"Le Professeur de Violon" : quand la musique forme un bouclier contre la violence du monde

Mehdi Omaïs
Publié le 22 juin 2016 à 7h35
"Le Professeur de Violon" : quand la musique forme un bouclier contre la violence du monde

CRITIQUE – Découvert en France grâce à "Bahia, ville basse", le cinéaste brésilien Sergio Machado nous revient avec un hymne au vivre-ensemble : "Le professeur de violon". En salles ce mercredi, le long métrage en question s’inspire d’une histoire vraie : celle d’un musicien qui a trouvé une place de choix dans le cœur d’enfants défavorisés.

1996. Un violent incendie détruit un bâtiment d’Héliopolis, la plus grande favela de São Paulo, provoquant la détresse de nombreuses familles. Devant son poste de télévision, le chef d’orchestre Silvio Baccarelli est littéralement dévasté par les images. Résultat : il rallie spontanément une école de la région et propose à son directeur d’offrir des cours de musique aux enfants. Ce fait divers touchant constitue la pierre angulaire du Professeur de violon, quatrième film de Sergio Machado.

Le cinéaste brésilien part ainsi de cette base en prenant soin d’y faire converger des bribes de la pièce Acorda Brasil d’Antônio Ermírio et ses propres interrogations existentielles, lui qui a évolué dès son plus jeune âge entre le piano de son père et le basson de sa mère. Au bout de cette prise de liberté : Laerte, un personnage attachant qui prend naturellement des allures d’alter ego. On le découvre la main tremblante, incapable de jouer une note devant le jury de l’orchestre symphonique de São Paulo, qu’il rêve de rejoindre.

Un personnage mélodieux

Cet échec (bénéfique) le conduit tout droit dans le redoutable quartier d’Héliopolis, où l’attendent des gamins qui ne savent ni lire le solfège ni dialoguer sans agressivité. Des esprits (très) rebelles qu’il lui faudra dompter, en slalomant ici et là entre petites frappes et dealers dangereux. L’intérêt majeur de ce drame œcuménique réside dans son postulat de départ : le prof de violon, soucieux de mieux se connaître, ignore en effet que sa démarche égoïstement vitale le mènera à sauver les jeunots.

Dès lors, l’idée du bon samaritain de service est bannie, annulant par effet papillon le pathos qui aura pu accompagner cette symphonie sociale dans laquelle chaque comédien est au diapason d’un héros en or. Magnifiquement campé par la star brésilienne Lazaro Ramos, ce personnage dévoré par les doutes et les contradictions reste toujours à l’écoute de son rêve. Cet idéal, il le trouvera dans la force du collectif, de ce Brésil pluriel, palpitant, pour qui l’art, comme le foot, est un moyen de transcender le réel. Et de s’enfuir vers un bel ailleurs. 

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Mehdi Omaïs

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