Le dessinateur Jean-Jacques Sempé est mort à l'âge de 89 ans, a annoncé son épouse.Il était notamment connu pour ses illustrations des aventures du "Petit Nicolas" et ses nombreux dessins humoristiques pour la presse française.
Le dessinateur Jean-Jacques Sempé est mort à l'âge de 89 ans, a annoncé son épouse, Martine Gossieaux Sempé, à l'AFP. Il était notamment connu pour ses illustrations des aventures du "Petit Nicolas" et ses dessins de presse humoristiques pour, entre autres, Le Figaro, Télérama, Paris Match, L'Express ou encore Sud Ouest.
Il s'est éteint "paisiblement", ce jeudi 11 août, "dans sa 89e année, dans sa résidence de vacances, entouré de sa femme et de ses amis proches", a indiqué Marc Lecarpentier, son biographe et ami, dans une déclaration à l'AFP.
Des multiples boulots et puis le dessin
Né à Pessac, près de Bordeaux il y a 87 ans, Jean-Jacques Sempé grandit dans une famille où problèmes d'alcool et d'argent sont récurrents. Enfant naturel, battu et bègue, il arrête l'école très tôt, en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il vit dans les Pyrénées. Par la force des choses, il enchaîne les petits boulots : livreur à bicyclette, courtier en vin et même....représentant en dentifrice. Mais cette vie-là ne lui convient pas : il rêve de quelque chose de plus grand et de plus poétique.
Il quitte rapidement son boulot et commence à dessiner pour la presse, ne sachant "pas faire autre chose". Son premier dessin, signé DRO (en référence à "to draw", dessiner en anglais) paraît dans Sud Ouest Dimanche puis, quelques mois plus tard, le 29 avril 1951, il signe pour la première fois de son vrai nom.
Il est finalement affecté dans la région parisienne au début des années 1950, après avoir falsifié ses papiers pour masquer son jeune âge. Là-bas, il y a rencontre Chaval qui deviendra rapidement l'un de ses maîtres. "Quand je suis arrivé à Paris, j'ai trouvé les Parisiens très gais. Je venais de Bordeaux où les gens n'étaient pas naturellement souriants. J'ai été tout de suite enchanté par le métro, les autobus, la fièvre de la ville. Et surtout j'ai fait beaucoup de vélo. Pendant trente ans, je suis allé partout à bicyclette", expliquait-t-il dans son ouvrage "Un peu de Paris et d'ailleurs", paru en 2011.
Saisir l'air du temps, sans jamais juger
Sans le sou, "il court alors les cachets dans tous les canards", il est "dans la recherche absolue du gag immédiat" dans chaque dessin, relatait l'ex-président de Télérama Marc Lecarpentier qui assure, avec la galeriste Martine Gossieaux, le commissariat de l'exposition. Au fil des ans, le style de Sempé, tout en poésie et délicatesse, s'épure, devenant intemporel. On passe "du rire au sourire", "on est dans le contraire de la caricature", décrit Marc Lecarpentier. "Il saisit l'air du temps, mais ne juge pas, jamais. Car il est un peu toujours dans le personnage" qu'il dessine "et sait qu'il lui est arrivé d'être lui aussi un peu bêta ou vaniteux."
En 1956, quelques années après son arrivée dans la ville Lumière, il fait une rencontre qui changera le cours de son existence, celle de René Goscinny. Ensemble, ils travaillent pour l'hebdomadaire belge Le Moustique qui publie leurs dessins sous forme d'épisodes, sur la quatrième de couverture. De cette collaboration naît un personnage : celui de "Nicolas", qui deviendrait quelques années plus tard, le héros des albums illustrés - vendus à 15 millions d'exemplaires - où les lecteurs suivent les aventures du petit écolier espiègle.
Une vie faite de crayons et d'humour
Mais la véritable consécration ne se produira qu'en 1962, lors la parution chez Denoël de son premier album, "Rien n'est simple". Après ce premier ouvrage, les choses s'enchaînent pour le dessinateur. Après un séjour touristique aux Etats-Unis, Sempé présente ses dessins, "mort de trouille", au New Yorker qui le publie en couverture pour la première fois en 1978. "The New Yorker, c'était le Graal pour lui", relate Marc Lecarpentier, son biographie. En septembre 2019, la revue littéraire américaine a publié sa 113e couverture signée Sempé.
Un autobus sur un pont traversant la Seine de nuit, des musiciens, des cyclistes, un cracheur de feu, des scènes à Central Park, Saint-Tropez ou au Jardin du Luxembourg... Dans chacune de ses œuvres, on retrouve ses thèmes de prédilection : la petitesse de l'homme dans la nature, sa solitude dans la ville, ses disputes, ses ridicules et ses ambitions démesurées, les limites de l'esprit d'équipe.
Alors, après 89 ans d'une vie faite de crayons, d'humour et de succès, il était l'heure de s'en aller pour Jean-Jacques Sempé. Et de revenir à l'origine des choses. Peut-être deviendra-t-il pianiste dans une autre vie, comme il l'avait finalement toujours rêvé. Et pouvoir jouer aussi bien que Duke Ellington, qu'il a toujours admiré.
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