Mon garçon - Guillaume Canet : "Je n’ai jamais vécu une expérience pareille, jamais connu une telle intensité"

Marilyne LETERTRE
Publié le 18 septembre 2017 à 10h15, mis à jour le 18 septembre 2017 à 10h38
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Source : Sujet JT LCI

INTERVIEW- Dans "Mon garçon" de Christian Carion, l’acteur s’est prêté à une expérience inédite : jouer sans aucun scénario, en improvisant les réactions et les dialogues de son personnage, un père parti à la recherche de son fils disparu. Il revient sur cette aventure hors normes pour LCI.

Racontez-nous votre premier jour du tournage. 

Guillaume Canet : Je suis arrivé Gare de Lyon à Paris avec ma valise que Christian Carion était venu faire chez moi au préalable. Il m’a donné un portable et les clés de location de la voiture que j’aurai à mon arrivée, puis m’a dit d’écouter le message sur le téléphone : le film a alors démarré. Je me suis retrouvé dans ce train, propulsé dans une histoire dont je ne savais qu’une chose : il s’agissait d’un homme qui n’avait pas été très présent pour son jeune fils qui avait disparu dans une colonie de vacances. De mon personnage, je ne connaissais que le nom, le métier et quelques détails qui pourraient me servir à improviser dans les dialogues. Je suis parti dans une aventure de six jours où j’avais l’impression d’être dans une attraction dingue. J’étais dans un jeu de rôles, sur le qui-vive en permanence. C’est ce que nous cherchons tous à vivre en tant qu’acteur : nous oublier pour n’être que le personnage. 

Et vous êtes immédiatement entré dans le bain ? 

G.C. : Bizarrement oui. Comme j’avais peu d’informations sur le personnage, je me servais de choses personnelles. Et le tempérament de cet homme, un meneur, me correspond assez : moi aussi, j’ai du mal à rester impassible face à une situation, j’ai toujours besoin d’aller de l’avant, de prendre les choses en main. 

Pensez-vous que ce personnage aurait été difficile à jouer si vous n’aviez pas été papa ? 

G.C. : Peut-être pas. Quand on est acteur, on joue parfois des choses que l’on n’a jamais vécues. Quand je fais un tueur en série dans La prochaine fois je viserai le cœur, je puise dans ce que j’ai pu lire ou voir. Mais il est certain qu’ici, le fait d’être père me nourrissait beaucoup. 

Cette expérience inédite, tout à l’improvisation, n’était possible qu’avec Christian Carion ? 

G.C. : Il fait partie des quelques réalisateurs avec lesquels je m’entends très bien, dont j’aime le cinéma et en qui j’ai une confiance totale. Je savais que je ne me retrouverais pas dans une galère. C’était nécessaire dans une aventure pareille qui comportait sa part d’inquiétude et d’excitation. C’est un projet qu’on n’a pas l’habitude de faire et de voir. Et justement :  il y a tellement de films qui sortent aujourd’hui que je ne veux pas faire « un film de plus ». J’ai la possibilité d’écrire et de réaliser donc quand je tourne, ce n’est pas pour gagner de l’argent. Je le fais parce que j’ai envie de raconter une histoire forte et là, en l’occurrence, il y avait un projet et un concept très originaux. 

"Mon Garçon" : l'avis des premiers spectateursSource : Sujet JT LCI
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Avez-vous eu l’impression de repartir de zéro sur ce tournage ? 

G.C. : Ce qui est sûr, c’est que j’ai beaucoup appris en tant qu’acteur, réalisateur et auteur. Tourner dans la continuité, sans aucune répétition, en prise unique, engendre une véracité, une crédibilité. Par exemple, dans un cinéma traditionnel, quand on allume une cigarette et que le briquet ne marche pas, on coupe et on recommence. Là, on joue avec, comme avec le fait de chercher ses mots, de bafouiller : cela fait partie de la vie mais l’auteur ne l’écrira jamais dans un scénario ! J’ai retrouvé le plaisir du réalisme, de l’instant présent. 

Vos partenaires étaient là pour vous guider dans cette aventure. 

G.C. : Bien sûr et comme Mélanie Laurent et Olivier de Benoist le disent, pour eux, c’était la double peine. Ils avaient à la fois la mission de m’emmener là où il le fallait et la nécessité de s’adapter à mes réactions qui, parfois, n’étaient pas du tout raccord avec ce qu’ils avaient prévu. Comme nous ne répétions pas du tout, c’était assez flippant pour eux et pour les techniciens.

Ce film a-t-il reboosté votre amour du jeu ?
G.C. : Je n’ai jamais vécu une expérience pareille, jamais connu une telle intensité. C’est une sensation monumentale que je souhaite à n’importe quel acteur.

Vous aimeriez maintenant la tenter derrière la caméra ?
G.C. : Beaucoup mais je suis tellement pointilleux que je ne sais pas si je ne pourrais faire qu’une prise, si j’aurais le talent et l’abnégation de Christian. 

Mon garçon, un film réalisé par Christian Carion avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist... Dans les salles le 20  septembre 2017.


Marilyne LETERTRE

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