Décès de Jean-Pierre Elkabbach à 86 ans

Décès à 86 ans du journaliste Jean-Pierre Elkabbach

par A.B.
Publié le 3 octobre 2023 à 22h12, mis à jour le 3 octobre 2023 à 23h23

Source : TF1 Info

Homme des médias et célèbre journaliste politique, Jean-Pierre Elkabbach s'est éteint ce mardi à l'âge de 86 ans.
Passé par les plus grandes rédactions françaises, il a marqué l'histoire de la radio et de la télévision.

Jean-Perre Elkabbach s'est éteint, ce mardi 3 octobre. Le célèbre journaliste politique est décédé à l'âge de 86 ans après un long combat contre la maladie, a annoncé le groupe Canal+. Grand homme des médias, il a marqué l'histoire de la radio et de la télévision française.

"Jean-Pierre n’est plus. Ma tristesse est infinie. Je perds un ami. La France, un journaliste brillant", déclare sur X le directeur général du groupe Canal+, Gérald Brice-Viret. "Je m’associe à la peine immense de sa famille, de ses proches, et de ceux qui ont un jour eu le bonheur de croiser sa route, à CNews, qu’il a contribué à créer, comme ailleurs".

Vive émotion à gauche comme à droite

"Tristesse de voir partir ce soir un grand du journalisme", a réagi pour sa part l'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy. "Passionné  de politique, boulimique d’information, intervieweur pugnace et sans concession, directeur de médias exigeant et visionnaire, il a marqué de son empreinte toute une génération". À gauche, le patron du PCF Fabien Roussel salue "un compagnon de route de la Ve République qui aura marqué l’histoire médiatique de notre pays. Ses échanges mythiques avec Georges Marchais resteront gravés."

Jean-Pierre Elkabbach en 1982 au micro de Europe 1, sa radio de toujours.
Jean-Pierre Elkabbach en 1982 au micro de Europe 1, sa radio de toujours. - AFP

Né à Oran, Jean-Pierre Elkabbach est le fils d'un négociant en import-export. Après avoir fait ses études l'Institut d'études politiques de Paris, il débute sa carrière de journaliste dans les années 1960 à la radio RTF dans son pays de naissance avant d'en devenir le correspondant dans la capitale française.

En mai 1968, il est mis au placard de ce qui faisait encore partie de l'ORTF et allait devenir France Inter, pour avoir fustigé les "censeurs", avant de passer à la télévision en 1970. Il y présente le journal de la Une puis de la Deux.  En 1974, à l'occasion de l'éclatement de l'ORTF, il est à nouveau écarté du petit écran. Il revient alors sur France Inter où son émission, "13-14", est un succès

En janvier 1977, sa nomination à la tête de l'info d'Antenne 2 s'accompagne de plusieurs départs au sein de la rédaction. À la suite de la victoire de François Mitterrand en 1981, il est évincé de la chaîne publique en raison de ses attaches giscardiennes. "C'était une période où même ceux que j'avais aidés ou promus changeaient de trottoir quand ils me voyaient. J'étais atteint de mort sociale, je n'existais plus. J'ai connu l'ANPE", racontera-t-il en 2015.

Malgré les scandales, il rebondit toujours

L'année 1982 marque son arrivée sur Europe 1, où il devient directeur d'antenne puis l'année suivante directeur général adjoint.  Ce n'est qu'en 1991 qu'il revient à la télé, dans l'éphémère chaîne La Cinq puis à France 3, où il anime l'émission "Repères".

En décembre 1993, il est élu président de France 2 et France 3, qui deviennent France Télévisions. Il sera contraint de partir en 1996, à la suite du scandale des juteux contrats faits aux animateurs-producteurs comme Jean-Luc Delarue et Nagui, lui valant sa marionnette peu flatteuse aux Guignols de l'info.

À partir de décembre 1999, il rebondit à la présidence la chaîne parlementaire Public Sénat, où il anime l'émission littéraire Bibliothèque Médicis. En parallèle, il a fait son retour à Europe 1 dont il assure la direction générale de 2005 à 2008, avant de rejoindre CNews en 2017. 

Témoin privilégié de la vie politique

En 2021, il retourne dans sa radio de toujours, Europe 1, pour reprendre ses grandes interviews politiques. En 2022, il publie ses mémoires, Les rives de la mémoire, dans lesquelles il raconte son parcours et évoque les coulisses de son interview de François Mitterrand, le 12 septembre 1994 sur France 2, alors que le président est malade et au bord de l'épuisement.

Le journalisme, où je m'engageais par hasard, fut un moyen inespéré d'assouvir ma curiosité
Jean-Pierre Elkabbach

Sur la quatrième de couverture de son livre, Jean-Pierre Elkabbach a écrit : "J'ai grandi à Oran, une ville inondée de soleil, que j'ai plus tard appris à aimer. Adolescent, je ne rêvais que d'en partir. Quitter cette Algérie française sans horizon. Vivre à Paris. Voyager. Le journalisme, où je m'engageais par hasard, fut un moyen inespéré d'assouvir ma curiosité." 

Au fil d’une cinquantaine d’années de carrière, le journaliste a couvert tous les bouleversements politiques de la société française, de l'élection de François Mitterrand en 1981 à celle d’Emmanuel Macron "l'outsider" en 2017.


A.B.

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