Harvey Weinstein passera-t-il un jour par la case prison ?

Publié le 17 avril 2018 à 14h56, mis à jour le 20 avril 2018 à 12h07
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Source : Sujet JT LCI

ZOOM – Alors que le Prix Pulitzer vient d’être remis aux journalistes qui ont dévoilé l’affaire Weinstein, le sulfureux producteur, banni par Hollywood, n’a toujours pas été inculpé par la justice. Mais le sera-t-il un jour ? Explications.

Ce n'est pas une affaire pas comme les autres. Ce lundi 16 avril, le Prix Pulitzer a été remis à Jodi Kantor et Megan Twohey du New York Times,  ainsi qu'à Ronan Farrow, du New Yorker, pour avoir révélé les agissements du producteur Harvey Weinstein. Mais, six mois après, que devient le principal intéressé ? Depuis le scandale qui a fait de lui un paria à Hollywood, mais aussi à New York où The Weinstein Company avait son siège social, le roi du cinéma indépendant a trouvé refuge dans l’Arizona où il a suivi le programme contre l’addiction sexuelle d’un centre de désintoxication réputé. C’est de cet endroit, où il partage désormais un loft spacieux avec son "parrain" en cure, qu’il gère à distance les suites de sa descente aux enfers.

Au fil des semaines, près d’une centaine de femmes, célèbres ou pas, ont pris la parole pour dénoncer les agissements de "Dirty Harvey" dans le sillage de Rose McGowan, Asia Argento ou encore Emma De Caunes. Si dans l’immense majorité des cas, les faits sont prescrits, des plaintes ont été déposées à Londres, Los Angeles et New York. Aboutiront-elles à une ou plusieurs inculpations ? Rien n’est sûr. Prenons le cas de Paz de la Huerta. La comédienne, qu'on a pu voir dans "Enter the Void" de Gaspar Noé, a déposé plainte en octobre dernier, accusant  le magnat de l’avoir violée à deux reprises en 2010 à Manhattan.

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S’il n’y a pas de délais de prescription dans l’Etat de New York, l’absence de preuves, notamment ADN, de témoins mais aussi le fait que la jeune femme n’ait pas porté plainte à l’époque, puis pendant sept ans, ne jouerait pas en sa faveur.  Et ce d'autant plus si elle devait témoigner devant un "grand jury", ce groupe de citoyens tirés au sort chargé de décider si les éléments à charge justifient la tenue d’un procès. C’est ce qui explique d’ailleurs que peu de victimes de viol osent témoigner… 

En cas d’inculpation, Harvey Weinstein pourrait compter sur son armada d’avocats, parmi lesquels figurent Benjamin Braffman, le ténor du barreau de New York qui avait défendu Dominique Strauss-Kahn en 2011. En cas de procès, leur stratégie serait simple : reconnaître à demi-mots que leur client s’est mal comporté. Mais nier en bloc les accusations de viol, les plus graves, qui pourraient lui valoir de 5 à 25 ans de prison. 

C’est ce qu’expliquait, dès novembre dernier, l’avocat spécialisé Stuart P. Slotnick, dans les colonnes du Boston Globe : "Devant le juge, ils diront que c’est un homme extrêmement impopulaire. Qu’il a agi de manière inappropriée. Qu’il a fait de nombreuses avances à de nombreuses femmes. Qu’il a tenté d’abuser de sa position à Hollywood pour avoir des relations sexuelles. Mais un viol ? Non, votre honneur !".

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Jusqu’ici, la punition d’Harvey Weinstein est financière. Avant l’affaire, sa fortune était estimée entre 240 et 300 millions de dollars. Difficile de savoir, aujourd’hui, ce qu’il en reste. Elle doit en effet permettre d’éponger ses frais d’avocats. Mais aussi son retentissant divorce. Le producteur avait signé avec son épouse, Georgina Chapman, un contrat prénuptial. Il pourrait le contraindre à verser 12 millions de dollars et 400 000 dollars par an. Ce qui explique pourquoi il a déjà, avec son accord, vendu leur splendide demeure des Hamptons pour 10 millions de dollars.

Côté business, enfin, difficile d’imaginer revoir le nom de Harvey Weinstein, banni par l’Académie des Oscars, au générique d’un film. Le 19 mars dernier, The Weinstein Company, la société qu’il avait fondée avec son frère Bob, a déposé le bilan, ses dettes s’élevant entre 500 millions et un milliard de dollars. Après le retrait d’un premier groupe d’investisseurs, effrayés par un tel passif, un accord de reprise incluant une partie des actifs et des employés du studio a été trouvé avec la société Lantern Capital. 

Ce dépôt de bilan s’est également accompagné de la fin des accords de confidentialité qui imposaient le silence aux victimes et aux témoins des agissements du producteur. Avec, à la clé, de nouvelles accusations dans les mois à venir ? 


Jérôme VERMELIN

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