Marianne James : "J'ai bien cru que j'étais has been"

Publié le 29 juin 2015 à 7h01
Marianne James : "J'ai bien cru que j'étais has been"

INTERVIEW - Au théâtre à Paris, puis en province, dans le rôle de Miss Carpenter jusqu'en janvier 2016, la chanteuse revient sur son rôle précédent d'Ulrika, dévoile celui à venir de Lilith et évoque ses envies de télévision.

Vous jouez Miss Carpenter au théâtre, une diva hollywoodienne sur le retour, qu'y a-t-il de vous dans ce personnage ?
C'est délicat parce qu'à chaque moment, il y a du Miss Carpenter, du moi, du Ulrika [son précédent personnage]. Là, où je me reconnais le plus, c'est dans son côté teigneux, comme la moule accrochée à son rocher. D'ailleurs, sans ça, Miss Carpenter n'aurait pas vu le jour.

C'est-à-dire ?
En 2012, nous avons fait cinq lectures devant différents producteurs, directeurs de salles, metteurs en scène parisiens. Soit une trentaine de personnes qui ont dit non. "On n'y croit pas, ça va coûter trop cher, c'est vulgaire…" Je pensais que j'avais un nom, un crédit. J'ai bien cru que j'étais has been. Après, je me suis dit que c'était eux qui sont vieux et coincés, qui n'ont plus de jus. Et nous sommes tombés sur des fous, Steve Suissa et Eric-Emmanuel Schmidt, qui y ont cru. Nous nous sommes faits ramassés par la presse. Mais, fière, je croyais en ce personnage. Et là, en tourné en nous avons cartonné en province. J'ai repris confiance. Et maintenant ça marche, je peux d'ailleurs annoncer que nous continuons jusqu'en janvier 2016 au théâtre du Gymnase.

Vous racontez que votre précédent personnage, Ulrika von Glott, est né en 1988, après un bon score électoral du Front National…
A l'origine le personnage s'appelait Maria Pasta Cosa Nostra et elle était italienne. On chantait du Verdi, Puccini. En une semaine, elle est devenue allemande et nous sommes passés à Goethe, Mozart, Haendel… Je trouvais étonnant que les Français votent autant Front National, que les gens ne se souviennent pas. La gifle, c'est que quand nous avons terminé l'Ultima Récital le 23 avril 2002, l'avant-veille, Jean-Marie Le Pen était au second tour des élections présidentielles.

Et maintenant, vous travailler sur Lilith, l'italienne…
La première est brune et allemande, Ulrika, la seconde est blonde et américaine, Miss Carpenter, et la troisième qui arrive en 2018 est l'épouse du diable, Lilith. Elle aura les cheveux rouges, et je parlerai des femmes qui savaient trop et qui surtout avaient le malheur de dire qu'elles savaient. Comme toutes les sorcières qui ont été brûlées à Montélimar, ma ville.

"Les Français doivent continuer à chanter en français"

Ulrika peut-elle revenir sur scène ?
Oui, quand j'aurais 60 ans, j'aimerais faire un soir Ulrika, un soir Miss Carpenter et un soir Lilith. Mais il faut que je sois en forme.

Un mois après l'Eurovision, quel est votre debrief ?
L'Eurovision ne peut plus accueillir des chansons avec des tempos lents et un propos. C'est terminé. Maintenant, tout le monde chante en anglais. Alors qu'avant les portugais chantaient en portugais, les grecs en grec… Quant à Lisa Angel, elle chantait un très beau texte, sur la résilience. Je me suis dit pourquoi pas. Les années passées, nous avons envoyé des titres qui ne marchaient même pas en France, comme les Twin Twin ou Sébastien Tellier. Et les Français doivent continuer à chanter en français. Si on prend tous les mots français utilisés à l'étranger, il y a de quoi faire un chanson.

Vous signez à nouveau avec France2 ?
Je suis partante et j'en ai très envie. Avec Stéphane Bern c'était un bonheur.

Chaîne avec laquelle vous enregistrez la seconde édition de Prodiges à la rentrée?
Oui et les téléspectateurs ont très bien noté la première émission, avec une note de 8,2 sur 10. C'est énorme. Du coup, Prodiges a décrispé le milieu de la musique classique, qui sent un peu le renfermé. Il y a besoin d'ouvrir les fenêtres, ni Bizet ni Mozart ne vont s'enrhumer.

La Nouvelle Star, c'est clairement terminé ?
Oui, sinon j'aurais continué à prendre beaucoup d'argent, et de plaisir d'ailleurs. J'ai refusé une somme à six chiffres avec un quatre devant. Sauf que j'avais un rêve, remplacer Manu Katché (qui partait en tournée) par Akhenaton en 2007. A cette condition, j'aurais dit oui. Mais M6 a dit non.

Vous regardez The Voice ?
J'aime bien le procédé, j'adore l'idée des fauteuils qui tournent, je voulais leur piquer l'idée. Au moins Dove Attia aurait écouté avec ses oreilles.

Quelles seraient vos envies en télévision ?
Une émission de divertissement, avec des polémistes, à 22h, une ou deux fois par semaine. Je pense que j'aurais ma place là.

Des projets d'albums ?
J'ai un projet bien avancé de reprises de musiques classiques revues par moi. Et un autre, electro en anglais, qui est terminé, mais que je n'ai pas encore sorti. C'est de l'électro pour rouler, pour tracer la route. Mais on ne saura pas que c'est moi.


La rédaction de TF1info

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