Lilly Wood & The Prick : "Le remix de Prayer in C nous a rendus crédibles"

Publié le 19 novembre 2014 à 15h23
Lilly Wood & The Prick : "Le remix de Prayer in C nous a rendus crédibles"

SUCCESS STORY – Le duo français cartonne avec une version remixée du titre "Prayer in C", qui s'est classé N°1 dans 35 pays. Nili Hadida et Benjamin Cotto, qui se produiront ce week-end à Paris dans le cadre du festival Black XS, reviennent pour Metronews sur ces derniers mois incroyables et la tonalité des nouvelles chansons qu'ils enregistrent actuellement.

Ça fait quoi de se retrouver en tête d'affiche du festival Black XS ?
Nili : On le vit plutôt bien, parce qu'on se sent à notre place à côté des autres groupes. Mais il faut aussi être à la hauteur de l'événement, donc ce n'est pas forcément évident. Ça donne envie de bien faire pour justifier notre place.

Avez-vous l'impression qu'on vous observe différemment depuis le succès du remix de "Prayer in C" ?
Nili : C'est à double-tranchant parce qu'on a l'impression de peser un peu plus lourd, mais tout le milieu parisien un peu plus snob n'a pas forcément envie d'aimer un groupe qui marche.
Ben : Certains ont peut-être l'impression qu'on a commis un hold-up !
Nili : Après, on ne peut pas se permettre de cracher dans la soupe, on a beaucoup de chance et ça nous ouvre beaucoup de portes. Notre défi, c'est surtout de bien expliquer la différence entre nos chansons et le remix qui n'est pas du tout représentatif.

Quelle a été votre première réaction à l'écoute du remix de Robin Schultz ?
Nili : C'est sûr que ce n'est pas le genre de musique qu'on écoute, même si on aime bien l'électro. Mais aujourd'hui, on se demande encore pourquoi ça nous est arrivé et comment ça peut autant marcher.
Ben : On ne comprend pas tellement la logique de remixer un morceau qui était passé inaperçu à l'époque. Ça nous a totalement échappés, mais tant mieux pour nous ! Après, il y aura peut-être un effet pervers au niveau de l'accueil du troisième album.

Quelle est l'histoire de cette chanson ?
Nili : C'est un morceau qu'on a écrit à la dernière minute, à la fin de l'enregistrement du premier album. Ben a tenté un riff à la guitare, je passais par là, et on a décidé d'en faire quelque chose.
Ben : C'est très bizarre de se dire que le public réagit beaucoup plus à cette chanson qu'à nos anciens singles. C'est à nous d'être malin, de contourner ça et de surfer là-dessus.

Aujourd'hui, ressentez vous une pression particulière sur vos épaules ?
Nili : J'ai l'impression qu'on a passé un cap où on n'a plus besoin de se justifier. On ne peut plus vraiment se casser la gueule, parce que ça nous a rendus crédibles. Mais de façon générale, avec Ben, on a vachement de chance, on est nés sous une bonne étoile.

Comment vivez-vous ce bon karma ?
Ben : On n'a pas encore de recul, peut-être qu'on s'en rendra compte dans des années. On continue à écrire et travailler de la même façon.
Nili : Ça nous angoisse. Rien n'est jamais gagné, on se fait des ulcères tous les deux. Le métier qu'on fait, et le succès fait qu'on n'est jamais tranquille. On a toujours peur de ne pas être légitime, que les gens trouvent ça nul. On reste des personnes hyper sensibles.

Avec le temps, ça ne s'améliore pas ?
Nili : Non, parce que plus on réussit, plus on a des choses à perdre, surtout quand on n'a pas confiance en soi à l'origine. Toute cette attention, ça peut être accablant.

Pourtant, vous aviez choisi ce métier en connaissance de cause...
Nili : On n'a jamais décidé de faire ce métier. La différence entre nous et les autres groupes, c'est qu'on a jamais démarché personne. On nous a beaucoup donné, on s'y est habitué, et maintenant on a peur de le perdre.

"On n'a pas envie d'être dans le confort pour travailler"

Vous avez finalement rencontré l'homme à l'origine du remix, Robin Schultz...
Nili : Oui, sur le plateau de X Factor" en Italie et on le voit de temps en temps. Il est très drôle, c'est un petit mec tout droit venu de sa province qui ne comprend absolument pas ce qui lui arrive non plus. Il sait qu'on n'a pas les même influences musicales ni la même façon de voir la musique. Ce qui est chouette, c'est que ce n'est pas non plus un produit de maison de disques.

L'orientation dance de la chanson vous a-t-elle donné envie de changer de registre ?
Nili : Non, car on était déjà en train d'enregistrer le troisième album à Bamako, au Mali, quand les gens nous appelaient tous les jours pour nous annoncer qu'on était N°1. On a toujours fait ce qu'on avait envie de faire, il n'y a pas de raison que ça change.
Ben : Pour éviter les doutes éventuels, on s'est rapidement remis au travail.
Nili : On n'arrête jamais vraiment de travailler, c'est l'avantage d'avoir fait de sa passion un métier. On a peur du vide et on ne ressent pas tellement le besoin de prendre des vacances. On est un peu tout le temps dans une urgence.

Pourquoi avoir choisi de partir en Afrique ?
Nili : Avec Ben, on a besoin d'être en huis clos pour travailler, de vivre des choses intenses loin de chez nous. On a beaucoup souffert là-bas, mais paradoxalement, ça fait du bien d'en chier parfois. On n'a pas envie d'être dans le confort. C'est tellement facile qu'on ne veut pas louer un studio à côté de chez nous et faire venir tous nos potes. C'est chouette de se retrouver seulement tous les deux.

A quoi peut-on s'attendre pour les sonorités du disque ?
Nili : On a déjà 20 morceaux, ce qui est beaucoup parce que d'habitude, on n'en fait pas un de trop. On a choisi de faire appel à des producteurs étrangers parce qu'on a envie de faire mieux et de voir plus loin. On commence à être ambitieux au bout du troisième album, on a envie de voir plus grand.

Nili, vous publiez parfois des billets assez engagés sur votre blog. Ça ne vous donne pas envie d'écrire vos textes en français ?
Nili : On a justement fait une chanson en français la semaine dernière. Mais dans la musique, il ne faut pas s'exprimer comme à l'oral. On privilégie souvent la spontanéité et la naïveté. Là, je suis parti d'un texte d'un anglais que j'ai traduit littéralement, donc ça donne un truc très imagé. Notre entourage n'a pas l'air convaincu, mais on fait ce qu'on veut au final. Il faut que ça vienne de nous et qu'on nous laisse tranquille, on ne fait pas les trucs pour plaire aux autres, dans le fond, on est un peu des ados ! (rires).

Votre relation est-elle aussi fusionnelle qu'à vos débuts ?
Nili : Le truc, c'est qu'on a jamais bossé chacun de son côté, on a appris ensemble.
Ben : On a notre propre façon de travailler qu'il faudra peut-être faire évoluer pour ne pas s'essouffler.
Nili : Il y a des jours où l'on se supporte moins que d'autres, mais comme un pote avec qui tu bosses et à qui t'as parfois envie d'en coller une. On est tout le temps ensemble, donc c'est normal qu'on arrive parfois à saturation. On se prend la tête, mais on ne se fait jamais la guerre. On est bienveillants l'un envers l'autre.


La rédaction de TF1info

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