"L'Hermine" : Fabrice Luchini ivre d'amour et de justice

Mehdi Omaïs
Publié le 18 novembre 2015 à 10h35
"L'Hermine" : Fabrice Luchini ivre d'amour et de justice

CRITIQUE – Dans "L’Hermine", en salles ce mercredi, Fabrice Luchini trouve un de ses meilleurs rôles. Celui d’un président de cour d’assises qui croise lors d’un procès le chemin de la femme de sa vie. Une réussite.

Quand Michel Racine foule le plancher de la cour d’assises, ses collaborateurs tremblent comme des branches de palmier un soir de cyclone. En qualité de président de ladite juridiction, connu pour délivrer des peines de prison à deux chiffres, l’intéressé flanque également une monstrueuse frousse à tous les suspects qui passent sous son nez. Pourtant, derrière cet homme bilieux se cache un cœur qui bat aussi puissamment que le marteau d’un tribunal, surtout pour Ditte, son amour perdu. Alors que s’ouvre le procès d’un homme accusé d’homicide, cette dernière - docteure d’origine danoise à la ville - réapparaît en qualité de juré. De quoi miner l’aplomb hiératique de notre cher héros…

Renaître de ses cendres

Après l’avoir dirigé dans Il ne faut jurer de rien (1984) et La discrète (1990), le cinéaste Christian Vincent a offert le rôle principal de L’Hermine à Fabrice Luchini, méritoire lauréat du prix d’interprétation masculine lors du dernier Festival de Venise. Outre son scénario très prenant, le long métrage en question doit en effet (presque) tout à la présence et au talent sans frontières du comédien français, qu’il semblerait d’ailleurs insensé de ne pas croiser aux prochains César. Ici, tous les dialogues, ouvragés avec une attention de "premier de la classe", siéent à merveille à la docte élocution de son interprète, qui parvient à donner de la chair jusqu’aux répliques les plus affectées.

On saluera d’autre part la malice de l’entreprise qui, l’air de rien, fait bifurquer le spectateur du film de procès vers une bluette étonnamment touchante. Le procès fil rouge de l’intrigue, aussi passionnant et sobre soit-il, n’est finalement qu’un prétexte à ranimer le héros, à irriguer ses artères, à revasculariser son cœur amoureux. Au contact de Ditte, campée par la sublime Sidse Babett Knudsen, Racine va alors guérir de son rhume comme de sa léthargie, renaissant de ses cendres, ragaillardi et droit comme cette justice lovée dans son hermine. Un très agréable moment de cinéma. 

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Mehdi Omaïs

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