VIDÉO - Mort du comédien Robert Hirsch, figure du théâtre français, à l'âge de 92 ans

Publié le 16 novembre 2017 à 16h14, mis à jour le 16 novembre 2017 à 17h49
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Source : Sujet JT LCI

TRISTESSE - Robert Hirsch, un des derniers monstres sacrés du théâtre français, est décédé ce jeudi à l'âge de 92 ans, a annoncé le producteur de ses pièces, Francis Nani, directeur du théâtre du Palais-Royal.

Robert Hirsch, décédé jeudi à 92 ans à Paris, disait avoir "la religion du théâtre" où il a endossé tous les rôles, du drame à la comédie et au boulevard, en presque 70 ans de carrière dont un quart de siècle à la Comédie-Française. Il disait avoir "horreur des vacances" et "haïr la retraite". A près de 90 ans, il triomphait tous les soirs dans "Le Père" une comédie grinçante où il incarnait un vieil homme touché par Alzheimer qui défend bec et ongles son indépendance face à sa fille compatissante.

"Le théâtre est ce qui me fait vivre" disait-il. Le virus l'avait gagné tout petit, lorsqu'il contemplait fasciné les stars sur le grand écran du cinéma "Apollo", près du Casino de Paris, qu'avait racheté son père avant la guerre. Bette Davis dans l'"Insoumise" de William Wyler était son modèle absolu.

Notre interview de Robert Hirsch, datant de 2013Source : Les vidéos infos
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En 1939, son père juge prudent de quitter Paris. A Montmorillon où s'installe la famille, Robert fait la connaissance de jeunes filles qui pratiquent la danse classique. Mordu, il prendra des cours à Paris et tentera même d'intégrer le ballet de l'Opéra de Paris, avant d'être "happé" par le théâtre.

Il gardera de cette formation de danseur une agilité particulière, une présence très physique, à l'époque où les comédiens déclamaient encore. Entré à la Comédie-Française dès sa sortie du conservatoire en 1948, avec deux prix de comédie en poche, il dira y avoir passé "les 25 plus  belles années de ma vie". Il campe un "Scapin" bondissant en 1956. Son Sosie dans "Amphitryon" du même Molière (1957) et son Bouzin pathétique dans "Un fil à la patte" de Feydeau (1961) soulèvent l'enthousiasme, même si certains critiques lui reprochent "d'en faire trop".

Robert Hirsch au théâtre dans "Le Père"Source : JT 20h WE
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De Sosie, "l'un des rôles qui m'a rendu le plus heureux", il disait: "il est encore plus drôle que Scapin. Toutes les répliques font mouche, et physiquement c'était un bonheur". Parallèlement, il tourne pour le cinéma, du "Dindon" de Claude Barma (1951) à "Si Versailles m'était conté" de Sacha Guitry (1953) et "Hiver 54, l'abbé Pierre" de Denis Amar, qui lui vaut un César du meilleur second rôle en 1990. Il réussit même le prodige de surpasser avec ses treize rôles dans "Pas question le samedi" d'Alex Joffé en 1964 la performance d'Alec Guiness dans "Noblesse oblige".

Molière d'honneur en 1992 et Molière du meilleur comédien d'un spectacle de théâtre privé pour "Le Père" en 2014

Mais c'est le théâtre qui l'habite et lui donne ses plus grands rôles. Lorsqu'il aborde "Richard III" de Shakespeare (1972) le critique du Monde Bertrand Poirot-Delpech, pourtant très critique vis-à-vis de "sa tendance naturelle au paroxysme clinique", ne tarit pas d'éloge: "Il se contente de poser en commençant les contours physiques du personnage, la tête posée en biais au bas de la bosse, le rythme cassé de la marche, le bruit de pied-bot foulant le sol, mais le regard et la voix restent aussi insondables dans la détresse du dépouillement que dans la férocité".

Devenu sociétaire honoraire de la Comédie-Française en 1974, Hirsch enchaîne une seconde carrière où il alterne comédies de boulevard ("Debureau" de Sacha Guitry, "Le bel air de Londres" de Dion Boucicault, qui lui vaut un Molière en 1999) et grands textes. Son interprétation magistrale dans "La Résistible Ascension d'Arturo Ui" de Bertold Brecht mis en scène par Georges Wilson au TNP (1969) fera date. "Le Gardien" de Harold Pinter lui vaut en 2007 un de ses nombreux Molières.

Il a presque 90 ans lorsqu'il en décroche encore un en 2014 pour son interprétation du "Père" de Florian Zeller, qu'il a créé au Théâtre Hébertot. Les cheveux ont blanchi, il s'appuie désormais sur une canne mais l'énergie est intacte, en dépit de deux infarctus, dont l'un lors d'une tournée avec "Le Gardien", qu'il racontait avec entrain: "Le soir même, triple pontage. Et c'est reparti. C'est miraculeux". Il aura encore le temps de jouer "Avant de s'envoler", du même Zeller, au théâtre de l'Oeuvre en 2016, avant de partir à son tour.


La rédaction de TF1info

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