Magali Berdah, agent des candidats de téléréalité : "Si j'avais été un homme, ça aurait été plus facile"

Propos recueillis par Rania Hoballah
Publié le 5 février 2019 à 13h53, mis à jour le 6 février 2019 à 15h49
Magali Berdah, agent des candidats de téléréalité : "Si j'avais été un homme, ça aurait été plus facile"
Source : DR

PORTRAIT – Elle a su transformer les candidats de téléréalité en véritables influenceurs. Fondatrice de l'agence Shauna Events, Magali Berdah a bâti un véritable empire grâce au placement de produits. Rencontre avec une femme de poigne.

C’est l’une des femmes les plus puissantes de la téléréalité. Et pourtant, Magali Berdah n'est ni candidate, ni productrice de programmes. Il suffit de passer une heure avec cette brune piquante de 37 ans pour comprendre le tourbillon dans lequel elle vit depuis deux ans. Agent des stars de la téléréalité, elle devenue incontournable dans le paysage audiovisuel français. "En réalité, je ne suis pas vraiment un agent car je ne prends pas d'argent sur les contrats télé de mes clients", rectifie d'emblée Magali Berdah. " Je me concentre uniquement sur leurs placements de produits". 

Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance, comme elle l'explique dans son livre "Ma vie en réalité (Ed. L’Archipel), sorti en juin dernier et qui déjà écoulé à 30 000 exemplaires. Fille d'une femme de ménage élevée par ses grands-parents, rien ne prédestinait cette mère de trois enfants à devenir une redoutable femme d'affaires à la tête d'une société, Shauna Events,  dont le chiffre d'affaire donne le tournis. Pourtant, en 2016 elle a une idée de génie : aider les candidats de téléréalité à rebondir après leur passage à la télévision en leur proposant de faire du placement de produits sur Instagram et Snapchat, où ils sont très populaires. 

A l'époque pourtant, elle ne connaît rien au milieu, encore moins aux réseaux sociaux. Criblée de dettes et victime d'escroquerie, elle tente de garder la tête hors de l'eau et de faire tourner son entreprise de ventes d'assurances à Juans-les-Pins. Une rencontre fortuite va tout changer : elle fait la connaissance de Jazz, une candidate de "Qui veut épouser mon fils", l'émission de téléréalité de TF1. Pour lui rendre service, elle l'aide à négocier un contrat avec un hôtel qui souhaite que la jeune femme fasse sa publicité. Alors que l'établissement propose à Jazz de la rémunérer en nuits d'hôtel, Magali lui obtient un contrat de 3000 euros. C'est la révélation. De fil en aiguille, elle rencontre Vivian, Jessica Thivenin ou encore Amélie Neten, d'autres candidats qui décident de lui faire confiance. Le résultat est au-delà de ses espérances. 

Jusqu'à 5 000 euros la photo sur Instagram

Grace à elle, ces jeunes gagnent de l'argent en offrant une vitrine de rêve à des marques qui n'ont pas toujours un budget pour faire de la publicité. Produits minceur, vêtements, cosmétiques, bonbons, fer à lisser, rasoir : tout y passe. "Les tarifs varient selon leur actualité et leur notoriété", explique Magali Berdah. "Un post sur Instagram peut aller de 150 à 3000 euros". De quoi permettre aux influenceurs les plus célèbres de vivre très confortablement. Et pour les marques, c’est tout benef'. "Grâce au code promo en dessous des photos, elles peuvent calculer en temps réel leur retour sur investissement".

Ses clients ? Nabilla, Jessica Thivenin, Jazz, Ayem, Amélie Neten, Julien Tanti, Paga… Soit 80% des candidats issus de la téléréalité. Quand on l'interroge sur Caroline Receveur, la star des influenceuse qui ne fait pas partie de son écurie, elle est cash. " Nous n’avons jamais eu l’occasion de nous rencontrer. Mais, je trouve dommage qu’elle dénigre son passé et qu’elle cherche à faire oublier sa participation à 'Secret Story'. Il n'y a aucune honte à avoir fait de la téléréalité. Moi c'est grâce à ça que je m'en suis sortie". 

Je ne prends jamais de vacances. Quand je suis en avion et que j'éteins mon téléphone, c'est le drame
Magali Berdah

Au service de ses protégés qu'elle défend bec et ongles contre les critiques, elle travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. "Je ne prends jamais de vacances. Quand je suis en avion et que j'éteins mon téléphone, c'est le drame", s'amuse Magali. Au cours de notre entretien, celle qui officie désormais comme chroniqueuse dans "Touche pas à mon poste" aura reçu une quarantaine de messages auxquels elle devra répondre à peine l'interview terminée. Que rétorque-t-elle à tous ceux qui accusent les candidats de se faire de l'argent facile ? "Je ne comprends pas pourquoi on critique les gens qui gagnent de l'argent. Les candidats ont  leur société, ils paient des charges, ils paient la TVA. Ces sommes ne vont pas directement dans leurs poches. Dans une société sinistrée, moi au moins je crée de l'emploi, je pais mes impôts, je suis en règle".  

Fourmillant d'idées, elle vient de lancer avec le groupe Banijay Victoria Talent, une plateforme de mise en relation entre les micros influenceurs (qui comptent entre 5 000 et 100 000 abonnés) et les marques. De quoi révolutionner à nouveau l’économie des réseaux sociaux. "L'idée m'est venue pendant le MIP TV (marché international pour le développement et la distribution de programmes, ndlr). J'étais avec plein de gens de la télé, ils parlaient tous anglais, je ne comprenais rien et je m'ennuyais…", s'amuse Magalie Berdah qui admet que son parcours suscite beaucoup d'envie et de jalousies. "Si j'avais été un homme, ça aurait été plus facile", concède cette maman de 3 petites filles qui tente tant bien que mal de gérer sa vie de famille avec  son business florissant. Si elle vit toujours à Juans-les-Pins, elle vient à Paris toutes les semaines pour l’enregistrement de "TPMP". "Je fais comme je peux, même si ce n’est pas toujours facile de tout concilier", avoue-t-elle non sans émotion. "Mais je ne vais surement pas prendre ma retraite maintenant. Il y a encore tant de choses à faire".


Propos recueillis par Rania Hoballah

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