En salle ce mercredi, "Le Tigre et le Président" met en scène le bref mandat de Paul Deschanel, en 1920.Un président de la République devenu célèbre pour sa chute de train, malgré ses idées en avance sur son temps.Jacques Gamblin et André Dussollier sont irrésistibles dans ce premier film réussi de Jean-Marc Peyrefitte.
Quelle place laisse-t-on aux faibles dans l’Histoire ? C’est l’une des questions que pose avec humour et poésie Le Tigre et le Président en racontant les sept mois de mandat de Paul Deschanel sous la IIIe République, entré dans l’Histoire en tombant d’un train en pleine nuit. Une péripétie cocasse bien trop réductrice pour le réalisateur Jean-Marc Peyrefitte qui a choisi de le réhabiliter à sa manière, un siècle plus tard.
Ancien journaliste et écrivain, Paul Deschanel est déjà rompu aux arcanes du pouvoir lorsqu’il entre à l’Élysée à l’âge de 65 ans puisqu’il a déjà présidé la Chambre des députés à deux reprises sous le IIIe République. Nous sommes en février 1920 et cet amoureux du verbe, foncièrement pacifiste, est choisi par ses pairs aux dépens de George Clemenceau, dit le Tigre, héros de la Première Guerre mondiale qui se voyait déjà dans le fauteuil.
Une président d'une folle modernité
À l’époque, le chef de l’État "inaugure les chrysanthèmes", comme veut l’expression consacrée. Mais Deschanel s’en moque. Très vite, il manifeste la volonté de réformer la France en profondeur avec l’instauration de l’élection présidentielle au suffrage universel direct, la mise en place du vote des femmes, l’abolition la peine de mort ou encore l’inscription l’interdiction de la guerre dans la Constitution. On connaît hélas la suite.
Toute la finesse du scénario de Jean-Marc Peyrefitte consiste à mêler le politique et l’intime, le destin d’une nation et celui d’un homme presque comme les autres. Et surtout comment sa modernité, d’abord un atout, va tester sa capacité de résistance dans un monde politique où tous les coups bas sont permis. Si les troubles anxiodépressifs dont il souffrait sont avérés, le film laisse imaginer qu’ils ont été accentués par la violence de l'exercice du pouvoir.
Le costume de ce personnage étonnant semble avoir taillé sur mesure pour Jacques Gamblin. Avec un mélange d’élégance, de fantaisie, une noirceur cachée aussi, il livre l’une des plus belles performances de sa riche carrière. Face à lui, André Dussollier se régale sous la moustache de Clemenceau, à l’affut de la moindre faiblesse de son rival. Leur combat, aussi cruel que savoureux, en rappelle d’autres plus récents et confirme que la politique est (aussi) un sport de combat. Hier comme aujourd’hui, n’est-ce pas ?
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