"Le Procès Goldman" au cinéma : qui était Pierre, le demi-frère sulfureux de Jean-Jacques ?

Publié le 27 septembre 2023 à 16h38

Source : Sujet TF1 Info

Demi-frère du chanteur à succès, Pierre Goldman est la figure centrale du nouveau film de Cédric Kahn, en salles ce mercredi.
Bien qu’il ait toujours clamé son innocence, ce militant gauche fut condamné pour le meurtre de deux pharmaciennes en 1970.
Innocenté au terme d’un second procès hyper médiatisé, il sera abattu en pleine rue en 1979 à l’âge de 35 ans.

Militant, écrivain et braqueur, Pierre Goldman est le personnage central du nouveau film de Cédric Kahn, Le Procès Goldman, où il est interprété par le comédien Arieh Worthalter. Né à Lyon en 1944, Pierre est le fils Alter Mojsze Goldman et Janine Sochaczewska, un couple de résistants juifs polonais qui se séparent après la Libération. Sa mère décide alors de rentrer en Pologne avec leur fils, mais son père s’y oppose et enlève l’enfant qu’il confie à sa sœur. En 1947, Goldman père se remarie avec Ruth Ambrunn, une émigrée allemande juive, qui donnera naissance à Evelyne, Jean-Jacques et Robert.

Dans son arrivée à Paris dans les années 1960, Pierre caresse une vie d’engagement comme ses parents. À gauche de préférence. Membre du Front Universitaire antifasciste de service d’ordre du syndicat étudiant UNEF, il s’envole pour l’Amérique du Sud où il croise la route du Che à La Havane en 1967 avant de rejoindre le Venezuela où il vit dans le maquis pendant dix-huit mois. À son retour en France, il découvre qu’il a été condamné à un an de prison par contumace pour avoir séché le service militaire.

Pierre Goldman à son arrivée au tribunal d'Amiens,  le 3 mai 1976, lors de son deuxième procès.
Pierre Goldman à son arrivée au tribunal d'Amiens, le 3 mai 1976, lors de son deuxième procès. - AFP

Paumé et sans le sou, l’idéaliste commet trois vols à mains armés jusqu’à son arrestation, en décembre 1970, suite au braquage et au meurtre de deux pharmaciennes, boulevard Richard-Lenoir dans le XIᵉ arrondissement. Pierre Goldman a beau clamer son innocence, il est reconnu coupable par la cour d’assises de Paris le 14 décembre 1974 à l’issue d’un procès où il s’est défendu seul, sans avocat. Et ce malgré l’absence du principal témoin, mort noyé lors d’une partie de pêche dans des conditions mystérieuses.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Pierre Goldman reçoit le soutien d’un collectif d’intellectuels et de personnalités de gauche comme la comédienne Simone Signoret, les écrivains Jean-Paul Sartre et Simone Beauvoir, mais aussi François Mitterrand. À l’époque, Jean-Jacques vient lui rendre visite à la prison de Fresnes. En dépit de leurs divergences politiques, les enfants Goldman sont toujours restés proches. Quelques mois plus tard, Pierre obtient l’annulation de sa condamnation par la Cour de cassation et l’organisation d’un nouveau procès que relate le film de Cédric Kahn...

Devant les Assises de la Somme, et une pression médiatique sans précédent, Pierre Goldman est cette fois défendu par George Kiejmann, le ténor du barreau incarné à l’écran par Arthur Harari, le scénariste de Anatomie d’une chute, la Palme d'or de sa compagne Justine Triet. Grâce à ce ténor du barreau, et malgré sa défiance à l’égard de la police et de l’institution judiciaire, il écope finalement de douze ans de réclusion pour les vols à main armée qu’il a reconnus, avant d’être libéré pour bonne conduite en octobre 1976.

Derrière les barreaux, Pierre Goldman a écrit une biographie dans laquelle il redit être innocent du meurtre des pharmaciennes. Après sa sortie, il collabore avec Les Temps Modernes, la revue de Sartre et Beauvoir, avec Libération puis Le Nouvel Observateur... tout en continuant à fréquenter des malfaiteurs rencontrés en prison. Le 20 septembre 1979, aux alentours de 12h30, il est abattu à bout portant par deux hommes alors qu’il a rendez-vous avec le journaliste Pierre Bénichou place de l’Abbé-George-Hénocque, dans le XIIIe arrondissement. Il a 35 ans.

La même jour, à 13 heures, le meurtre sera revendiqué par téléphone auprès de l’AFP par Honneur de la police, une association de malfaiteurs d’extrême-droite qui dénonce notamment "le laxisme" des autorités.  Sa veuve, la journaliste Christiane Succa, accouchera la veille de ses obsèques au Père Lachaise en présence de plus de 15.000 personnes. Entourée de zones d’ombres, l’enquête sur sa mort ne sera jamais élucidée, tout comme le meurtre des deux pharmaciennes.

>> Le Procès Goldman de Cédric Kahn. Avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié. 1h55. En salles.


Jérôme VERMELIN

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