LIBÉRATION DE LA PAROLE - Le Mouvement Time's up, né de la libération de la parole des actrices aux Etats-Unis, suite à l'affaire Harvey Weinstein, réclame une enquête sur les accusations d'abus sexuels qui entourent le chanteur depuis des années et pour lesquels il n'a jamais été condamné.
Le chanteur R. Kelly est dans la tourmente. Une tourmente qui vient et qui repart, suivant les années. Mais cette fois, les choses pourraient être différentes. L'organisation "Women of Color", membre du mouvement Time's Up, demande que des enquêtes appropriées soient diligentées suite aux différentes accusations qui entourent le chanteur de "I believe I can Fly", au sujet d'abus sexuels sur des femmes, parfois mineures, depuis des années.
L'organisation demande des enquêtes, suite à la condamnation de Bill Cosby, survenue la semaine dernière. L'ancienne gloire de la télévision a été condamnée pour agression sexuelle, et l'organisation y a vu le début d'actions qui sont destinées à aider les femmes noires ayant été abusées.
Nous appelons ceux qui tirent profit de sa musique à couper les ponts
Ava DuVernay, réalisatrice et membre de "Time's up"
Ainsi, WOF se rallie au hashtag survenu sur Twitter ,#MuteRKelly et demande à RCA, aux plateformes de streaming Spotify et Appels, ainsi que les organisateurs du prochain concert qui doit se dérouler le 11 mai prochain, à "insister sur la sécurité des femmes et leur dignité".
We join the call to #MuteRKelly and insist on the safety + dignity of all women. We demand investigations into R. Kelly’s abuse allegations made by women of color + their families for two decades. We call on those who profit from his music to cut ties. #MuteRKelly #TIMESUP #WOC pic.twitter.com/TYmDRVIH00 — Ava DuVernay (@ava) April 30, 2018
"Nous appelons ceux qui tirent profit de sa musique à couper les ponts" avec lui, a tweeté une des fondatrices de Time's Up, la réalisatrice Ava DuVernay. Et la réalisatrice n'est pas la seule à demander des enquêtes sur les accusations qui entourent le chanteur depuis une vingtaine d'années. Les actrices Lupita N'yongo, Kerri Washington, ou encore Aja Naomi King ainsi que les chanteurs Questlove et John Legend soutiennent cette initiative.
En réponse à cette demande, R. Kelly, 51 ans, Robert Sylvester Kelly de son vrai nom, a déjà été retiré de la liste des artistes qui devaient se produire samedi 5 mai lors d'un concert à l'Université d'Illinois de Chicago, sa ville natale. "Je n'avais jamais vu un concert annulé sur de simples rumeurs, mais j'imagine qu'il y a un début à tout", a-t-il réagi sur Instagram, en s'excusant auprès de ses fans.
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Kelly avait été inculpé pour pornographie sur mineurs en 2002, mais finalement acquitté en 2008. Cette année-là, le Chicago Sun-Times l'avait accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, mais le chanteur avait été acquitté par la justice. Neuf ans plus tard, d'autres accusations ont fait surface. Comme le révélait une enquête publiée en juillet dernier par Buzzfeed, le chanteur a aussi été accusé d'avoir des quasi-esclaves sexuelles à ses domiciles de Chicago et Atlanta, même si les allégations publiées, démenties par le chanteur, n'ont débouché sur aucune inculpation.
Buzzfeed affirmait dans son enquête que six jeunes femmes vivaient dans une maison près d'Atlanta et dans un studio à Chicago sous la domination totale de R. Kelly qui, selon les témoignages, décidaient de ce qu'elles mangeaient, des vêtements qu'elles portaient et leur imposait des relations sexuelles. Toujours selon Buzzfeed, ces femmes seraient des apprenties musiciennes que le chanteur maintiendrait sous son emprise comme le gourou d'une secte. R. Kelly est "un maître en contrôle mental", affirmait alors Cheryl Mack, présentée comme étant une ancienne assistante du chanteur.
Selon elle, il aurait obligé les femmes à se mettre debout face au mur quand d'autres hommes se trouvent dans la même pièce. Selon plusieurs témoignages et une enquête de la police, aucune mesure n'avait alors été prise contre le chanteur car la contrainte n'avait alors pu être prouvée et que les relations entre le chanteur et les jeunes femmes étaient démontrées comme consenties. Une plainte a par ailleurs été récemment déposée contre lui auprès de la police de Dallas par une femme qui affirme qu'il l'a sexuellement agressée alors qu'ils avaient eu une liaison quelques mois durant, selon le magazine Rolling Stone.