Le jour où Charles, 4 ans, a volé la couronne lors du couronnement de sa mère Elizabeth II

Le palais avait fait dessiner pour lui une invitation qui ne ressemblait à aucune autre. Une illustration printanière, mêlant gardes royaux, Union Jack et animaux mythiques, dont une licorne. Celui qui est désormais le roi Charles III n’avait que 4 ans et demi lorsqu’il a été convié au couronnement de sa mère Elizabeth II. Un évènement pour l’Histoire à plus d’un titre pour la famille royale. Car jamais un enfant britannique n’avait assisté à la cérémonie mettant en vedette sa mère.

Ce 2 juin 1953, si les rues de Londres sont bondées pour célébrer leur reine, le temps, humide, n’est lui pas à la fête. Il fait si frais qu’une bouillotte est installée dans le carrosse qui amène Elizabeth II et le prince Philip à l’abbaye de Westminster. À 11h, la souveraine fait son entrée devant une large assemblée. Quelques minutes plus tôt, ses deux enfants l’ont regardée quitter Buckingham. Les images d’eux la saluant depuis une fenêtre du palais restent parmi les plus tendres du couronnement.

Si sa fille Anne, 2 ans, est restée dans leur demeure royale, son fils Charles est aux premières loges. Sa nanny, Helen Lightbody, l’a accompagné jusqu’à l’abbaye. Tiré à quatre épingles dans sa chemise de soie blanche et pantalon assorti, les cheveux impeccablement coiffés autour de sa raie, le garçon est entouré des autres femmes de sa vie. À sa gauche, sa tante la princesse Margaret. À sa droite, sa grand-mère la reine mère Elizabeth. "Elle avait l’habitude de dire : 'Cher enfant, essaie de te souvenir des choses comme ça'", dit-il dans un documentaire de la BBC, affirmant avoir toujours en mémoire cette journée spéciale. 

Il évoque notamment ce moment où Elizabeth II est venue les voir lui et sa sœur, alors qu’ils prenaient leur bain. "Elle avait la couronne sur la tête. C’est incroyablement lourd. C’est pour ça que Mama a dû tellement s’entraîner pour la porter", raconte-t-il à propos de la couronne impériale d'État. C'est avec elle qu'il quittera l'abbaye le 6 mai après avoir été couronné avec un autre modèle. 

Sur une de ses photos les plus célèbres, le jeune Charles apparaît boudeur, le visage posé sur sa main droite. Il révèlera à l’un de ses biographes, des années plus tard, qu’il était en fait fâché contre le coiffeur du palais qui lui avait coupé les cheveux trop courts et les avait plaqués avec "la plus épouvantable des pâtes visqueuses".

Trop jeune pour pouvoir faire comme sa mère, qui a pu consigner par écrit son récit du couronnement de son père George VI en 1937, Charles III peut compter sur les témoins de l’époque pour partager les séquences qu’il aurait oubliées. Les dames de compagnie d’Elizabeth II le jour J, ne manquent pas d’anecdotes savoureuses, reprises par la presse britannique. Lady Moyra Campbell se souvient ainsi "avoir entendu la reine mère chuchoter et expliquer à Charles ce qui se passait". "Il s’est parfaitement comporté. C’était un adorable moment", ajoute-t-elle.

Mais quelques heures plus tard, le garçon a fait ce que personne d’autre n’aurait osé faire. Alors que la reine venait de retirer sa couronne, la couronne d’État impériale qui pèse plus d’un kilo, Charles s’en est emparé. "Il a foncé dessus. On a tous pensé qu’il allait la faire tomber. On s’est dit : 'Oh mon dieu, ça serait un mauvais présage'", témoigne Lady Anne Glenconner. Les facéties du jeune prince se sont poursuivies lors de la séance photo officielle. Cette fois-ci, le duc de Cornouailles - qui ne sera fait prince de Galles que quatre ans plus tard - embarque sa sœur avec lui. Sur une vidéo des coulisses, les deux enfants se cachent les yeux devant le photographe avant d’être rappelés à l’ordre par leur mère.

Pour son propre couronnement, le 6 mai, Charles III devrait être entouré de trois de ses petits-enfants. Le prince George, qui sera l’un de ses pages d’honneur, la princesse Charlotte et le prince Louis ont été aperçus à l’abbaye de Westminster lors des répétitions de la cérémonie.

Autant dire que tous les regards seront braqués sur les enfants de Kate et William, qui ont déjà régalé les photographes lors du jubilé de platine d’Elizabeth II, en juin dernier.