"Mon inconnue" : et si c’était la meilleure comédie romantique française depuis "L’Arnacœur" ?

Des comédies françaises, il en sort au moins une (ou deux) par semaine. Pas toujours drôles. Et rarement romantiques. "Souvent les réalisateurs n’assument pas. Ils préfèrent dire ‘comédie sentimentale’", soupire Hugo Gélin, grand fan d’un genre où les Anglo-Saxons excellent. En salles ce mercredi, "Mon inconnue" est l’exception qui confirme la règle. Après Comme des frères (2013), nommé au César du meilleur premier film et "Demain tout commence" (2016), carton avec Omar Sy, le petit-fils des comédiens Daniel Gélin et Danièle Delorme confirme ses débuts prometteurs. 

Son héros, Raphaël Ramisse (François Civil), est l’auteur à succès d’une saga littéraire pour ados. Une ascension irrésistible qui s’est faite au détriment de sa compagne, Olivia (Joséphine Japy), rencontrée sur les bancs du lycée. Au lendemain d’une grave dispute, Raphaël se réveille dans un monde où il ne s’est jamais marié avec Olivia. Il n’est plus écrivain, mais prof de lettres. Elle, en revanche, est devenue une star de la musique classique. Pour se sortir de ce cauchemar spatio-temporel, le malheureux va se tourner vers Félix (Benjamin Lavernhe), son meilleur pote...

"C’est parti d’une angoisse personnelle", répond Hugo Gélin lorsqu’on lui demande d’où lui est venue l’idée de son troisième long-métrage. "Je me suis dit ‘que serais-tu devenu si tu n’avais pas rencontré les gens qui t’aiment ?’ Que ce soit la femme de ta vie ou ton meilleur ami. Je me disais que ce serait un super point de départ de comédie. Je l’ai confronté à plein de gens, et je me suis rendu compte que c’était une question assez universelle. Qu’on soit en couple ou pas en couple, célibataire ou divorcé, hétéro ou homo."

Tour à tour tragique, insouciant, sucré et burlesque, "Mon inconnue" offre un terrain de jeu idéal à son trio d’acteurs caméléons. "Je me suis inspiré des grandes comédies romantiques qui me plaisent, les Lubitsch mais aussi "Coup de foudre à Notting Hill", "Love Actually", "Un jour sans fin", confie le cinéaste, qui cite également "L’Arnacœur" avec Vanessa Paradis et Romain Duris, l'un des rares réussites françaises du genre. C'était il y a déjà neuf ans !

Habile directeur d'acteurs, Hugo Gélin a écrit scénario et dialogues avec Igor Gotesman, son complice sur la série "Casting(s)" avec Pierre Niney. François Civil y avait d'ailleurs fait une apparition dans un épisode de la saison 3 en 2015. Le trio Niney-Civil-Gotesman s'était entre temps retrouvé pour la comédie "Five", l'année suivante. "On se connaît tous, on est très proches. On a le même humour et le même goût pour une comédie généreuse mais pointue. Avec des timings hyper précis", observe le cinéaste. 

S’il maîtrise les codes du genre, Hugo Gélin y a apporté une petite touche post-MeToo savoureuse à travers le personnage d’Olivia, inspiré de la pianiste Khatia Buniatishvili, qui fait une apparition à l’écran. "Ce qui me gêne dans beaucoup d’histoires romantiques, c’est que la femme est l’objectif de l’homme. Et dans objectif, il y a objet", observe-t-il. "Dans mon film, Raphaël lui aussi considère sa femme comme un objectif. Et il va se rendre compte qu’elle est en réalité le vrai sujet de sa vie." Avant de tout faire pour enfin la rendre heureuse ?