Le jeune chanteur anglais a décroché dimanche le Grammy Award de l’album de l’année pour son séduisant "Harry’s House".Une récompense prestigieuse qui lui permet de rejoindre les plus grandes légendes de la musique.Longtemps en quête de légitimité, l’ex-membre de One Direction est devenu LA pop star ultime de sa génération.
Souvenez-vous l’été dernier… En présentant Harry Styles comme "le nouveau roi de la pop", le magazine Rolling Stone avait déclenché la fureur des fans de feu Michael Jackson. Dimanche soir, un peu à la surprise générale, le chanteur anglais a décroché le Grammy Award de l’album de l’année pour "Harry’s House", son troisième opus, 39 ans après un certain… Thriller de Michael Jackson. Savoureux, non ?
En triomphant devant Beyoncé, Adele, Lizzo, Coldplay, Kendrick Lamar ou encore les vétérans d’ABBA, le jeune homme, qui vient de fêter ses 29 ans, s’est également offert une première historique. Jamais l’ancien membre d’un boysband n’avait triomphé dans la catégorie reine. Manière de reconnaître une bonne fois pour toute son vrai talent de chanteur et de musicien, là où ses détracteurs l’ont longtemps résumé à sa belle gueule.
Tout a commencé par une audition... ratée
Harry Edward Styles, si vous avez manqué le début, c’est ce gamin de 16 ans, fils de parents divorcés, qui débarque en 2010 aux auditions du télécrochet "X-Factor", la bouche en cœur. À l’époque, il gagne son argent de poche en travaillant le dimanche dans la boulangerie d'Holmes Chapel, dans le Worceshire, "un coin où il n’y a pas grand-chose à faire". Mignon.
"Ma maman m’a toujours dit que je chantais bien, mais je voudrais avoir l’avis de gens qui s’y connaissent", explique-t-il ensuite au jury avant d’entonner "Hey, Soul Sister", du groupe de rock Train. En décalage avec la musique, le gamin se voit déjà regagner ses pénates lorsque le producteur Simon Cowell l’interrompt… puis réclame d’entendre sa voix a capella.
Harry interprète alors "Isn’t She Lovely" de Stevie Wonder et se montre bien plus convaincant même si le manager Louis Walsh le trouve encore un peu tendre. Nicole Scherzinger des Pussycat Dolls et Simon Cowell en décideront autrement en lui offrant son ticket pour la suite du concours. Mais là encore, son destin n’est pas tout tracé.
Éliminé en cours de route, il est repêché avec quatre autres garçons, Liam Payne, Niall Horan, Zayn Malik et Louis Tomlison, que la production va réunir au sein d’un groupe qui atteindra la troisième place du programme. C’est la naissance de One Direction, une formation qui s’inscrit dans la bonne vieille tradition des boysbands dont les jeunes Anglaises raffolent.
Une pop star qui casse les codes
Unis comme les doigts de la main, les "1D" vont vendre plus de 70 millions d’albums et multiplier les tournées partout dans le monde. Charismatique et sensible, Harry se distingue vite de ses camarades. Mais lorsqu’il décide de se lancer en solo, en 2016, rien ne dit qu’il sera capable de s’installer dans la durée, à l’image de l’ex-Take That Robbie Williams.
Au printemps 2017, le single "Sign of The Times" crée la surprise. Avec ses sonorités à la Bowie période "Life on Mars" et son fabuleux clip en apesanteur, ce morceau de grande classe donne le sentiment que le Royaume-Uni tient son nouveau champion des charts, trait d’union entre le classic rock d’autrefois et la pop contemporaine.
Si Harry Styles sort du lot, c’est parce qu’il a du flair. Et aussi parce qu’il refuse les étiquettes, aussi bien dans ses choix musicaux que dans son image publique. Tantôt gentleman farmer, tantôt androgyne, à la fois homme à femmes et défenseur de la communauté LGBTQ+... On a beau lui reprocher de faire du "queer baiting" lorsqu’il pose en robe à la Une de Vogue, ses choix semblent toujours guidés par une sincérité désarmante. Le phénomène est tel que depuis peu, l’Université du Texas consacre un cours à son impact sur la pop culture.
Sorti le 1er avril 2022, l’album Harry’s House n’a jamais quitté les sommets des charts depuis et s’est écoulé à près de 4 millions d’exemplaires. Conçu durant la pandémie, son titre symbolise une période d’introspection au cours de laquelle le prodige s’est penché sur son ascension éclair. Le résultat ? Des pop songs à la fois festives et intimistes à l’image du méga-tube "As It Was" dont les synthés ensoleillés contrastent avec les paroles mélancoliques, écrites durant une période de déprime.
Dimanche soir, Harry Styles a dissimulé son visage entre ses mains à l’annonce de son nom. Une émotion décuplée par l’identité de la personne venue lui remettre son trophée puisqu’il s’agissait de sa grand-mère Reina. "Hormis le fait qu’il est beau gosse, j’aime tout chez lui", avait déclaré un peu plus tôt la septuagénaire, qui avait pris l’avion spécialement depuis l'Angleterre. "Il a l’apparence, les chansons et ce truc qui fait que les gens l’adorent. Si les Grammy font leur boulot, il gagnera." Bien vu, grandma !
D’ordinaire si à l’aise sur scène, Harry Styles a paru un brin déboussolé au moment de s'adresser au parterre de stars qui venait de l'applaudir. Après avoir salué ses rivaux d’un soir, "des gens que j’ai écouté à des moments de ma vie où j’étais tout seul", il a eu cette phrase touchante : "Ce genre de truc n’arrive pas souvent aux gens comme moi". Comme si l’espace d’un instant, il était redevenu le gamin d'Holmes Chapel, venu auditionner à "X-Factor" des étoiles plein les yeux.
La suite ? Pourquoi pas un nouveau rôle au cinéma. Après avoir débuté à l'écran en 2017 dans Dunkerque de Christopher Nolan, Harry a fait des apparitions mitigés dans le Marvel Les Eternels et Don't Worry Darling, sous la direction de son ex-compagne Olivia Wilde. La critique s'est montrée bien plus élogieuse vis-à-vis de sa performance dans la romance gay My Policeman, disponible sur Prime Vidéo. Qu'on lui laisse un peu de temps, et il invitera sa mamie aux Oscars.
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