notre expert du roman policier. Aujourd'hui : "Le Chien arabe", de Benoît Séverac (La Manufacture des Livres).

Toulouse, la ville rose, celle de Zebda, de Nougaro, du Stade Toulousain, du Téfécé, du foie gras, de la place du Capitole, du canal du Midi. Toulouse, qui s’habille de rouge et de noir sur les terrains de rugby. Du rouge sang et du noir polar aussi pour une cité qui a vu grandir et mourir un certain Mohamed Merah, point de départ, ou disons d’inspiration de Benoît Séverac, auteur du coin, pour son dernier roman, Le Chien arabe (à La Manufacture des Livres). 

► C’est qui ?
Benoît Séverac, qui enseigne l’anglais à l’école vétérinaire de Toulouse, où il vit, est un auteur prolifique. En mars dernier, ce ne sont pas moins de trois titres qu’il nous proposait. Ce "Chien arabe" dont il est question ici, mais aussi un roman pour ados, Little Sister (éditions Syros) et une novella, un roman court, aux éditions In8 et au titre évocateur : On peut pas faire ça à Guy Novés… Il a également commis un Poulpe, Arrête tes six magrets, en 2015. Et puis, un écrivain qui donne aussi des cours aux étudiants du Diplôme national d’œnologie de Toulouse, qui est dégustateur agréé par le Comité interprofessionnel des vins d’Alsace et membre du jury de dégustation Aval Qualité du comité interprofessionnel des Vins du Sud-ouest, ne peut être qu’un bon écrivain…

Ça parle de quoi ?
Bienvenue aux Izards, cité du nord de Toulouse, avec ses tours, ses dealers, ses chouffes, ses nourrices, et quelques fous de Dieu, enfin d’Allah, qui côtoient une majorité d’habitants qui aspirent à vivre juste tranquillement. On y croise Nourredine Ben Arfa, rien à voir avec le footballeur, caïd du lieu et indic à ses heures perdues. C’est la raison pour laquelle les Stups le laissent faire. Il y a aussi Sami, sa petite sœur, pas dupe du mode de vie de son frangin, qui va bientôt devoir retourner au bled pour un mariage arrangé. Au milieu des immeubles, on trouve un cabinet vétérinaire. Parmi les associés, Sergine Ollard, ex-joueuse de rugby à la vie amoureuse chaotique. Les flics sont aussi présents, en la personne de Nathalie Decrest, l’une des gradées du commissariat local. Et les deux frères Omane, Najib et Hamid. Ce dernier rentre de Syrie et entraîne l’autre dans son délire islamiste... 

► Pourquoi on aime ?
Benoît Séverac n’a pas son pareil pour plonger le lecteur dans une réalité terrible tout en le tenant en haleine tout au long des plus de trois cents pages de son roman. Le Chien arabe est un polar intelligent, bien écrit, aux personnages attachants et si proches de nous qu’on a l’impression de les connaître. C’est aussi un texte courageux. Car s’attaquer à ce genre de sujet par le biais de la fiction n’est pas donné à tout le monde. Une véritable réussite. On passe un bon moment tout en apprenant des choses. Le style est nerveux, sec, sans fioritures, les dialogues ciselés, le décor très bien campé, on y est. Et on se prend aussi d’empathie pour l’héroïne, Sergine. Ce n’est pas tous les jours qu’une vétérinaire se retrouve au premier plan d’un polar. Bref, une lecture obligatoire par les temps qui courent.

>> Le Chien arabe, de Benoît Séverac, Éditions La Manufacture des livres, 356 pages, 18,90 €

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La rédaction de TF1info

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