Le périple des "Habitants" de Raymond Depardon se poursuit dans un livre "made in France"

par Jennifer LESIEUR
Publié le 27 avril 2016 à 14h16
Le périple des "Habitants" de Raymond Depardon se poursuit dans un livre "made in France"

PHOTO – Le nouveau documentaire de Raymond Depardon, qui sort mercredi 27 avril, donne à voir les discussions à bâtons rompus de Français que le reporter-photographe-réalisateur a invités dans sa petite caravane. "Les Habitants" (Seuil), le livre qui accompagne le film, reprend ces dialogues avec des photos inédites rapportées de sa traversée de la province, cartographiant avec franchise et tendresse la France dite "d'en bas".

Dans sa petite caravane, au printemps dernier, Raymond Depardon a sillonné la France. La vraie, la grande, la profonde, avec ses conversations de bar PMU, ses demis tirés sur le zinc, ses flirts et ses engueulades. Il est parti rencontrer 60 millions d'anonymes, si loin des élites politiques et des people, un monde qui regarde de loin les préoccupations des Parisiens hyperconnectés.

Mais alors, de quoi parlent-ils, ces provinciaux ? De l'essentiel : d'amour, de boulot, de famille. Avec un peu de racisme ordinaire, pas mal de mauvaise foi, des réflexions crues sur les relations hommes-femmes, et beaucoup d'amour. Ça a donné Les Habitants, un film et un livre qui se complètent.

Des dialogues tendres, cruels, intemporels

Pour le film, Depardon et son inséparable épouse et productrice, Claudine Nougaret, ont invité des gens pris au hasard dans la rue à s'asseoir dans sa caravane et à poursuivre leur discussion comme s'ils n'étaient pas là. Sa caméra a enregistré ces dialogues spontanés, de Bayonne à Charleville-Mézières. Le livre ne montre pas les 90 "couples" filmés, mais d'autres vues inédites des villes traversées, avec des retranscriptions des dialogues enregistrés. Des dialogues précieux pour leur intemporalité, alors qu'ils sont tous récents. 

A Castres, à Morlaix ou à Nice, les préoccupations sont à la fois triviales et primordiales, entre les conseils conjugaux d'une bonne copine et les lamentations de garçons harcelés par les filles… Raymond Depardon a joliment comparé son film à un train : "C'est pas un TGV, c'est pas un TER, c'est un Intercité." Son livre sur Les Habitants est comme une ligne de métro qui traverserait l'Hexagone. Il y prolonge les moments de grâce de Journal de France (2012) avec la lucidité et la sympathie amusée qui font toujours du photographe un remarquable anthropologue de la France d'aujourd'hui.

A LIRE AUSSI 
>>
  Raymond Depardon a tiré le portrait de François Hollande


Jennifer LESIEUR

Tout
TF1 Info