"Men & Chicken" : et si on avait trouvé la famille la plus bestiale du cinéma ?

Mehdi Omaïs
Publié le 25 mai 2016 à 8h00
"Men & Chicken" : et si on avait trouvé la famille la plus bestiale du cinéma ?

CRITIQUE – Dix ans après "Addam’s Apples", le réalisateur Danois Anders Thomas Jensen revient ce mercredi à l’assaut des salles obscures avec une comédie étrange : "Men & Chicken". Il y convoque notamment Mads Mikkelsen et David Dencik pour déployer une odyssée familiale et animale. Déroutant…

Alors qu’il défèque (pas si) tranquillement, Elias reçoit un coup de fil de son frangin Gabriel. Le message est lapidaire : "Papa est mort". Loin d’être déstabilisés, les deux hommes s’empressent de visionner la vidéo que le défunt a pris soin d’enregistrer avant son ultime souffle.

Et là, tout bascule. En réalité, il n’était pas leur géniteur biologique. Le vrai ? Evelio Thanatos, un fantasque pionnier de la recherche sur les cellules souches qui réside sur l’île d’Ork. Animés par un désir de vérité, les héros de Men & Chicken prennent alors la tangente pour gagner ce lieu décrépit.

Retour derrière la caméra

Espoir oblige, ils s’imaginent tomber sur une famille timide. Au lieu de ça, leurs demi-frères les accueillent à coups de créatures empaillées et de pelles rouillées. Cris, grognements et incivilités plus tard, les choses se tassent. Elias et Gabriel peuvent enfin (essayer de) communiquer avec leurs rustres hôtes et suivre le fil de leurs racines.

Quelque part entre Massacre à la tronçonneuse (pour la maison dégénérescente et la famille –le fort décrié bec de lièvre en plus– désaxée) et les Tenenbaum, cet objet filmique bizarroïde a permis au Danois Anders Thomas Jensen de renouer avec la mise en scène après dix années consacrées aux scénarios (Antichrist, Revenge, After the Wedding…).

En grand fan de Breaking Bad, le cinéaste a tenu à insuffler un humour noir à ce récit animé par le vivre-ensemble. Lequel, au-delà de ses fantaisies extrêmes, s’inspire partiellement de sa propre smala. Chez les Thanatos, comme souvent dans son œuvre, les personnages détonnent par une naïveté et une trivialité manifestes.

L’occasion de scanner la bestialité qui sommeille en nous quand les acquis liés à l’éducation ne sont pas digérés. Par la voie du conte familial, Men & Chicken évoque, de manière intéressante mais un brin répétitive, des thématiques sérieuses comme l’héritage, le déterminisme et les rapports filiaux. Mention spéciale pour Mads Mikkelsen et David Dencik, jubilatoires sous les traits des grossiers protagonistes.   

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Mehdi Omaïs

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