Mika : "J'ai envie de continuer 'The Voice'"

Publié le 19 juin 2015 à 18h14
Mika : "J'ai envie de continuer 'The Voice'"

INTERVIEW - Le sémillant coach de "The Voice" publie un quatrième album aussi enjoué qu'introspectif, intitulé "No place in heaven". Rencontre en français dans le texte avec une personnalité à la liberté de parole réjouissante.

On parle beaucoup d'un retour aux sources pour votre nouvel album. Mais finalement l'amour a toujours traversé toutes vos chansons ?
Par rapport à la pochette précédente qui était une rupture, ça change oui. Mais l'amour reste un fil conducteur, qu'il soit beau, violent, doux ou dégueulasse, c'est une qualité qui fait de nous des humains. C'est une évidence que ça va traverser mes chansons, même quand elles sont politiques, sinon ça ressemble à un simple discours. Je ne comprends pas qu'on me parle de retour aux sources, c'est une mélancolie créatrice qui n'est pas très utile.

Peut-on parler de retour à soi ?
Il y a une transparence dans le son, les sentiments affichés, je ne suis pas en train de demander la permission. J'avais construit mon précédent album comme un objet symphonique, beaucoup moins accessible. Souvent ça parle de valeurs très personnelles, c'est légèrement engagé, parce que j'ai ça au fond de moi.

La pop music peut-elle transmettre un message ?
Il faut être sûr que ce ne soit pas trop théâtralisé, trop visible. Par exemple, les Beatles ont réussi à créer des titres qui sont des drapeaux pour énormément des causes, comme Elton John ou Jacques Brel à leur façon. La pop fonctionne grâce à une certaine forme d'abstraction qui donne de la puissance à l'image. Une chanson comme "Good guys"  peut devenir engagée et donner de la force si on le veut bien. Mais je ne fais pas de la politique.

C'est la première fois que vous placez le mot "gay" dans une chanson avec "Good Guys"...
Je l'ai fait pour moi parce qu'en fait, ce n'est pas si compliqué que ça. Je voulais faire un album très personnel, intime et mélodique, comme un journal intime. Mais je suis fier que ce ne soit pas agressivement commercial, je l'ai fait avec beaucoup d'amour et ça me donne la possibilité de continuer mon parcours de songwriter, qui est au-dessus de tout ce que je fais, plus que chanteur ou homme de télé.

"Dans 'The Voice', j'aime mettre de la bière dans mon verre"

Le fait d'avoir un statut de "mentor" dans "The Voice", ça vous conforte dans ce sens ?
Le statut, ce n'est rien, c'est une illusion, c'est comme le Musée Grévin ! Je donne des conseils à ceux qui veulent bien les entendre, avec toute ma franchise. Mais je ne me regarde jamais à la télévision, et je m'exprime comme si je parlais à un musicien dans un pub ou un studio d'enregistrement. C'est pour ça que j'aime bien avoir une bière dans mon verre, ça me met dans de bonnes conditions, même si à la fin de la soirée, on est un peu perdus et on grimpe sur les fauteuils (rires). Enfin, on est loin d'être ivre !

C'est le premier album que vous publiez tant que coach, qu'est-ce que ça change concrètement ?
Quand on rentre à ce point dans le salon des gens, c'était naturel pour moi de faire quelque chose d'intime. J'aurais pu appeler tous mes potes et faire des chansons très commerciales pour frapper un grand coup. Ça me réchauffe le cœur que l'album fonctionne, même sans avoir de gros single comme locomotive. Aujourd'hui, j'ai envie de faire des albums qui ont une certaine cohérence, qui fonctionnent en tant qu'entité, comme un vrai voyage.

L'album est aussi un voyage dans le temps puisque vous rendez hommage à plusieurs de vos idoles, comme Freddie Mercury, Arthur Rimbaud, James Dean ou Nina Simone...
Je trouve qu'aujourd'hui, on n'a pas assez d'icônes qui se sont sali les mains, qui ont été ridiculisées et adorées à la fois, qui ne sont pas lisses. Ce manque-là a peut-être provoqué cette volonté de rendre hommage aussi ouvertement à des gens comme ça.

Même Miley Cyrus ?
C'est quelqu'un qui a une très longue carrière avec beaucoup d'artistes dans sa famille. Pour moi, il est encore trop pour juger. C'est une artiste pop qui fait son job à 150 %, c'est du divertissement avec des chansons accrocheuses pour faire danser et transporter.

Et Kendji ?
Il pourra devenir une icône s'il travaille comme un fou comme il est en train de le faire. Mais sa démarche est très bonne, il réussit à rassembler beaucoup de gens. Et en même temps, il représente la différence. Musicalement, si on met ses chansons sur quelqu'un d'autre, ça ne va pas marcher. Il a le courage instinctif de rester lui-même. Quand je me suis retourné, j'ai vu quelqu'un qui communiquait avec les yeux. Et j'adore les gens qui n'ont pas peur de chanter la gorge ouverte, il y a très peu de gens qui le font.

Concernant "The Voice", allez-vous signer pour une nouvelle saison ?
La prochaine tournée sera très intense, ils veulent rajouter des dates, notamment en Asie. J'ai envie de le faire, c'est la première fois que je le dis. Ça veut dire que je vais travailler comme un fou, je fais déjà l'émission en Italie, j'ai un nouveau projet de mise en scène à venir en Angleterre. Mais c'est mon métier qui exige ça, je me suis échappé très jeune grâce au cirque, c'est un énorme privilège et je ne peux pas me plaindre.

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La rédaction de TF1info

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